"Oui, vous allez mourir" : elle téléphone au Samu de Strasbourg puis meurt d'une défaillance multiviscérale
L'enregistrement de l'appel de la jeune Naomi au Samu pose question. La jeune strasbourgeoise de 22 ans est décédée quelques heures après avoir appelé les secours le 29 décembre dernier. La retranscription glaçante de l'appel a été dévoilé vendredi 27 avril.
La jeune femme, visiblement très affaiblie et souffrant de fortes douleurs au ventre, s'était vue répondre séchement qu'elle devait appeler "SOS médecins ou (son) médecin traitant", par l'opératrice du Samu.
Seulement, la jeune femme est décédée quelques heures après cet appel qui n'a pas été jugé sérieux.
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Après s'être moqué de la jeune femme avec l'une de ses collègues, l'opératrice a pris en charge Naomi.
Voici la retranscription de l'appel et de la discussion entre l'opératrice, plutôt agressive et peu aimable, et Naomi que le magazine Hebdi a réussi à se procurer et que l'hôpital a authentifié:
- "Oui, allô!
- Allô... Aidez-moi, madame...
- Oui, qu'est-ce qui se passe?
- Aidez-moi...
- Bon, si vous ne me dites pas ce qu’il se passe, je raccroche…
- Madame, j’ai très mal...
- Oui ben, vous appelez un médecin, hein, d'accord? Voilà, vous appelez SOS médecins
- Je peux pas
- Vous pouvez pas? Ah non, vous pouvez appelez les pompiers, mais vous ne pouvez pas...
- Je vais mourir.
- Oui, vous allez mourir, certainement, un jour, comme tout le monde.
- Vous appelez SOS médecins, c'est 03.88.75.75.75, d'accord?
- S'il vous plaît, aidez-moi madame...
- Je peux pas vous aider, je ne sais pas ce que vous avez.
- J'ai très mal, j'ai très très mal.
- Et où?
- J'ai très mal au ventre (...) et mal partout.
- Oui, ben, vous appelez SOS médecins au 03.88.75.75.75, voilà, ça je ne peux pas le faire à votre place. 03.88.75.75.75. Qu'un médecin vous voie, ou sinon vous appelez votre médecin traitant, d'accord?
- D'accord [difficilement audible].
- Au revoir", a finalement répondu l'opératrice avant de raccrocher.
La jeune femme avait ensuite appelé SOS médecin comme cela lui avait été conseillé. L'organisme avait alors fait appel… au Samu.
Arrivés sur les lieux, les urgentistes avaient découvert la jeune femme extrêmement faible mais toujours consciente. Elle avait été transportée au Nouvel hôpital civil de Strasbourg où elle a été victime d'un arrêt cardiaque. Son décès a finalement été constaté au service de réanimation vers 17h30.
Une enquête a été ouverte par les hôpitaux de Strasbourg pour éclaircir les causes de la mort de la jeune femme. Une autopsie réalisée quelques jours après son décès a démontré qu'elle souffrait de défaillances multiviscérales, c'est-à-dire de gros dysfonctionnements des reins, du foie, du cœur, du tube digestif, du système nerveux ou encore de l'appareil vasculaire.
Les défaillances multiviscérales entrainent généralement la mort des patients dans les deux mois. Les médecins ignorent ce qui a pu causer une telle pathologie.
La famille de la jeune femme, qui était la maman d'une enfant d'un an, voudrait savoir si l'intervention rapide du Samu aurait pu sauver Naomi. Le procureur de la République a été saisi.
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