Il porte plainte pour viol et est arrêté pour homosexualité

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La rédaction de France-Soir
Publié le 11 février 2019 - 13:47
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Un Tunisien de 22 ans risque trois ans de prison pour homosexualité. Il aurait été violé par plusieurs hommes.
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Un Tunisien de 22 ans comparaît ce lundi 11 devant un tribunal correctionnel pour homosexualité, encore considéré comme un délit dans son pays. Il affirme avoir été violé par plusieurs hommes, mais les autorités se seraient avant tout concentrées sur ses pratiques sexuelles plutôt que sur la recherche des agresseurs.

Il risque trois ans de prison pour avoir porté plainte pour viol. Un Tunisien de 22 ans, A.F, comparaît ce lundi devant la justice de son pays pour avoir eu des relations sexuelles avec d'autres hommes.

En janvier dernier, celui qui se retrouve désormais sur le banc des accusés était venu déposer plainte pour un viol en réunion au commissariat de Sfax, dans le sud de la Tunisie. Selon plusieurs sources, il aurait expliqué avoir rencontré des hommes en ligne mais être tombé dans un piège, battu, violé et dépouillé.

Mais en déposant plainte, A.F s'est exposé à trois ans de prison. L'homosexualité est en effet toujours pénalement réprimée en Tunisie. En principe, cette loi concerne uniquement les relations consenties et pas les viols. Mais en expliquant les conditions dans lesquelles il a rencontré ses agresseurs, le jeune homme aurait de fait "reconnu" son homosexualité. Il semble que la justice tunisienne se soit alors davantage souciée de cette infraction que d'un viol en réunion.

Voir: Au Maroc, s'habiller en femme peut faire basculer la vie d'un homme

"Au lieu de traiter A.F. comme une victime nécessitant un soutien, la police l’a arrêté et soumis à un examen anal forcé dans un hôpital local. Ces «examens» sans la moindre base scientifique et invasifs, pendant lesquels des médecins pénètrent une victime à l’aide d’un doigt ou d’un objet pour déterminer si elle a eu des relations sexuelles par voie anale, constituent une violation du droit international et peuvent être traumatisants pour quiconque les subit, d’autant plus si la personne concernée a été victime d’un viol", dénonce Human Right watch qui lutte aux côtés d'autres associations pour l'abolition de l'article 230 du code pénal tunisien qui condamne l'homosexualité.

Les ONG dénoncent également les atteintes au respect de la vie privée, perquisitions sans mandat, pressions et autres fouilles illégales destinées à démontrer l'homosexualité d'une personne.

Selon l'enquête mondiale sur le droit à l'orientation sexuelle de l'Association internationale des personnes lesbiennes gays bisexuelles trans et intersexes (Ilga), l'homosexualité était en juin 2017 toujours condamné dans 71 pays et les condamnés risquaient la mort dans huit d'entre eux. Depuis, l'Inde a mis fin à cette législation.

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