Quand Catherine Millet regrettait de ne pas avoir été violée

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 10 janvier 2018 - 17:37
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Une main arborant les expressions "#Me too" et #Balancetonporc pendant un rassemblement contre les v
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© BERTRAND GUAY / AFP
L'auteure Catherine Millet a expliqué en décembre qu'elle regrettait de ne pas avoir été violée pour pouvoir prouver aux femmes que le traumatisme est surmontable.
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Catherine Millet est l'une des signataires de la tribune "pour la liberté d'importuner" publiée dans "Le Monde" mardi. En décembre dernier, invitée sur France Culture, elle expliquait qu'elle regrettait de ne pas avoir été violée pour pouvoir montrer aux femmes qui l'avaient été que l'on "pouvait s'en sortir".

Ses paroles de décembre dernier refont surface et créent la polémique. Catherine Millet est l'une des signataires de la tribune publiée dans Le Monde mardi 9 "pour la liberté d'importuner". Avec, entre autres, Catherine Deneuve, elles disaient s'inquiéter pour "la libération de la parole" au sortir de l'affaire Weinstein suite aux dizaines d'accusations envers des hommes suspectés d'agressions sexuelles ou de viol.

Cette tribune a fortement divisé le public, une partie de celui-ci s'étant offusqué. "Cette libération de la parole se retourne aujourd'hui en son contraire: on nous intime de parler comme il faut, de taire ce qui fâche, et celles qui refusent de se plier à de telles injonctions sont regardées comme des traîtresses", était-il écrit en pointant du doigt le mouvement de contestation contre les violences sexuelles qui pourrait devenir "dangereux" selon les signataires.

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Il semblerait pourtant qu'en décembre dernier à l'antenne de France Culture, Catherine Millet ait jouit de toute la liberté d'expression qu'elle voulait.

Ses paroles à propos du viol font d'ailleurs aujourd'hui débat. Elle expliquait ne pas pouvoir comprendre, et être "étonnée", que les victimes soient "traumatisées" après avoir vécu ces drames. "Alors d'abord, une femme ayant été violée considère qu'elle a été souillée, à mon avis elle intériorise le discours des autres autour d'elle. (…) Je pense que ça c'est un résidu d'archaïsme", a-t-elle tout d'abord expliqué.

Pour elle, "l'intégrité" des femmes n'est pas touchée après un viol puisque la conscience reste "intacte". Elle a cependant souligné que "si la fille était vierge d'accord il lui manque désormais quelque chose" avant d'ajouter qu'elle considérait qu'il était "plus grave" de perdre un ou plusieurs membres dans un accident de voiture.

La journaliste Raphaëlle Rérolle lui a alors souligné que ce qui, entre autres, traumatisait les femmes victimes de viol c'était la violence de l'agression qu'elles avaient subie.

Catherine Millet, qui présentait alors son ouvrage La Vie sexuelle de Catherine M, lui a alors répondu: "Ça c'est mon grand problème, je regrette beaucoup de ne pas avoir été violée. Parce que je pourrais témoigner que du viol on s'en sort".

Son interlocutrice lui a alors rappelé la notion de consentement et lui a fait remarquer que les femmes violées avaient été agressées sans avoir voulu de rapport sexuel avec leur agresseur. Encore une fois l'auteure a répliqué, expliquant qu'elle aussi, elle avait parfois eu des rapports sexuels avec des gens qui ne lui plaisaient pas forcément, chose bien différente que la notion de consentement.

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"Mais par contre ça m'est arrivé d'avoir des rapports sexuels avec des gens qui ne me plaisaient pas spécialement. Parce que voilà c'était plus facile de céder à la personne ou parce que c'était une partouze et qu'on était en groupe".

Pour rappel, selon le code pénal, "tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle". Un rapport publié en novembre par l'Ined (Institut national d'études démographiques) a dévoilé qu'en France, une femme sur sept avait été victime de violences sexuelles dans sa vie.

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