Les 180 noms liés au trafiquant sexuel Jeffrey Epstein divulgués

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France-Soir
Publié le 05 janvier 2024 - 12:45
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US District Court for the Southern District of New York
En janvier 2023, Ghislaine Maxwell s’est dite convaincue que son ancien compagnon “a été assassiné”.
US District Court for the Southern District of New York

FAITS DIVERS - Elle était tant attendue. La liste de 180 noms liés au trafiquant sexuel Jeffrey Epstein a finalement été dévoilée mercredi 3 janvier 2024 par une juge du tribunal fédéral de Manhattan. Plusieurs noms célèbres, dont deux anciens présidents des États-Unis, figurent dans le document de 1 000 pages, qui liste les contacts, connaissances, proches, victimes ou complices présumés du financier américain, “suicidé” en prison en 2019. Cette révélation fait suite à une ordonnance du 18 décembre de la même juge, qui avait ordonné la divulgation de ces noms dans le cadre d’un procès intenté par une victime du couple Epstein contre Ghislaine Maxwell, ancienne compagne et complice d’Epstein.

Cette plainte pour diffamation a été déposée en 2015 suite aux déclarations publiques de Ghislaine Maxwell niant les allégations de Victoria Giuffre concernant l'exploitation sexuelle dont cette dernière a été victime.

La plainte a été réglée en 2017. Néanmoins, un journal américain, le Miami Herald, s’est tourné vers la justice civile pour demander l’accès au dossier. En réaction, la juge de Manhattan a ordonné la divulgation des 180 noms des personnes impliquées, constatant que certaines d’entre elles avaient accordé des entretiens à la presse et étaient devenues reconnaissables. Parmi ces noms, figurent aussi les complices de Jeffrey Epstein, des enquêteurs et des journalistes qui ont couvert l'affaire.

“Bill Clinton les aimait jeunes”...

Les 180 personnes concernées, qui étaient jusque-là cités par des numéros ou par le pseudonyme “Doe”, avaient, à partir du 18 décembre, 14 jours pour faire appel et éviter la divulgation de leurs identités. Néanmoins, certains noms sont restés protégés. Il s’agit de victimes mineures qui n'ont jamais parlé publiquement. Selon Fox News, un des noms de la liste a immédiatement demandé à ce que son identité ne soit pas divulguée, craignant des “préjudices physiques”.

Qui figure sur la liste ? Deux anciens présidents américains, déjà. Si Donald Trump (2017-2021), qui aurait mis fin en 2007 à sa relation avec Jeffrey Epstein, dont il “n’était pas fan”, est mentionné peu de fois comme une connaissance du trafiquant sexuel, Bill Clinton (1993-2001) est cité des dizaines de fois. Un compte-rendu d’une audience liée au procès de Giuffre contre Ghislaine Maxwell le décrit comme un ami proche du financier déchu.

C’est Johanna Sjoberg, une autre accusatrice de Jeffrey Epstein, auditionnée dans le cadre du procès pour diffamation contre Maxwell, qui évoque longuement Bill Clinton. Interrogée sur le fait de savoir si elle avait connaissance d’une quelconque amitié entre l’ancien président et le trafiquant sexuel, elle a déclaré que ces deux personnes “avaient des relations” (P207). Toutefois, elle révèle que Jeffrey Epstein lui a parlé de Bill Clinton “une fois”, disant que l’ancien président “les aimait jeunes, en référence aux filles”.

Le document déclassifié par la juge de Manhattan rappelle que Victoria Giuffre a déjà mentionné la relation de Bill Clinton avec le couple Epstein en 2011. D’ailleurs, le démenti de Ghislaine Maxwell à ce propos est l’une des raisons pour lesquelles la plainte pour diffamation a été déposée en 2015.

Il était d’ailleurs question que l’ancien chef de l’État américain témoigne dans cette affaire. La plaignante, qui admet n’avoir “fait aucune allégation d’actions illégales de la part de Bill Clinton”, affirme avoir passé du temps avec lui sur l'île de Little St. James, dans lesIles Vierges. Une déclaration qui contredit celle de Ghislaine Maxwell, selon qui Bill Clinton n’a jamais séjourné sur l’île. Il aurait, selon elle, juste voyagé et dîné à bord du “Lolita Express”.

Le prince Andrew (encore) accablé

L’autre personnalité évoquée n’est autre que le prince britannique Andrew, duc d’York. Victoria Giuffre a accusé en 2021 le prince de l’avoir agressée sexuellement en 2001, lorsqu’elle avait 17 ans. Andrew, tombé en disgrâce, a toujours nié ces accusations et a scellé en février 2022 un accord à l'amiable avec Giuffre contre des millions de dollars, ce qui lui a évité un procès au civil à New York.

La déposition de Johanna Sjoberg confirme les présences répétées du prince sur l’île d’Epstein ainsi qu’à bord du “Lolita Express”, contrairement à ce qu’affirme Ghislaine Maxwell, qui dit ne se souvenir que d’une visite, durant laquelle “il n’y avait pas de filles sur l’île”.

D’autres noms, inattendus, figurent dans la liste. Il s’agit, par exemple, de Michael Jackson, qui se serait rendu allé dans la demeure d'Epstein à Palm Beach, ou le magicien David Copperfield, qui a été invité à des dîners new-yorkais. Des noms comme Ehud Barak, ancien Premier ministre israélien, Cameron Diaz, Leonardo DiCaprio, Al Gore, le professeur de droit à Harvard Alan Dershowitz, le gouverneur du Nouveau Mexique, Bill Richardson, ont été cités par les juristes, qui voulaient savoir s’ils ont été aperçus par Johanna Sjoberg. Sa réponse est négative.

Ce n’est pas le cas de Jean-Luc Brunel. Cet ancien agent de mannequins français et proche de Jeffrey Epstein, et cité plus d’une cinquantaine de fois, a lui aussi été retrouvé mort dans sa cellule après avoir été incarcéré depuis fin 2020 à Paris pour plusieurs viols sur mineur.

Fox News a affirmé à la mi-décembre que des représentants républicains du Congrès font pression pour assigner à comparaître les personnes citées, cette fois-ci, dans les carnets de vol de l'avion privé “Lolita Express”. L’un de ces noms est le cofondateur de Microsoft et milliardaire, Bill Gates.

Ghislaine Maxwell et Jeffrey Epstein se sont rencontrés dans les années 1990 avant de devenir collaborateurs et complices de crimes sexuels durant près de 30 ans. Epstein, arrêté et incarcéré en juillet 2019 à New York, a été retrouvé pendu le 10 août de la même année dans sa cellule. Il encourait une peine pouvant aller jusqu’à 45 ans de prison. Il s’est suicidé par pendaison, selon le rapport d’autopsie d’un médecin légiste de New York.

Sa compagne, fille du richissime patron de presse britannique Robert Maxwell, a été condamnée en juin 2022 à 20 ans de réclusion. Elle a été reconnue coupable d'avoir aidé Jeffrey Epstein à attirer des jeunes filles mineures dans ses propriétés afin d'avoir des rapports sexuels avec elles. En janvier 2023, elle s’est dite convaincue que son ancien compagnon “a été assassiné”.

Un expert mandaté par le frère de Jeffrey Epstein conteste la thèse du suicide, suggérant que l'homme accusé d'agressions sexuelles aurait été en réalité tué en prison.

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