Prêtres pédophiles : la complicité de l'Eglise fait scandale aux Etats-Unis
Au moins 1.000 victimes de quelque 300 prêtres pédophiles identifiées sur plusieurs décennies, et surtout la complaisance, voire la complicité de l'Eglise catholique clairement dénoncée. Le rapport d'un grand jury de Pennsylvanie remis mi-août est accablant pour le Vatican, alors que celui-ci tente, malgré les scandales, d'afficher une position nouvelle sur la question.
La quasi-totalité des faits sont prescrits. Seuls deux cas récents ont été communiqué à ces 23 citoyens formant le grand jury, entité qui peut dans certains cas accomplir un travail d'instruction auprès de la justice américaine.
Ces deux cas pourraient donner lieu à des procès, mais il s'agissait surtout de nommer les responsables, dont beaucoup sont morts depuis, et de reconnaître leur statut aux victimes. En compilant près d'un demi-million de pages de document internes à l'Eglise pendant deux ans, le grand jury a surtout révélé comment les prêtres accusés de pédophilie pouvaient compter sur leur hiérarchie pour ne pas être inquiétés.
Voir: USA - une enquête accuse 300 prêtres de pédophilie, plus de 1.000 enfants victimes
Dans ces documents nommés par l'Eglise elle-même "archives secrètes" et conservés sous clés par les évêques, les membres du grand jury ont découvert les détails ignobles d'agressions et de dissimulation: avortement organisé pour masquer les conséquences du viol, mutations en catimini sans éloignement particulier des enfants, minimisation des faits "réglés" directement avec les familles pour éviter le scandale...
Le rapport de 1.356 pages évoque par exemple la lettre d'un évêque qui "partage le chagrin" en ce "moment très difficile" pour le prêtre, pas pour la victime. Une autre réponse explique que l'agression n'est pas "nécessairement horriblement traumatisante".
Les enfants concernés ont quant à eux "été balayés d’un revers de main, dans chaque coin de l’Etat, par des dirigeants de l’Eglise qui préféraient protéger les agresseurs et leur institution avant tout", juge le rapport.
"Ce n'est plus l'Eglise d'aujourd'hui", a répondu l’évêque de Greensburg. Et si le grand jury reconnaît les progrès faits depuis 15 ans pour informer les autorités et sur l'écoute des victimes, il dénonce sans ambages la gravité du silence des institutions: "Des prêtres violaient des petits garçons et des petites filles et les hommes de Dieu qui en étaient responsables non seulement n’ont rien fait, mais ils ont tout caché. Pendant des décennies. Des monseigneurs, des évêques auxiliaires, des évêques, des archevêques, des cardinaux ont été largement protégés. Beaucoup, y compris certains nommés dans ce rapport, ont été promus. Jusqu’à ce que cela change, nous pensons qu’il est trop tôt pour refermer le livre des scandales sexuels de l’Eglise catholique".
Le grand jury recommande notamment la fin de la prescriptions pour les affaires de pédophilie, débat qui est également présent en France.
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