Incitation au terrorisme sur l'application Telegram : un homme de 29 ans condamné à deux ans de prison ferme
Le prévenu a assuré devant le tribunal correctionnel de Paris qu'en réalité il plaisantait et se moquait de ses correspondants radicalisés en se faisant passer pour l'un des leurs. Son avocat, Me Martin Méchin, a estimé que cette peine "d'une sévérité qui se veut exemplaire" est "inadaptée". Son client ne présente "aucune dangerosité", a-t-il assuré.
Le prévenu, prénommé Youssef, a expliqué avoir été contacté via Facebook par des correspondants "plus ou moins radicalisés" qui lui parlaient de religion et l'ont invité à échanger avec eux sur la messagerie cryptée Telegram.
C'est ainsi qu'au fil de ses échanges par ce biais, l'accusation lui reproche d'avoir incité un jeune homme à se rendre en Syrie, et un autre à commettre un attentat. Le prévenu, dont les centres d'intérêt tournent autour de la boxe, du foot et des filles, a expliqué qu'auprès de ces correspondants, il jouait "un rôle" mais se moquait d'eux.
"Si tu passes à l'action demain, tu seras des nôtres", écrivait-il notamment à l'un de ses correspondants, qui s'avère souffrir de problèmes psychologiques. Environ une heure et demie plus tard, il lui avait proposé de lui vendre une bombe nucléaire, qu'ils devaient se retrouver au commissariat pour que ce soit "plus sûr".
Youssef avait aussi suggéré à son interlocuteur de passer à l'acte "le 31 février", a-t-il expliqué, pour tenter de convaincre le tribunal. Mais comment être sûr que son correspondant, à la personnalité fragile, ne passe pas à l'acte, lui ont objecté les juges.
Cet homme avait lui aussi été interpellé, mais n'a pas été poursuivi à ce stade, aucun projet précis n'ayant été mis en évidence. Pour son avocat, un tel jeu, "c'est bête, c'est méchant, c'est dangereux", "il avait trouvé ses cons et il a joué", a-t-il plaidé, décrivant son client comme "un grand gamin immature".
Il a plaidé la relaxe, et s'en est pris à la peine "disproportionnée" requise par le parquet (quatre ans de prison dont 18 mois avec sursis). Il ne fréquente pas de musulmans radicaux et ne va pas à la mosquée, a souligné Me Méchin. Il faisait l'objet d'une fiche S, mais aucun élément du dossier n'indique pour quelle raison.
Il a également été condamné pour consultation habituelle de sites internet faisant l'apologie ou incitant au terrorisme, un nouveau délit intégré au code pénal en juillet. Lui est notamment reproché de s'être abonné à la chaîne Telegram de l'Etat islamique et d'avoir téléchargé des vidéos de propagande. Il s'est défendu en expliquant que leur téléchargement se faisait automatiquement.
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