Manifestation des policiers à Paris : "nous sommes à bout"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 18 octobre 2016 - 20:24
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Des voitures de police incendiées.
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©Thomas Samson/AFP
L'agression -parmi d'autres- dont ont été victimes des policiers le 8 octobre à Viry-Châtillon a provoqué la colère de la profession.
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Plusieurs centaines de policiers sont sortis dans la nuit de lundi à ce mardi de leur devoir de réserve pour une manifestation surprise, organisée en dehors de l'intervention de syndicats. Une méthode très rare utilisée par des policiers excédés par les agressions dont ils ont été victimes ces derniers jours dans l'Essonne et les Yvelines.

Une "indignation" compréhensible mais un "comportement inacceptable": la manifestation-surprise de centaines de policiers, en pleine nuit à Paris, pour exprimer leur ras-le-bol après l'attaque contre leurs collègues dans l'Essonne, a suscité ce mardi 18 des soutiens politiques mais aussi un ferme rappel à l'ordre.

Manuel Valls a réaffirmé le soutien du gouvernement abondamment exprimé après l'attaque du 8 octobre à Viry-Châtillon: "L'État poursuivra sans relâche ceux qui s'en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l'ordre", a tweeté le Premier ministre après une série d'agressions, principalement en banlieue parisienne.

Mais parallèlement, la "police des polices" (IGPN) va enquêter sur "les manquements individuels aux règles statutaires" après cette manifestation sur les Champs-Élysées, a annoncé mardi le directeur général de la police nationale Jean-Marc Falcone. Les manifestants "fragilisent la police nationale" ainsi que "chaque policier", a-t-il asséné. Jean-Marc Falcone avait déjà rappelé le devoir de réserve aux policiers dans une note lundi 17 alors que circulaient des SMS appelant à manifester le soir même.

De son côté, après avoir rappelé mardi matin aux policiers leur "devoir de réserve et de loyauté", le préfet de police de Paris Michel Cadot s'est adressé plus personnellement dans l'après-midi à ses troupes, dans un autre message. S'il demande "instamment de respecter les règles", il dit aussi partager "l'indignation", "l'émotion", "la peine" des policiers "face à ces agressions intolérables".

Des SMS avaient circulé lundi en fin d'après-midi annonçant la formation d'un cortège depuis l'Essonne vers l'hôpital Saint-Louis, à Paris. "Face à une hiérarchie carriériste, des élites syndicales enlisées dans leurs conflits, et une justice complètement désintéressée par notre sort, nous devons nous souder. Entre bleus", était-il écrit.

A minuit et demi, selon une source policière, "ils étaient environ 400 dont un large contingent venu" de l'Essonne devant l'établissement parisien où est hospitalisé un adjoint de sécurité de 28 ans. Cet agent a été très grièvement brûlé aux mains et au visage après l'attaque au cocktail Molotov de son véhicule à Viry-Châtillon.

Vers 1h, le cortège s'est dirigé vers les Champs-Élysées. En tenue civile, gyrophares allumés, ils ont perturbé pendant plus d'une demi-heure la circulation autour de l'Arc de Triomphe, avant de se disperser. "Nous sommes à bout", a lâché l'un d'eux. "On s'est organisé nous-mêmes, par les réseaux sociaux et le bouche à oreille", a expliqué à l'AFP une source policière. Des rassemblements avaient déjà eu lieu en Essonne les jours précédents, selon une source policière.

"On peut comprendre le ras-le-bol des policiers qui exercent dans ces quartiers et ne voient pas depuis des années les décisions politiques faire changer la situation sur le terrain", a réagi Christophe Rouget du syndicat SCSI qui avait appelé le 11 octobre à manifester devant les commissariats en solidarité avec leurs collègues attaqués dans l'Essonne.

Les chefs de file des députés LR et UDI, Christian Jacob et Philippe Vigier, ont estimé mardi que la manifestation était un signe de "ras-le-bol" et de "désespoir", l'élu centriste évoquant une société "au bord de l'embrasement". Le Front national a également apporté son "total soutien" aux policiers qui ont manifesté durant la nuit.

Les forces de l'ordre ont également fait face ces derniers jours à un guet-apens dans le quartier sensible du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Une manifestation de soutien à de jeunes nationalistes corses a aussi violemment dégénéré à Bastia, plusieurs dizaines de personnes jetant des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre.

Des tags antipolice ont aussi échauffé récemment les esprits. Mardi, une enquête a été ouverte au lendemain de la découverte d'un nouveau tag - "Un bon flic est un flic mort, Acab" (acronyme de l'anglais +All cops are bastards+, tous les flics sont des salauds, NDLR) - sur le campus de l'université Paris VI Pierre-et-Marie-Curie à Paris.

Cette découverte intervient une semaine après celle de quatre tags du même genre le 11 octobre à l'intérieur de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne.

 

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