Paris : la communauté chinoise bat le pavé pour dénoncer le "racisme anti-asiatique"
Plusieurs milliers de membres de la communauté chinoise manifestaient ce dimanche à Paris pour réclamer "la sécurité pour tous" et dénoncer le "racisme anti-asiatique", après l'agression mortelle d'un des leurs, un père de famille de 49 ans, en banlieue parisienne. Aux cris de "sécurité, sécurité", dans une marée de drapeaux bleu-blanc-rouge, le cortège de manifestants, quasiment tous vêtus d'un t-shirt blanc frappé du slogan "sécurité pour tous", a commencé à quitter la place de la République vers 15h en direction de celle de la Bastille.
A l'origine de la mobilisation: la mort en août à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) de Zang Chaolin, un couturier de 49 ans, décédé après avoir été agressé par trois jeunes, incarcérés mercredi, qui en avaient après le sac de son ami. Place de la République, une gigantesque banderole montrait une photo de ce père de famille, surmontée d'une tache de sang et d'une question: "Zang Chaolin, mort pour rien. Qui sera le prochain?". "Il était venu en France chercher une vie meilleure, la liberté, l'égalité, la fraternité, il a trouvé la violence et l'insécurité. Ces voyous ont détruit notre confiance en la France: faisons entendre notre voix, notre Marseillaise", a lancé en chinois à la tribune un porte-parole de l'association des Chinois résidents en France.
Parmi la foule figuraient de nombreux élus dont Bruno Julliard, Premier adjoint à la maire de Paris, Stéphane Troussel, président PS du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, ou encore la présidente du conseil régional d'Ile-de-France Valérie Pécresse (Les Républicains). "Dénonçant les préjugés racistes" selon lesquels "les Chinois seraient plus riches", la présidente de la Région a promis des "preuves d'amour" à cette communauté, victime de nombreuses agressions en Ile-de-France. Elle a notamment évoqué plus de vidéoprotection, et une convention Etat-Région qui sera annoncée la semaine prochaine avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Le collectif "Sécurité pour tous" avait déjà rassemblé plusieurs milliers de personnes en 2010 et 2011 dans le quartier parisien de Belleville pour protester contre la violence dont la communauté chinoise était la cible. La mobilisation, déclenchée par une agression lors d'un banquet de mariage, avait été marquée par des échauffourées. Suna Chen et son compagnon, Le Xu, tous deux âgés de 38 ans, se sont déplacés dimanche pour dire "aux politiciens" leur "colère". Arrivé en France voilà trente ans, le couple évoque "une insécurité grandissante depuis quelques années". "Dans la communauté asiatique, on est ciblés car on est des proies faciles: on a des petites carrures et puis on est discrets, on ne porte souvent pas plainte, alors il n'y a pas de retombées", analyse Le Xu.
"Sécurité pour tous" dénonce le climat de peur et d'insécurité qui règne à Aubervilliers et met en cause les "autorités" qui "ont préféré fermer les yeux sur cette délinquance grandissante" parce que les "Asiatiques constituent la cible principale de ces agresseurs". Les plaintes pour vols avec violence visant la communauté chinoise, bien implantée dans la commune populaire d'Aubervilliers, première plateforme d'import-export de textile d'Europe, ont triplé en un an, passant de 35 à 105.
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