Maëlys : Pourquoi Nordahl Lelandais ne risque pas la perpétuité "réelle"
La nuit de ce dimanche 26 à lundi 27 marque le premier anniversaire de la mort de la petite Maëlys de Araujo. Nordahl Lelandais est toujours en détention provisoire, mis en examen pour son enlèvement et son meurtre.
Alors qu'une marche blanche doit lundi rendre hommage à la mémoire de la fillette, sa famille ne cache pas sa colère contre l'auteur présumé des faits et une justice qu'elle accuse déjà de laxisme: "Lui, que risque t-il? La prison à perpétuité? 34 ans, il ressortira... Est-ce cela la perpétuité?", s'est indigné l'oncle de la fillette.
Voir: Maëlys - un an après, la colère de sa famille contre Nordahl Lelandais et la justice
Poursuivi dans cette affaire pour l'enlèvement et le meurtre d'une mineure de 15 ans, Nordahl Lelandais encourt donc la perpétuité. Si l'homme évoque une mort "accidentelle", l'article 224-2 du code pénal prévoit bien que l'enlèvement suivi de la mort de la victime est punissable de la réclusion criminelle à perpétuité.
Mais dans les faits, la prison "à vie" sans aucun espoir de sortie n'existe pas en France. Lorsqu'une cour d'assise condamne à perpétuité, elle peut prononcer une peine de sûreté durant laquelle le détenu ne peut pas obtenir "la suspension ou le fractionnement de la peine, le placement à l'extérieur, les permissions de sortir, la semi-liberté et la libération conditionnelle".
Cette peine de sûreté ne peut en principe être supérieure à 22 ans. Par décision spéciale, une cour peut décider qu'aucune réduction de peine ne pourra être accordée au condamné "à vie". Mais cela ne concerne qu'une liste préétablie de crimes comme les assasinats avec certaines circonstances aggravantes, certains actes de terrorisme ou le meurtre d'un mineur de 15 ans "précédé ou accompagné de viol, de tortures ou d'actes de barbarie" . Et même dans ce cas, le juge des libertés et des peines peut revenir sur cette décision au bout de 20 ans de prison si "le condamné manifeste des gages sérieux de réadaptation sociale".
Or, dans l'affaire Maëlys, Nordahl Lelandais n'est pas poursuivi pour assassinat (qui suppose la préméditation) et ni le viol ni des actes de torture ou de barbarie ne lui sont reprochés.
Nordahl Lelandais risque donc pour le meurtre de Maëlys d'être condamné à perpétuité avec une peine de sûreté maximum de 22 ans. Il encourt la même peine pour l'assassinat d'Arthur Noyer, mais les années de prison ne se cumulent pas en droit français.
A noter que la fin de la période de sûreté ne signifie pas que le condamné est libéré, simplement qu'il peut bénéficier d'une libération s'il remplit les conditions nécessaires.
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