Jacqueline Sauvage : François Hollande ne ferme pas la porte à une grâce présidentielle
Un comité de soutien, des appels d'associations féministes et de personnalités politiques: François Hollande a "bien entendu" la mobilisation autour de Jacqueline Sauvage pour une grâce présidentielle, droit auquel il n'est toutefois pas favorable, par principe. "Il y a une procédure, il faut suivre la procédure. Il faut des circonstances exceptionnelles", mais le chef de l'Etat "a bien entendu la mobilisation", a déclaré ce mardi 26 janvier l'entourage du président, interpellé de toutes parts depuis plusieurs jours.
La grâce présidentielle, permise par l'article 17 de la Constitution et qui doit être contresignée par le garde des Sceaux, s'apparente à une suppression ou à une réduction de la peine, et non à une amnistie, la condamnation restant inscrite au casier judiciaire. "Libérez Jacqueline": le slogan se propage depuis le 3 décembre et la condamnation, confirmée en appel par la cour d'assises de Loir-et-Cher, à 10 ans de réclusion de cette mère de famille, coupable d'avoir tué son mari de trois coups de fusil dans le dos en 2012, après 47 ans d'enfer conjugal.
Au lendemain du verdict, l'association Osez le féminisme avait dénoncé un "déni de justice", appelant "à l'élargissement de la présomption de légitime défense aux femmes victimes de violences". Depuis, plusieurs personnalités, notamment politiques, se sont ralliées à la demande de grâce présidentielle déposée par les trois filles de Jacqueline Sauvage fin 2015. "Monsieur le Président, notre mère a souffert tout au long de sa vie de couple, victime de l’emprise de notre père, homme violent, tyrannique, pervers et incestueux", avaient écrit Sylvie, Carole et Fabienne, victimes des coups et abus sexuels de leur père, tué par leur mère au lendemain du suicide de leur frère en 2012...
Mardi, la présidente du Conseil régional d'Ile-de-France, Valérie Pécresse (Les Républicains), s'est ainsi émue dans un tweet des "abominables sévices" subis par la condamnée, emboitant le pas au président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, auteur d'une lettre dans laquelle il sollicite "l'intervention" de François Hollande "pour rétablir la justice".
La maire PS de Paris Anne Hidalgo, l'ex-eurodéputé et leader écologiste Daniel Cohn-Bendit, le dirigeant du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon, l'actrice Anny Duperey ou encore la productrice Fabienne Servan-Schreiber ont de leur côté rejoint un comité de soutien réclamant également la "libération immédiate" de Jacqueline Sauvage, pour qui une centaine de personnes ont manifesté samedi à Paris.
"Elle était frappée sans cesse, elle était violée, les gamins étaient violés, elle n'a pas réussi à porter plainte parce qu’elle n’était pas aidée", avait dénoncé Suzie Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes. "Certes elle a tué", a lancé Anny Duperey, également présente. "Il ne s’agit pas d'(obtenir, NDLR) un acquittement, il s’agit, au regard de ce qu’elle a souffert, d’en prendre compte et de se dire que c’est complètement injuste de l’enfermer dix ans en plus après tout ça".
Une pétition lancée sur le site change.org récoltait elle 353.600 signatures mardi après-midi. Pour le président, le message est bien reçu. Mais pas sûr qu'il tranche en faveur d'une remise de peine. François Hollande n'est pas favorable à la grâce présidentielle, qu'il n'a exercée "qu'une fois en permettant une libération conditionnelle sans éteindre la peine", rappelle-t-on ainsi à l'Elysée. Ce droit régalien des anciens rois de France avait alors profité au plus ancien détenu de l'Hexagone, Philippe El Shennawy, libéré en janvier 2014. Pendant la campagne de 2012, François Hollande avait pris ses distances avec le principe même de la grâce présidentielle qui, avait-il dit, "rappelle quand même une autre conception du pouvoir".
De son côté, Me Nathalie Tomasini, une des deux avocates de Jacqueline Sauvage, a indiqué lundi se préparer à demander dans les prochaines semaines un aménagement de peine devant le tribunal d'application des peines à Orléans. En jeu, "un relèvement de sûreté" permettant de dispenser sa cliente de purger au moins la moitié de sa peine. La mobilisation de l'opinion pourra "aider" à fléchir les juges en faveur de sa cliente, espère l'avocate, sans quoi "Jacqueline Sauvage ne pourrait pas sortir de prison avant juin 2018".
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