Prison de Fresne : la justice ordonne à l'Etat d'"intensifier" les actions de dératisation
Le tribunal administratif de Melun, saisi en urgence par l'Observatoire international des prisons (OIP), a ordonné ce jeudi 6 à l’État notamment d'"intensifier" les actions de dératisation à la prison de Fresnes (Val-de-Marne). Si le tribunal reconnaît dans sa décision, consultée par l'AFP, que "la situation est en voie d'amélioration", toutes les actions "n'ont pas encore été engagées". L'administration pénitentiaire devra "dans les meilleurs délais (...) bétonner des zones sableuses de l'établissement, (...) reboucher les égouts par lesquels les rats peuvent s'infiltrer (...) et intensifier l'action de dératisation", indique l'ordonnance du juge des référés, Bernard Godbillon.
Lors de l'audience, mercredi 5, l'OIP avait exposé de nombreux et récents témoignages de détenus se plaignant, entre autres, de lits infestés de punaises, des odeurs pestilentielles de rats morts ou de la cohabitation en cellule avec des cafards par centaines. L'administration pénitentiaire avait fait de son côté valoir un plan d'action mis en œuvre depuis février, après que deux détenus eurent contracté la leptospirose, une maladie potentiellement mortelle transmise par les rats.
"La réalité n'a pas été niée par l’État puisque nous avions engagé des procédures depuis un moment. Nous prenons la condamnation comme une invitation à continuer les efforts", a réagi le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, interrogé par des journalistes en marge d'un déplacement dans le Lot-et-Garonne.
"C'est une problématique qui ne concerne pas que Fresnes malheureusement", a-t-il souligné. "La Cour des comptes avait dit, en 2011, qu'il faudrait dans le budget de l’État environ 130 à 150 millions d'euros pour l'entretien" des parties publiques des bâtiments, or depuis environ 20 ans, "l’État n'est qu'à 50 millions", a dit le ministre. "Il arrive un moment où l absence d'entretien se traduit par des dégradations", a-t-il conclu, affirmant que "dans le budget de cette année, il y a 150 millions prévus pour l'entretien". "On prend acte de la décision que l'on va étudier plus précisément", avait indiqué plus tôt à l'AFP le ministère de la Justice, sans se prononcer sur un éventuel appel. "Le juge reconnaît que la situation est en voie d'amélioration mais on va intensifier les efforts comme demandé", a ajouté cette source. "C’est une victoire pour l'OIP qui force une fois encore l'administration à la réaction grâce au juge", a réagi Patrice Spinosi, avocat de l'organisation. "Désormais, le plus important c'est le suivi de ces mesures. L'ARS (Agence régionale de santé) doit y veiller, mais l'OIP sera également vigilant", a-t-il ajouté.
Les problèmes d'insalubrité ont été signalés depuis plusieurs mois à Fresnes, où sont incarcérés 2.800 détenus pour 1.607 places théoriques et où le taux de surpopulation dépasse les 200% dans la maison d'arrêt pour hommes. Fin 2012, le Conseil d’État, déjà saisi par l'OIP, avait ordonné la dératisation et la désinsectisation sous dix jours de la prison des Baumettes à Marseille.
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