JO 2024 de Paris : le Comité d’organisation et des agences d’événementiel de nouveau perquisitionnés, soupçons de favoritisme dans l’attribution de marchés

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France-Soir
Publié le 20 octobre 2023 - 13:09
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Estanguet Oudéa
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Bertrand Guay / AFP
Tony Estanguet (ici avec Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports). Le président du COJO s'est montré ferme envers les entreprises de BTP sous contrat dans le cadre des Jeux. Et au sein de son Comité ?
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FAITS DIVERS - A moins de 300 jours de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, les enquêtes judiciaires s’accumulent autour de son Comité d’organisation. De nouvelles perquisitions ont eu lieu mercredi 18 octobre 2023 au siège du Comité ainsi que dans plusieurs agences d’événementiel. A l’image des deux premières enquêtes, déjà ouvertes, c’est la procédure d’attribution des marchés qui fait l’objet de soupçons de la part du parquet national financier (PNF). Le Cojo et ses sous-traitants sont cette fois-ci soupçonnés de “prise illégale d'intérêt”, de “favoritisme” et de “recel”. Cette perquisition intervient au lendemain de la grève de travailleurs sans papiers, qui ont bloqué certains chantiers des JO.

L’information, dévoilée par plusieurs médias, a été confirmée par le comité : "Paris 2024 confirme que le PNF s'est présenté à son siège mercredi 18 octobre”. Les agences d’événementiel ayant obtenu des marchés ont également été perquisitionnées. Il s’agit des sociétés Double 2, Ubi Bene, Obo et Paname 24, qui ont reçu la visite des enquêteurs de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF).

Une vingtaine de contrats “potentiellement litigieux”

Paname 24 semble particulièrement susciter l’attention des enquêteurs car la société est “née de l’association de cinq des plus grandes agences de production événementielle française”. Il s’agit d’Auditoire, Havas Events, Ubi Bene, Obo et Double 2. L’agence se présente comme “le dépositaire de la production exécutive” des cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques, respectivement prévus les 26 juillet et 28 août 2024. D’ailleurs, le directeur exécutif des cérémonies au sein du Cojo, Thierry Reboul, dirigeait Ubi Bene, l’une des composantes de Paname 24. En 2022, il avait affirmé avoir vendu ses parts, ne “pouvant pas dire non à une meilleure aventure, celle des jeux de Paris”.

Ces opérations du PNF et de l’OCLCIFF sont intervenues dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte après les perquisitions du 20 juin 2023. Le parquet financier soupçonne une prise illégale d'intérêt, du favoritisme et du recel lors de procédures liées à plusieurs marchés en relation avec les JO 2024. Selon plusieurs médias citant des sources judiciaires, “aucune garde à vue n’a eu lieu”. Le comité d'organisation a de son côté exprimé sa disponibilité à fournir “l’ensemble des informations” demandées par le PNF. “Paris 2024 collabore pleinement à l'enquête comme il l'a toujours fait”, lit-on.

Le nombre d’enquêtes ouvertes pour des soupçons d’irrégularités dans l’attribution des marchés liés à Paris 2024 est de trois désormais. Les deux premières instructions de 2017 et 2022 portent sur des soupçons de favoritisme et de détournements de fonds publics lors de l'attribution de marchés par le Cojo et la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques), un EPIC (établissement public de caractère industriel et commercial) responsable de la construction des ouvrages olympiques pour 2024.

Une vingtaine de contrats potentiellement litigieux sont au coeur de ces deux premières instructions. Le PNF enquête également sur des accusations de favoritisme visant le directeur général délégué du comité d’organisation des JO, Michaël Aloïsio, suite à une plainte d’un ex-salarié, Sébastien Chesbeuf. Ce dernier a dénoncé en août dernier du favoritisme et du trafic d’influence dans l’attribution d’un marché public avec la région Paca (Provence-Alpes-Côte d'Azur). Il travaillait comme consultant auprès de la société événementielle de marketing sportif Keneo lorsque la région a lancé un appel d’offres pour constituer son dossier de pré-candidature aux JO d’hiver de 2030. Michaël Aloïsio a influencé, selon le plaignant, la décision du président de la région, en défaveur de Keneo.

Loin d’être un long fleuve tranquille

Bien avant la plainte visant ce haut responsable du Cojo, deux rapports de l'Agence française anticorruption portant sur l'organisation des Jeux de Paris ont pointé en avril 2021 des “risques d'atteintes à la probité” et de “conflits d'intérêts”. La procédure générale relative aux achats était “imprécise et incomplète”, selon les inspecteurs de l’agence.

En septembre, avant ces nouvelles perquisitions, le procureur financier de la République, Jean-François Bohnert, avait affirmé que l’instruction n’avait pas révélé à ce stade “de faits gravissimes de corruption ou de trafic d'influence”. Le PNF tentait de “démêler la façon dont certains contrats ont été distribués”.

L’organisation des JO de Paris est loin d’être un long fleuve tranquille pour le Cojo. Cette troisième série de perquisitions intervient au lendemain de la grève de travailleurs sans-papiers, qui ont bloqué des chantiers des Jeux comme celui de l’Adidas Arena dans le quartier de la Chapelle.

En juin déjà, dix travailleurs sans-papiers ont assigné Vinci, Eiffage, Spie Batignolles et GCC, à la tête des chantiers des Jeux, devant les prud'hommes. "Plus de 5 000 ouvriers ont travaillé sur ces chantiers avec 700 contrôles de l'inspection du travail", s’était justifié Tony Estanguet, président du Cojo. Mais "certaines entreprises sont peut-être moins scrupuleuses et ont des pratiques qui ne respectent pas la loi. Quand c'est le cas, on corrige, on sanctionne", avait-il affirmé.

Outre les instructions du PNF et l’emploi de travailleurs sans-papiers par les compagnies de BTP sous-traitantes, le Comité doit également réagir après l’annulation, durant l’été, de plusieurs épreuves tests prévues dans la Seine. Prévu pour accueillir des épreuves de nage en eau libre, le fleuve sera, devrait être, dans moins d’un an, le théâtre de la cérémonie d'ouverture. Tony Estanguet affirme que le Cojo n’envisage pas d’élaborer un plan B.

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