Prise d'otages à l'Hyper Cacher : le témoignage bouleversant du directeur du magasin
Le 9 janvier dernier, le terroriste Amedy Coulibaly prenait en otages une dizaine de personne dans l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes (Paris). Quatre d'entres elles n'en sortiront pas vivantes. Patrice Oualid, directeur du supermarché, revient ce mercredi, dans un entretien donné au journal Le Parisien, sur les circonstances du drame.
Ce père de famille de 46 ans a été blessé par balles lors de l'attentat alors qu'il assiste impuissant à la mort de Yohan Cohen, employé du magasin, qui tente de désarmer Amedy Coulibaly. "Je n'ai pas entendu le son de sa voix. Par contre, j'ai vu ses yeux. La mort dans son regard. J'ai compris que j'allais mourir" explique-t-il lorsqu'il aperçoit le terroriste qui rentre dans son magasin.
"J'ai entendu une deuxième détonation et une fois dehors, j'ai senti quelque chose de chaud sur moi. C'était le sang, mon bras était ballant" poursuit Patrice Oualid. Une balle lui a traversé le bras et éraflé le torse. A quelques millimètres près, elle aurait pu le tuer. Il profite alors de la cohue provoquée par les coups de feu pour courir vers un camion de police qui se trouvait à proximité et il est rapidement pris en charge: "une policière m'a secoué et je n'ai pas perdu connaissance. Deux de ses collègues, des costauds, sont venus. Je leur ai donné mon téléphone parce qu'à l'intérieur, j'avais une application donnant accès aux caméras de surveillance du magasin".
"Si j'avais compris, j'aurais fait ce qu'il fallait", envisage le directeur de l'épicerie. Avant de reconnaître, quelques secondes plus tard, lucide : "si j'étais resté à l'intérieur, je serais sûrement mort".
Patrice Oualid affirme également être traumatisé par ce qu'il a vécu: "je refais le film dans ma tête tous les soirs... Je cogite. La nuit, je ne dors pas, je revois les images et me demande ce que j'aurais dû faire". Un traumatisme qui le fait dire: "je ne veux plus retourner travailler à Hyper Cacher, les caissières non plus. Mon patron, lui, veut rouvrir pour montrer aux terroristes qu'ils ne peuvent pas gagner...".
Enfin, le directeur de l'Hyper Cacher évoque la possibilité de faire son Alya (immigration vers Israël): "bientôt, je vais partir en vacances, en famille, en Israël. Et je pense qu'on va faire nos valises pour vivre là-bas. Je ne suis pas de la chair à canon. La France est mon pays, j'y suis né. Il y faisait bon vivre, mais aujourd'hui ce n'est plus possible".
(Voir ici la vidéo de l'entretien publié sur le site du Parisien)
Attentats: le récit glaçant du directeur de l... par leparisien
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