"Jungle" de Calais : nouveau défilé d'Iraniens à la bouche cousue

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 05 mars 2016 - 11:48
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Des migrants se sont cousus la bouche pour protester contre le démantèlement de la jungle de Calais.
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©Philippe Huguen/AFP
La moitié des 18 hectares de la "Jungle" de Calais doit être démantelée.
©Philippe Huguen/AFP
L'évacuation d'une partie de la "Jungle" de Calais s'est poursuivie vendredi, de même que les manifestations de migrants opposés à cette mesure. Encore une fois, un groupe d'Iraniens s'est cousu les lèvres en signe de protestation.

Pour le troisième jour consécutif, un groupe d'Iraniens est apparu en public la bouche cousue pour protester contre le sort des migrants, vendredi dans la moitié sud de la "Jungle" de Calais, dont l'évacuation a achevé sa première semaine, avant la pause du week-end. Les jours précédents, certains de leurs compatriotes avaient déjà manifesté de la même manière. Ils étaient entre deux et huit selon les sources mercredi et neuf jeudi.

En silence et le visage souvent couverts par un bonnet transformé en cagoule, les Iraniens se sont rendus au théâtre de la "Jungle", où de nombreux migrants et journalistes étaient présents, avant de s'arrêter devant les forces de l'ordre, non loin des pelleteuses qui poursuivaient le démantèlement de la partie sud du bidonville pour la cinquième journée consécutive.

Certains ont défilé avec des pancartes sur lesquelles était écrit en français: "Allez-vous nous entendre maintenant ?" Sur un baraquement voisin, une inscription prévient, en anglais: "Nous sommes en grève de la faim. Nous avons besoin de repos. Merci de le respecter".

"C'est bien ce qu'ils font. Tout le monde se fout de ce qui se passe ici, dans la +Jungle+, que des êtres humains vivent comme des animaux. Ils attirent l'attention", a déclaré Asilyar, un jeune Afghan de 22 ans originaire de Kunduz, arrivé il y a quatre mois dans la "Jungle" et qui dit avoir tenté une cinquantaine de fois de rejoindre l'Angleterre.

Dans la matinée, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait, sur BFM, fait part de son "sentiment d'immense compassion et de tristesse" assurant que "la volonté du gouvernement à Calais est de régler ce problème en faisant en sorte que chaque personne (...) en situation de vulnérabilité trouve une solution d'hébergement".

A l'inverse, Maya Konforti, de l'Auberge des migrants, a estimé que ces Iraniens étaient "très courageux de faire ça". "Je les admire", a-t-elle dit. Pendant ce temps, l'opération d'évacuation se poursuivait.

Le chiffrage exact est délicat compte-tenu de la nature du terrain et de la progression non linéaire des travaux, mais, selon la préfecture du Pas-de-Calais, un peu plus d'un quart de la surface concernée était évacuée vendredi matin, soit "un peu plus de deux hectares" sur 7,5 ha. L'ensemble du camp atteint 18 hectares.

La préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, avait estimé que ces opérations pouvaient durer "un mois, peut-être plus". "L'idée n'est pas de précipiter les choses. On prendra le temps qu'il faut. Il y a des zones plus faciles que d'autres, certaines plus denses... Il faut agir de manière très pragmatique et très humaine, toujours dans le respect des personnes et en leur laissant le temps nécessaire", a réaffirmé vendredi M. Berton.

Les autorités ont gardé le même dispositif: depuis lundi, près de 250 abris de fortune ont été retirés et les maraudes sociales tentant de convaincre les migrants de rejoindre le centre d'accueil provisoire (conteneurs chauffés) et ses 200 places restantes, les tentes de la sécurité civile (200 aussi), ou l'un des 102 centres d’accueil et d'orientation (CAO) disséminés en France où quelque 1.000 places sont encore disponibles, solution adoptée par 137 migrants cette semaine.

Le tout sous haute protection policière: "Closed ! Kaputt ! Destruction !", disaient ainsi des policiers à des migrants qui tentaient de passer le cordon policier pour rejoindre des baraquements de fortune devant être détruits vendredi, alors que trois pelleteuses s'activaient dans la boue, mais sous le soleil, à défricher d'énormes parcelles.

L'épisode des Iraniens mis à part, ces opérations se sont déroulés dans le calme, a constaté l'AFP, loin des heurts de lundi entre CRS et migrants. Il y a juste eu un départ de feu vendredi après-midi, rapidement maîtrisé.

"Les réfugiés sont fatigués. On voit qu'ils ne sont pas dans la violence puisqu'ils ne se battent pas contre la police. (...) J'alterne entre la rage et le désespoir, c'est la machine de guerre qui avance pas à pas", a affirmé Maya Konforti.

 

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