Paris : le centre d'accueil parisien en vitesse de croisière

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 19 novembre 2016 - 13:43
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Le centre humanitaire pour migrants.
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©Alain Jocard/AFP
Le centre d'accueil de Paris doit permettre d'éviter la reconstitution des camps de migrants dans la capitale et de les aiguiller.
©Alain Jocard/AFP
Le centre d'accueil pour migrants de Paris ouvert le 10 novembre remplit désormais ses places , avec le risque que les campements illégaux se reconstituent en cas de saturation. Certaines associations craignent aussi que les migrants n'en viennent à se méfier du "triage" qui s'y déroulerait.

Dix jours après son ouverture, le centre de premier accueil pour migrants de Paris prenait sa vitesse de croisière, avec 400 personnes hébergées, et un pari de fluidité à tenir pour empêcher la reconstitution de campements.

"La nuit dernière, 399 places étaient occupées sur les 400 disponibles. Nous avons accueilli 529 personnes au total", explique à l'AFP Bruno Morel, le directeur général d'Emmaüs solidarités chargé de la gestion du centre, qui assure qu'"il n'y a pas d'engorgement" et se dit "ravi des premiers résultats".

Dans cet ancien entrepôt situé porte de la Chapelle, dans le nord de la capitale, Soudanais, Erythréens et Afghans souhaitant demander l'asile en France peuvent "se poser" pendant 5 à 10 jours, avant d'être réorientés vers des structures plus pérennes.

Les enfants et adolescents sont envoyés vers le dispositif d'accueil pour mineurs, les femmes et familles vers un centre à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), en attendant l'ouverture en janvier d'un centre spécialisé à Ivry-sur-Seine.

Baharaldin fait partie des premiers arrivés dans ce "camp humanitaire", qui a ouvert le 10 novembre à l'initiative de la Ville de Paris. Dans le réfectoire bien chauffé où il s'attarde après le repas, il raconte comment il s'est retrouvé ici "parce que des amis m'ont téléphoné pour me dire que le centre avait ouvert".

Le Soudanais de 23 ans, arrivé en France début novembre, a rempli son dossier en préfecture le matin même, en vue d'une demande d'asile- "en France plutôt qu'en Allemagne, où les démarches sont trop longues". Il s'apprête à quitter le centre "d'ici trois jours", et s'en réjouit, convaincu d'"apprendre la langue en trois mois", de "trouver un métier" et de "refaire sa vie" dans ce pays qui rime pour lui "avec égalité".

Au total, 180 personnes avaient quitté le centre vendredi 18, sur la base d'entretiens menés avec les travailleurs sociaux d'Emmaüs. Les migrants ont été orientés vers des centres d'accueil et d'orientation (CAO) créés par l'Etat, pour les migrants de Calais à l'origine, ou vers des Centres d'hébergement d'urgence pour migrants.

Un rythme qu'il faudra tenir pour empêcher tout engorgement, qui risquerait d'entraîner la reconstitution de campements. Avec un rythme de 60 à 80 arrivées par jour en période hivernale, le pari semble gagnable aux gestionnaires.

Ce centre modèle, pensé pour briser le cycle des démantèlements/reconstitutions de campements de rues qui s'emballe depuis un an et demi, permet aux migrants de souffler, avec des chambres de quatre personnes, une laverie, des consultations médicales, et jusqu'à des appareils de musculation et des tables de ping-pong à l'extérieur.

Aux côtés de 120 salariés, quelque 500 bénévoles se relaient pour faire tourner le projet. Traduction, accompagnement... Inga s'est retrouvée à la laverie où sont distribués les vêtements. "Les chaussures en 42/43, il n'y en a plus, et on manque de manteaux" s'inquiète la bénévole, venue ici "par engagement citoyen".

Mais le projet s'attire aussi des critiques de certains collectifs, qui parlent de "centre de tri". "Beaucoup de migrants se méfient, car il y a peu d'information sur les risques de renvoi vers un autre pays européen pour ceux qui y ont laissé leurs empreintes, et certains préfèrent ne pas y aller", assure une bénévole du Collectif parisien de soutien aux exilés.

Selon elle, "ce qui empêche des campements de se reconstituer n'est pas le centre, mais la présence policière agressive dans le quartier de La Chapelle ou de Stalingrad".

Des critiques contestées du côté du camp humanitaire. "Si on a refusé des gens, c'était à la marge, parce qu'il étaient arrivés après 18 heures", explique M. Morel, qui assure qu'"on n'envoie personne à la police".

On est encore en période de rodage, plaide-t-il, tandis qu'à la préfecture de région, on parle d'"améliorations dans doute à faire". "Il faut voir comment on gère le petit volant de gens qui arrivent après la fermeture", indique-t-on notamment du côté de la Ville.

 

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