La prolifération des drones représente un danger pour l'aviation
La prolifération dans le ciel de drones commerciaux ou de loisirs pose une véritable menace pour la sécurité des avions de ligne, comme l'illustre le grave incident qui s'est produit récemment à Roissy avec un Airbus d'Air France. Que se passerait-il en cas de collision? Quelles sont les règlementations existantes? Quelles sont les circonstances de cet incident qualifié de "grave" par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA)?
Le 19 février, un Airbus A320 d'Air France assurant la liaison Barcelone-Paris a croisé un drone à 1.600 m d'altitude à l'approche de l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle. Lorsqu'il a aperçu le drone, le copilote de l'avion qui volait alors à plus de 400 km/h a déconnecté le pilote automatique et effectué une manœuvre d'évitement. Le drone est passé à environ cinq mètres en dessous de l'aile gauche de l'avion.
Dans quelle situation un drone devient-il une menace pour un avion?
Pour l'Association internationale du transport aérien (IATA), les drones volant à basse altitude près des aéroports représentent une menace pour les avions qui décollent ou atterrissent et sont la principale préoccupation de l'organisation. L'interférence des fréquences radio utilisées pour contrôler les drones avec les systèmes de contrôle aérien peut également poser problème.
Les pilotes et les avions sont-ils préparés à de tels incidents?
Les moyens à bord ne permettent pas d'identifier les drones, selon un professionnel qui préfère rester anonyme : les avions sont équipés de systèmes anticollision mais les deux appareils qui se croisent doivent en disposer. Dans le cas d'une rencontre dans l'espace aérien avec un drone, seule la vigilance humaine peut donc permettre de détecter l'engin. Les constructeurs ont en revanche pris des mesures préventives -résistance des carlingues et tests des réacteurs- face à la fréquence plutôt élevée des collisions en vol entre aéronefs et oiseaux. Dans le cas où un drone heurterait ou serait aspiré par un réacteur, le principal risque viendrait de la batterie au lithium (un matériau très inflammable) de l'engin. Mais "un avion est capable de voler avec un seul réacteur, cela fait partie des règles de certification", souligne le professionnel.
Quelle sont les règles existantes?
Seuls 63 des 191 pays membres de l'Organisation civile de l'aviation internationale (OACI) ont adopté pour le moment des réglementations sur les drones. Neuf pays sont en train d'en élaborer, tandis que cinq Etats ont interdit l'utilisation des drones. Le directeur général de l'IATA, Tony Tyler, a regretté récemment le manque "de cohérence entre ces règlementations". "C'est une urgence compte tenu du développement rapide de cette industrie", a-t-il souligné au cours d'une conférence mi-février à Singapour. En France, un arrêté publié en décembre a réglementé l'utilisation de l'espace aérien des "aéronefs qui circulent sans personne à bord", autrement dit des drones. Ils ne sont pas autorisés à voler à proximité des aéroports ni à survoler des zones habitées et sont limités à un plafond de 150 mètres à portée de vue de leur opérateur, sauf exception.
Dispose-t-on de données chiffrées sur le nombre d'incidents?
En France, les rapports d'incidents se multiplient depuis 2014, selon le professionnel qui a requis l'anonymat. La plupart des cas sont relevés lors du décollage ou surtout de l'atterrissage. Aux Etats-Unis, le Centre d'étude des drones à l'université de Bard a enregistré 921 incidents impliquant des drones et des avions dans l'espace aérien américain, de décembre 2013 à septembre 2015. Trente-six de ces incidents étaient considérés comme "proches d'une collision". Dans 28 d'entre eux, les pilotes d'avions de ligne ont dû manoeuvrer pour éviter une collision.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.