Ouvriers exposés au plomb à la Tour Eiffel : l'entreprise condamnée appartient à la Ville de Paris
La Société d’exploitation de la Tour Eiffel (SETE) a été condamné début octobre pour délit d’entrave par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir délibérément caché la présence de plomb sur un chantier de rénovation lancé en 2012.
La SETE est une société créée en 2005 dans le but affiché d’obtenir la délégation de service public pour la gestion du site de la Tour Eiffel. Et derrière cette société se cache (sans réellement se cacher d’ailleurs)… la Ville de Paris.
La SETE est en effet une société dont l’actionnariat est composé de la Ville de Paris (60%), et du département de Paris (40%). Pour rappel, Paris est à la fois une commune et un département, et le Conseil de Paris, la chambre élu tous les six ans, officie à la fois comme conseil municipal et conseil départemental. C’est donc une entreprise estampillée "100% Hôtel de Ville" qui a été reconnue comme responsable de la dissimulation des niveaux de plomb dépassant les normes acceptables sur le chantier.
Le conseil d’administration est d’ailleurs composé uniquement d’élus. Bernard Gaudillère, élu PS du Xe arrondissement de Paris en est le président.
Et la gestion d’un monument comme la Tour Eiffel s’apparente à une activité économique pour le moins prospère. Sept millions de visiteurs se pressent chaque année pour visiter le monument emblématique de la ville de Paris, et le chiffre d’affaires pour 2015 grimpe à presque 82 millions d’euros. Selon les CercleFinance.com, le bénéfice net de la SETE a été de 12,4 millions d’euros en 2015, le triple de l’année précédente. Reste à savoir si les chiffres pour 2016 seront aussi bons, le secteur touristique ayant particulièrement souffert des attentats qui ont secoué la France.
En principe, la délégation de service public, qui a été accordée en 2006, court sur dix ans et devrait donc se voir renouvelée à la fin de l’année. Interrogée par FranceSoir pour savoir notamment si l’entreprise comptait faire appel de la décision du tribunal qui l’a condamné à la peine la plus sévère prévue par le code pénal, la direction générale de la SETE n’a pas donné suite à notre demande.
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