Hauts-de-Seine : dans sa lettre de suicide, le gendarme accuse son supérieur
Les lettres d'adieu du major José Tesan sont saisissantes. Par le soin qu'il a apporté à mettre fin à ses jours en impactant le moins possible ses collègues, et par la dénonciation non équivoque de son supérieur comme le responsable de son acte, présenté comme un moyen d'attirer l'attention sur la gravité de la situation au sein de la section SIC de la gendarmerie des transports aériens.
"Ces deux dernières années ont été les pires de ma vie de gendarme. (...) Je n'arrive plus à supporter ce climat qui règne au boulot. (...) La seule solution que j'ai trouvée pour tenter de faire bouger les choses c'est de partir définitivement. (...) Jamais je n'aurais pensé finir ainsi", a-t-il écrit le 18 septembre dernier peu avant de mettre fin à ses jours sur son lieu de travail, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).
Si celui qu'il considère comme responsable de son acte n'est pas nommément désigné, il est clairement identifiable pour les collègues et la hiérarchie de José Tesan. Les critiques qu'il fait de lui sont très sévères: "Nous avions besoin d'un chef et nous avons obtenu un tyran imbu de lui-même, colérique, méprisant avec tous, incapable d'humilité et d'humanité qui ne respecte ni les vivants, ni les morts (...) Comment un tel personnage a pu être mis dans la position de manager des hommes".
Voir: Ille-de-Vilaine - un policier met fin à ses jours avec son arme de service
Dans ces lettres dévoilées par Profession gendarme, il insiste sur le fait que son geste est avant tout destiné à alerter sa hiérarchie sur les agissements de son supérieur et les conditions de travail. Il explique avoir choisi la solution la plus extrême plutôt que la démission car: "Je n'arrive pas à me résoudre à le (son supérieur, NDLR) laisser continuer à faire ce que je considère comme du mal".
Le contenu d'une première lettre semble aussi montrer l'attachement du militaire à son travail et son respect de ses collègues. Il commence en effet par lister à son binôme l'ensemble des tâches qu'il laisse en suspens. Il explique également avoir choisi de se suicider dans la salle des coffres car c'était à son sens "le moins perturbant pour la suite, et je vais faire en sorte de ne pas trop salir".
La direction de la gendarmerie prend cependant le contenu de ces lettres avec précaution. Il conviendra en effet d'établir l'état psychique du major José Tesan, et si d'autres éléments de sa vie privée ont pu entrer en compte et pourquoi il n'a pas saisi sa hiérarchie ou ses représentants du personnel. L'IGPN est en charge de l'enquête.
Le taux de suicide chez les policiers et gendarmes est préoccupant depuis des années. Et 2017 a été une année particulièrement noire avec au moins 65 membres des forces de l'ordre qui ont mis fin à leurs jours.
Les policiers sont plus touchés par ces drames avec 49 victimes sur les 65. Une différence qui reste nette même en tenant compte des d'effectifs (quelque 140.000 policiers nationaux et 20.000 municipaux contre moins de 100.000 gendarmes). Dans 50% des cas, l’acte est commis avec l’arme de service.
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