Liberté d’expression et gestion de la crise sanitaire : retour sur le procès opposant Damien Barraud et France-Soir

Auteur(s)
Lauriane Bernard, France-Soir
Publié le 22 novembre 2023 - 18:10
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palais de justice
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F.Froger / Z9
Ce ne sera certainement pas à la justice de dire qui du CHR de Metz-Thionville ou de l’IHU de Marseille a le mieux soigné pendant le Covid... 
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FAITS DIVERS - Le 13 novembre s’est tenu le procès en diffamation intenté par Damien Barraud contre France-Soir au tribunal judiciaire de Nancy. Au cœur du litige, la tribune du médecin résistant Covid-19 (diagnostic, traitements, vaccin) : panorama d’une escroquerie. A l’occasion de cette audience, le Dr. Barraud a rapidement abandonné le terrain du droit, pour mieux discréditer, souvent par l’injure, les médecins et scientifiques qui ont posé un regard différent du sien sur la gestion de la crise sanitaire.  

Le médecin réanimateur du CHR Metz-Thionville agit en diffamation contre une tribune d’opinion, dans laquelle son nom n’est mentionné que deux fois. Une tribune d’opinion est par nature plus subjective qu’un article de presse écrit par un journaliste. Les diverses plaidoiries ont avant tout servi de représailles contre France-Soir pour avoir osé donner la parole à certains scientifiques, surtout Didier Raoult et ses équipes de l’IHU de Marseille, que Damien Barraud a présenté comme des "charlatans". 

"Donner la parole n’est pas forcément donner raison", a rappelé Me Heringuez, qui représentait France-soir. Ce dernier a mis en avant la défense de la liberté d’expression de l’auteur qui a écrit ce texte sous pseudonyme. Evidemment, l’argument a été lourdement critiqué par le banc d’en face, qui n’a pourtant pas manqué d’abuser de la sienne, à la barre comme sur les réseaux sociaux.  

Notre conseil a versé au dossier plus d’une centaine de tweets insultants du Dr. Barraud. 

Ses tweets, remis au tribunal, sont résumés dans cette vidéo :

 
Xavier Azalbert, le directeur de la publication de France-Soir a également lu ses échanges de messages privés avec l’intéressé. En 2020, le médecin réanimateur du CHR Metz-Thionville avait refusé, avec le langage fleuri qu’on lui connaît, une proposition d’interview sur notre plateau.  

Interrogé à la barre par Me Heringuez qui lui a demandé s’il était en capacité de justifier de compétences en épidémiologie, le Dr. Barraud a répondu en qualifiant de "torchon" les conclusions écrites par son contradicteur. Quant à ses avocats, ils se sont permis d’insulter France-Soir de "blog complotiste sans journalistes" n'ayant jamais recherché le contradictoire. 

M. Barraud n’a jamais exigé un droit de réponse dans nos colonnes. Et, lorsque son avocat lui demande s’il a été contacté par notre journal, il répond : "Non, et de toute façon, je n’aurais pas répondu, je ne participe pas à ça."

En réalité, très vite, les avocats de M. Barraud ont réclamé la levée de l’anonymat de l’auteur de la tribune. "L’anonymat vous paraît-il compatible avec les propos violents ?", a demandé un des deux avocats. Ce à quoi Xavier Azalbert a répondu : "L'auteur a le droit de donner son point de vue. Il avait sa lecture de la crise, qui peut être contestée, mais il faut se souvenir que les médecins qui n’étaient pas d’accord avec M. Barraud étaient harcelés."

Car pour France-Soir, le rôle du médecin résistant, auteur de la tribune, a été celui d’un lanceur d’alerte dans des circonstances exceptionnelles de crise. Exposé à de possibles sanctions en guise de représailles, de la part de ses pairs, s’il osait critiquer la gestion de la crise à visage découvert, il n’a pas eu d’autre choix que de garder l’anonymat. D’ailleurs, Me Heringuez a rappelé : "Ceux qui sont en désaccord avec M. Barraud sont soit des charlatans, soit des désinformateurs criminels", et l’intéressé et ses conseils ne se sont pas privés d’en faire la démonstration. 

Le médecin réanimateur a accusé l’IHU-Méditerranée "de faire de la mauvaise science" tout au long d’un procès qui a soudain changé de nature. "En réalité, vous auriez aimé que ce procès se tienne entre deux médecins", a fait remarquer Xavier Azalbert à un des deux avocats de la partie adverse. Et pas n’importe quel médecin.  

A la seule évocation de l’hydroxychloroquine, le Dr. Barraud voit rouge. Et lorsque le président lui demande simplement ce qu’est une étude randomisée, il se vexe, en oubliant qu’il n’a ni affaire à un scientifique, ni à un de ses abonnés sur Twitter. "C’est la plus haute preuve scientifique. L’IHU ne sait pas le faire, ils sont incompétents", répond-il. "Et pourquoi vous dites que cette personne (le Pr. Raoult, NDLR) est un charlatan ? », demande le président. "Le charlatanisme est dans le code de la Santé publique. Les fakenews sur la science tuent", répond-il, sans donner plus d’explications.  

Le Dr Barraud avait des comptes à régler ce lundi 13 novembre, et pas seulement avec France-Soir. Ce ne sera pourtant pas au tribunal judiciaire de Nancy de dire qui du CHR de Metz-Thionville ou de l’IHU de Marseille a le mieux soigné pendant le Covid... 

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