Mort d'Adama Traoré : violences sporadiques et appels au calme dans le Val-d'Oise
Après deux nuits consécutives de violences, la situation était "beaucoup plus calme", a indiqué à l'AFP le directeur de cabinet du préfet du Val-d'Oise, Jean-Simon Mérandat, vers 3h vendredi. "Le terrain est désormais maîtrisé et très bien tenu par les force de l'ordre", a-t-il précisé.
Six véhicules ont cependant été incendiés sur les communes de L'Isle-Adam, Champagne-sur-Oise, Bernes-sur-Oise et Beaumont-sur-Oise, ainsi que deux pompes à essence dont l'incendie a été "rapidement maîtrisé", a indiqué M. Mérandat. Les gendarmes ont essuyé deux "tirs à plomb", sur un véhicule dans la ville de Persan, a-t-il ajouté. Cinq personnes ont été interpellées, sans être placées en garde à vue.
Depuis la mort mardi d'Adama Traoré, 24 ans, lors de son arrestation par les gendarmes, qualifiée de "bavure" par ses proches, des violences avaient éclaté dans les communes voisines de Beaumont-sur-Oise, Persan et Bruyères-sur-Oise.
Les forces de l'ordre avaient été prises pour cible par des tirs d'armes au plomb et des cocktails Molotov. Plusieurs véhicules avaient été incendiés et neuf personnes avaient été placées en garde à vue dans la nuit de mercredi à jeudi.
Jeudi, le procureur de la République à Pontoise Yves Jannier avait indiqué à l'AFP qu'Adama Traoré souffrait d'"une infection très grave", "touchant plusieurs organes". Selon lui, le médecin légiste n'a pas relevé de "traces de violence significatives" sur le corps.
Des "égratignures" ont simplement été constatées, "mais rien de significatif", a-t-il ajouté. "Manifestement cette personne n'aurait pas subi des violences, comme certains membres de sa famille ont pu le dire", a poursuivi le magistrat.
Une source proche de l'enquête a précisé à l'AFP qu'il souffrait "apparemment d'une grave infection respiratoire" et que cette pathologie était la cause de sa mort. Cette source fait aussi état de l'"absence totale de coups" et d'"hémorragie".
"L'infection dont pourrait souffrir Adama Traoré n'explique pas les causes de la mort", a dit à l'AFP l'avocat de la famille, Karim Achoui. "On recherche les causes de la mort et là on nous donne son état de santé", a-t-il ajouté. Me Achoui a annoncé qu'il allait demander une contre-expertise et s'opposer au permis d'inhumer délivré par les autorités.
Hawa Traoré, la soeur jumelle d'Adama, qui dit ne pas croire aux conclusions du rapport d'autopsie, a lancé un appel au calme: "on va trouver la vérité, calmez-vous les jeunes", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Le Défenseur des droits Jacques Toubon, qui va examiner l'affaire, a lui aussi lancé "un appel solennel au calme". "Un seul objectif doit prévaloir, partagé par toutes les personnes impliquées: la recherche de la vérité", dit-il dans un communiqué.
Une marche blanche en mémoire du jeune homme doit avoir lieu ce vendredi à 17h à Beaumont-sur-Oise. Elle partira, selon les organisateurs, de Boyenval, le quartier d'origine d'Adama Traoré, une petite cité proche des bords de l'Oise. "Nous ne nous opposerons pas", à la tenue de la marche a indiqué M. Mérandat, jeudi dans la soirée.
La mort du jeune homme a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, autour du hashtag #JusticePourAdama, parfois associé à #BlackLivesMatter, habituellement utilisé pour dénoncer les brutalités policières contre les Noirs aux Etats-Unis.
Deux enquêtes sont menées parallèlement par la section de recherches et l'inspection générale de la gendarmerie. Des examens complémentaires, notamment bactériologiques et toxicologiques, seront ordonnés pour avoir un "panel d'examens absolument complet", a indiqué le procureur.
Le jeune homme avait dans un premier temps été présenté comme étant suspecté dans une affaire d'extorsion de fonds. Mais, selon une source proche de l'enquête, Adama Traoré se serait en fait interposé lors de l'interpellation de son frère, le véritable suspect recherché dans cette affaire, avant d'être lui-même interpellé.
Il a perdu connaissance dans la voiture le transportant à la gendarmerie, selon plusieurs sources interrogées par l'AFP.
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