Prêtre égorgé : un suspect en lien avec les djihadistes mis en examen et écroué
Après quatre jours de garde à vue, le jeune homme interpellé lundi à Pechbonnieu, dans la banlieue nord de Toulouse, a été mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle", selon une source judiciaire. Il a été placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet de Paris.
Titulaire d'un bac en électronique, sans emploi, le suspect, inconnu des services de renseignement, affirme s'être radicalisé rapidement, selon une source proche de l'enquête. Aux yeux des enquêteurs, il apparaît comme un jeune homme désœuvré et instable, actif sur les réseaux sociaux, et notamment Telegram, messagerie cryptée prisée des djihadistes pour sa confidentialité.
C'est par ce canal qu'il serait entré en contact avec Adel Kermiche qui, avec Abdel Malik Petitjean, a tué le père Jacques Hamel. Tous deux âgés de 19 ans, vivant à 700 km de distance l'un de l'autre, les tueurs avaient fait connaissance via Telegram quelques jours seulement avant leur passage à l'acte.
Le 26 juillet, ils avaient surgi dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, pris en otages cinq personnes et tué le prêtre en pleine messe dans son église, avant d'être abattus par la police. L'assassinat a été revendiqué par l'organisation jihadiste Etat islamique (EI). Les enquêteurs sont remontés jusqu'au suspect toulousain parce que les portables des deux assaillants figuraient dans les contacts de sa ligne téléphonique, selon la source proche de l'enquête.
En garde à vue, il a expliqué aux policiers de la SDAT (sous-direction antiterroriste) s'être rendu le 24 juillet à Saint-Etienne-du-Rouvray pour y suivre un "stage de religion" avec plusieurs personnes, parmi lesquelles les deux tueurs, a rapporté cette source.
Le jeune homme a raconté avoir passé la nuit sur place mais être reparti le lendemain matin parce que "le contact n'était pas bon", a relaté une source policière. Que se sont-ils dit? Le visiteur toulousain était-il au courant d'un projet d'attaque contre l'église? Devant les enquêteurs, il a affirmé avoir quitté Kermiche et Petitjean sans rien savoir de leur projet jihadiste, selon la source policière.
Or, selon une source proche de l'enquête, les enquêteurs le soupçonnent d'avoir eu connaissance du contenu du compte Telegram de Kermiche qui y a dévoilé le scénario de l'attaque du 26 juillet. Le tueur avait en effet décrit par avance dans un message le mode opératoire de l'attaque, mentionnant "un couteau" ainsi qu'"une église". D'après ses déclarations, ce n'est qu'une fois reparti chez lui que le suspect toulousain aurait alors fait le lien entre l'attaque et ses récents contacts en Normandie, a relaté une source policière.
Dans cette affaire, un cousin d'Abdel Malik Petitjean, Farid K., a été mis en examen et écroué le 31 juillet. Né à Nancy, cet homme de 30 ans "avait parfaitement connaissance, si ce n'est du lieu et du jour précis, de l'imminence d'un projet d'action violente de son cousin", selon le parquet de Paris. Plusieurs autres personnes, dont les noms sont apparus dans d'autres enquêtes, intéressent aussi à divers degrés les enquêteurs ou ont été mises en examen.
Magnanville (13 juin, deux morts), Nice (14 juillet, 85 morts) puis Saint-Etienne-du-Rouvray (26 juillet, un mort): en proie à une menace terroriste sans précédent, la France a subi en un mois et demi trois attaques djihadistes revendiquées par le groupe Etat islamique, plus de six mois après les attentats de Paris et Saint-Denis en novembre (130 morts).
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