Le prêtre qui avait dénoncé le silence de Barbarin écarté par les évêques
Il avait réclamé dans une pétition la démission du cardinal Barbarin, accusé d'avoir gardé le silence dans l'affaire des viols sur mineurs commis sur des scouts lyonnais par le père Preynat, montrant par la même occasion l'existence de dissonances au sein de l'Eglise de France sur la question de la pédophilie.
Aujourd'hui, le père Pierre Vignon explique payer son engagement. Il était en effet juge auprès de l’officialité interdiocésaine de Lyon, un tribunal ecclésiastique chargé de l’administration de la justice canonique dans une douzaine de diocèses français. Mais son mandat n'a pas été renouvelé après ses propos d'août dernier.
"C’est directement lié à la lettre ouverte que j’ai faite à Barbarin", a-t-il déclaré jeudi 1er. Selon lui, l'évèque de Valence dont-il dépend lui a signifié qu'il n'était "plus en position de cohérence en étant juge auprès de l’officialité, dans la mesure où le cardinal (Barbarin), de par ses fonctions, est le modérateur de celle-ci". Face à ce conflit d'intérêt, les évêques de la région -qui élisent depuis cette année les membres de l'officialité pour six ans- ont décidé de ne pas renouveler le mandat du père Vignon.
Voir: Affaire Barbarin - vers un procès en janvier mais en l'absence d'un prélat du Vatican
Dans sa lettre ouverte publiée fin août, il dénonçait notamment les "trois reculades" du cardinal Barbarin "pour la connaissance des faits criminels commis par Bernard Preynat", son "attentisme à prendre des décisions" ou le fait que celui-ci soit toujours prêtre. "Donner votre démission de cardinal et d’archevêque serait bien sûr une mort sociale, mais quelle assomption personnelle en retour? Vous seriez enfin à la hauteur de l’évènement", avait-il lancé.
Le Pape François avait jugé que demander au cardinal Barbarin de démissionner revenait à le juger avant son procès, qui pourrait avoir lieu en janvier 2019.
Les plaignants reprochent au Primat des Gaules de ne pas avoir dénoncé les agissements du père Preynat alors qu'il en avait été informé au milieu des années 2000, et de l'avoir laissé au contact d'enfants dans le diocèse de Lyon jusqu'en 2015.
Lire aussi: Ouverture du procès d'un prêtre pour pédophilie et d'un ancien évêque pour non dénonciation
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