Meurtre de Mireille Knoll : finalement pas un acte antisémite ?
L'enquête concernant le meurtre de Mireille Knoll, poignardée à mort le 23 mars dernier chez elle, est ouverte pour homicide volontaire en raison de "l'appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion" et "vol aggravé".
Les enquêteurs ont en effet retenu pour l'instant la piste de l'acte antisémite sur la base du témoignage d'un des deux mis en examen. L'affaire, qui faisait écho au meurtre de Sarah Halimi survenu en avril 2017, avait alimenté un nouveau débat sur les actes antisémites.
Et si ce débat se poursuit, son point d'origine pourrait être remis en cause. En effet, Alex C., l'un des deux jeunes hommes accusés du crime, est revenu sur ses déclarations. Or c'est lui qui avait fourni les éléments laissant penser qu'il s'agissait d'un meurtre motivé par l'appartenance de Mireille Knoll à la communauté juive.
Lire aussi: Meurtre de Mireille Knoll - la mère d'un des suspects mise en examen
Le jeune homme qui assure que c'est son comparse Yacine Mihoub, 28 ans, qui a porté les onze coups de couteau, avait en effet affirmé que "Yacine avait parlé des juifs avec madame Knoll". Critiqué pour sa lenteur à retenir le mobile antisémite dans l'affaire Sarah Halimi, le parquet avait cette fois rapidement tranché, de même que la classe politique. Emmanuel Macron lui-même avait déclaré que Mireille Knoll avait été "assassinée parce qu'elle était juive".
Voir: Meurtre de Sarah Halimi: le caractère antisémite retenu par la juge
Mais ce motif antisémite n'est pas le seul retenu. Le vol aggravé a également été considéré, témoignant du fait qu'il s'agirait aussi d'un crime crapuleux. Par ailleurs, Yacine Mihoub aurait également reproché à la vieille dame d'avoir eu un rôle dans la mort de sa sœur. Au moment du décès de celle-ci, il était en prison pour avoir fait des propositions sexuelles à la fille de l'aide-soignante de Mireille Knoll.
Or, Le Parisien a dévoilé lundi des extraits d'une nouvelle audition d'Alex C. Il dit ne "pas penser" que son complice a tué l'octogénaire en raison de sa religion, appuyant davantage sur l'appât du gain et le ressentiment. "Il lui disait: «Tu vas me le payer, j’ai pas été à l’enterrement de ma sœur. Tu m’as balancé» (...) Il l’a étranglée et il m’a dit: «Regarde, elle n’est plus en vie, elle a payé pour ce qu’elle a fait»", aurait-il ainsi déclaré au juge d'instruction en avril dernier.
De quoi remettre en cause la qualification de crime antisémite? Ce sera à la justice de trancher. Elle devra également se pencher sur la valeur des déclarations des mis sen examen, chacun accusant l'autre d'avoir porté les coups fatals.
"Dans cette affaire, il ne faut pas choisir entre le mobile crapuleux et le mobile antisémite. Les deux sont parfaitement compatibles", a considéré Gilles-William Goldnadel, avocat de la famille Knoll.
A noter que les meurtres motivés par la religion de la victime sont punissables de la réclusion criminelle à perpétuité et que la même peine peut s'appliquer lorsque la victime présente une "particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique (...) connue de l'auteur".
Mireille Knoll avait 85 ans, souffrait de la maladie de Parkinson et connaissait ses bourreaux. Même si la thèse de l'acte antisémite était abandonnée, cela ne devrait donc pas changer la peine maximale encourue par les deux hommes. Le vol accompagné de violences entraînant la mort est égalment punissable de la prison à perpétuité.
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