Le petit Omrane, symbole des enfants victime de la guerre en Syrie

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 19 août 2016 - 19:50
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Omrane est un enfant syrien vivant à Alep.
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Ho / AMC / AFP
La photo du petit Omrane, sorti des décombres et blessé à la tête, a ému le monde entier. Comme lui, plus de 8 millions d'enfants syriens souffrent de la guerre.
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Sa photo a fait le tour du monde: le petit Omrane, syrien vivant à Alep, est devenu le "vrai visage de la guerre" en Syrie. Comme lui, plus de huit millions d'enfants vivent l'horreur du conflit.

La photo du petit Omrane, hagard et recouvert de sang, a bouleversé le monde mais dans la Syrie en guerre, des milliers d'autres enfants sont traumatisés par les raids aériens, mutilés ou se préparent à mourir dans les villes assiégées. Le cliché de cet Alépin de quatre ans blessé dans un raid aérien, a été partagé par des millions d'internautes et a fait la une de la presse mondiale. Il est selon Washington le "vrai visage de la guerre" en Syrie, qui a fait plus 290.000 morts depuis mars 2011.

"Le cas d'Omrane n'est pas exceptionnel. Chaque jour, on soigne des dizaines d'enfants souffrant de blessures graves", confie Dr Abou al-Baraa, chirurgien pédiatrique dans la partie rebelle d'Alep, joint vendredi par téléphone. Sur une vidéo tournée par le réseau de militants du Aleppo Media Center (AMC), on voit le petit Omrane s'essuyer le front ensanglanté. Il regarde ensuite sa main, et d'un geste spontané et émouvant, il l'essuie sur son siège en se rendant compte qu'on le filme. D'après le médecin, "il existe des milliers d'histoires d'enfants amputés, blessés au ventre ou au cerveau" depuis le début de la guerre.

En 2012, le conflit a ravagé Alep, la deuxième ville de Syrie divisée entre secteurs gouvernementaux (ouest) et rebelles (est). Jeudi encore, dans un raid dans le quartier rebelle de Salhine "un enfant a été blessé à la poitrine et à la tête. Nous avons tenté en vain d'arrêter l'hémorragie", dit Dr Abou Baraa. Pour ce pédiatre, l'image choc d'Omrane, "ne changera rien". "Le monde regarde chaque jour des photos et des vidéos d'enfants qu'on dégage des décombres mais il ne fait rien".

Emus, des internautes se partagent une photo-montage montrant Omrane assis entre les présidents américain Barack Obama et russe Vladimir Poutine, pour souligner que les enfants de Syrie sont les victimes du jeu des puissances internationales impliquées dans le conflit. Et dans la caricature du Soudanais Khalid Albaih, l'image d'Omrane côtoie celle d'Aylan, trois ans, dont le corps sans vie échoué sur une plage avait ému le monde en 2015 et dont la photo est devenue emblématique du drame des réfugiés syriens. "Les choix réservés aux enfants de Syrie", titre le caricaturiste avec "Si vous restez" sous l'image d'Omrane et "Si vous partez" sous celle d'Aylan.

D'autres internautes et des partisans du président syrien Bachar al-Assad ont partagé des photos d'enfants blessés par les rebelles dans les quartiers gouvernementaux d'Alep, rappelant que des civils meurent et sont blessés également de ce côté. "Cette photo (d'Omrane) doit secouer les consciences du monde", a affirmé à l'AFP Juliette Touma, chef de la communication de l'Unicef pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord.

D'après un récent rapport de l'Unicef, un tiers des enfants syriens, à l'instar d'Omrane, n'ont connu que la guerre. Ils ont grandi dans un contexte de "violence, de peur et de déracinement". A Alep, véritable enjeu de la guerre qui connaît depuis fin juillet une flambée de violences entre rebelles et régime, "les enfants se retrouvent dans la ligne de mire car les bombardements visent ambulances, dispensaires, maisons, jardins d'enfants, hôpitaux et rues", a dit Mme Touma, précisant que 100.000 des 250.000 habitants d'Alep-est sont des enfants. La partie rebelle est bombardée par les avions du régime ou ceux de son allié russe. Mais la Russie a nié toute implication dans le raid ayant blessé l'enfant, soutenant ne jamais viser des "cibles dans des zones de peuplement". Au total, le conflit affecte 8,4 millions d'enfants syriens, soit plus de 80% d'entre eux, qu'ils soient en Syrie ou exilés, selon l'Unicef. "Il y a 6 millions d'enfants qui ont besoin d'une aide humanitaire urgente et la moitié des 600.000 personnes vivant sous siège, sont des enfants", d'après Mme Touma.

Dans ce contexte, 36 personnes, dont 17 enfants, ont été évacuées vendredi de la ville de Madaya, assiégée par le régime près de Damas, et des villages de Foua et Kafraya, encerclés par les rebelles dans le nord-est du pays, selon le Croissant rouge. Selon un médecin à Madaya, parmi les évacués figurent un garçon de 10 ans atteint de méningite, ainsi qu'une fillette d'un an et un garçon atteints de sepsis. La guerre a par ailleurs privé 2,8 millions enfants d'école en Syrie et dans les pays d’accueil, d'autres sont forcés de travailler, ou sont enrôlés par les différents belligérants. Pour les fillettes, beaucoup sont obligées de se marier à peine pubères.

 

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