Jacqueline Sauvage condamnée à 10 ans de prison pour avoir tué son mari violent
L'enfer qu'avait subi la victime ne lui donnait pas le droit de tuer son bourreau, ont considéré le jury et les juges. Jacqueline Sauvage a été condamnée, jeudi 3, à 10 ans de prison à l'issue de son procès en appel, pour avoir abattu son mari, violent pendant des années à son égard et celui de ses enfants. La Cour d'appel de Blois (Loir-et-Cher) a ainsi confirmé le jugement rendu en première instance en 2014, conformément aux réquisitions de l'avocat général Frédéric Chevallier.
Dès le premier procès l'affaire avait éveillé les passions en raison du traitement qu'avait infligé durant des années la victime à sa femme et ses enfants. Il battait et violait régulièrement Jacqueline Sauvage, totalement "sous son emprise" et "devenue sa chose", selon les mots d'une des avocates de la défense, Me Janine Bonaggiunta. L'accusée n'avait pas dénoncé ces violences.
Un sort également réservé à ses trois filles qui ont témoigné à charge contre leur défunt père lors du procès. L'une d'elle a déclaré à la barre: "notre père est décédé et pour moi, c'est un soulagement". La veille du meurtre, le fils du couple, lui aussi victime de violences, s'était suicidé. Jacqueline Sauvage venait quant-à elle de recevoir un coup qui l'avait conduite à trois jours d'ITT (incapacité temporaire de travail).
Le 10 septembre 2012, Jacqueline Sauvage alors âgée de 64 ans avait abattu son mari de trois coups de fusil dans le dos à leur domicile de Montargis (Loiret). "La légitime défense n'est absolument pas soutenable", a relevé l'avocat général, rappelant les conditions de celle-ci: "aux violences de son mari, elle aurait dû répondre par un acte proportionné, immédiat et nécessaire". Le magistrat a ajouté que la peine qui devait être infligée ne devait pas être assimilée à un "permis de tuer".
L'autre avocate de la défense, Me Nathalie Tomasini, a demandé aux jurés de prononcer la relaxe de sa cliente "fracassée pendant 47 ans" et de "repousser les limites de la légitime défense appliquée aux situations de violences conjugales". Elle a notamment mis en avant les menaces de mort que la victime proférait régulièrement. Mais l'emprise et les violences de la victime sur sa femme et ses enfants n'ont pas suffit pour le jury et les juges à justifier que l'accusée abatte son mari alors qu'il était assis dans le jardin.
A la suite de la première condamnation de Jacqueline Sauvage en 2014, une pétition avait été lancée pour demander "un jugement humain en appel", récoltant près de 45.000 signatures.
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