Victimes de violences conjugales : comment (bien) réagir ?
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France-Soir
Publié le 25 novembre 2019 - 13:05
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PATRICK KOVARIK / AFP
Briser le silence sur les violences subies, une nécessité qui peut sauver la vie des femmes
PATRICK KOVARIK / AFP
Une double question reste posée pour beaucoup de victimes : comment réagir et que faire en cas de violences conjugales ? Etape évidemment très complexe psychologiquement quand la vie d'un foyer ou d'une famille est en jeu.
Au lendemain de la forte mobilisation dans la rue à l’appel du collectif #noustoutes, le gouvernement vient d’annoncer 40 mesures.
Avec 117 féminicides depuis le début de l’année, et alors que 250 000 personnes sont victime chaque année (en moyenne) de violences conjugales, le phénomène est de devenu un fléau.
Prendre conscience de la situation
Déni, espoir que « les choses vont d’arranger », culpabilité : pour les femmes qui subissent des violences conjugales, le premier pas pour s’en sortir est la prise de conscience de la situation. Les victimes ont pour cela généralement besoin de l’aide d’un proche (ami, famille), d’une association ou d’un professionnel, d’abord pour briser le silence, ensuite pour entendre qu’elles ne sont pas responsables et qu’elles ont des droits.
Prendre conscience, c’est aussi simplement savoir ce qu’est la violence conjugale, qui ne se limite pas aux coups. Les formes de violences peuvent en effet être multiples : sexuelles, verbales (insultes, menaces), psychologiques, matérielles (confiscation de la carte d’identité), économiques, la liste est malheureusement sans fin.
Les conclusions du Grenelle contre les violences conjugales et les mesures annoncées lundi matin par le premier ministre Edouard Philippe vont dans ce sens : la notion d’emprise sera inscrite aux Codes civil et pénal.
Appeler au secours, obtenir une protection
Une femme (ou un homme) peut à tout moment demander une protection contre le conjoint (ou l’ex-conjoint) violent. Dans l’urgence, il ne faut pas hésiter à appeler l’un des services dédiés, que soit la gendarmerie ou la police en appelant le 17 ou le 112 depuis un mobile, les sapeurs pompiers (18) ou les urgences médicales (15).
Se mettre à l’abri est également une nécessité, sachant que dans ces conditions, les victimes ont tout à fait le droit de quitter le domicile conjugal.
Téléphoner au 3919
Il ne s’agit pas d’un numéro d’urgence, mais d’un numéro d’écoute national. Néanmoins, et c’est une autre des mesures annoncées, le 3919 sera désormais accessible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Au bout de la ligne, l’interlocuteur est en mesure d’orienter les victimes vers les dispositifs locaux de prise en charge.
Les femmes violentées peuvent également trouver une aide précieuse auprès des associations locales, dont les 114 CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles). A ce sujet, le site stop-violences-femmes.gouv.fr met à disposition un moteur de recherche permettant de trouver l’association la plus proche de chez soi. D'une manière générale, il est conseillé aux victimes de commencer à se protéger elles-mêmes (et leurs enfants), en identifiant les personnes, services et associations susceptibles de leur venir en aide, en mettant à l'abri des documents importants (carte d'identité, carte vitale...) ou encore en ouvrant un compte bancaire personnel.
Déposer plainte
Le dépôt de plainte constitue une étape délicate, mais néanmoins nécessaire, puisqu’il déclenche les mesures de protection. Il peut se faire à tout moment, que la victime soit ou non en possession d’un certificat médical, que les faits soient récents ou anciens. Se rendre au commissariat ou à la gendarmerie, beaucoup de femmes appréhendent ce moment, craignant d’être « mal reçues ».
Dès aujourd’hui, les commissariats et gendarmeries recevront une « grille d’évaluation du danger » , aidant les forces de l’ordre à apprécier la situation – en attendant la création de postes d’intervenants sociaux dans les commissariats.
Si la plainte est plus que conseillée, et doit être obligatoirement enregistrée, elle reste néanmoins facultative. Le signalement des violences peut également se faire par dépôt d’une main courante (en commissariat) ou d’un procès verbal de renseignement judiciaire (en gendarmerie).
Saisir le procureur de la République
Cette procédure est moins connue, mais les femmes victimes de violences conjugales ont la possibilité de saisir directement le procureur de la République. Il convient alors d’écrire une lettre et d’accompagner le courrier de preuves telles qu’un certificat médical, des copies de SMS, etc, éventuellement de témoignages. L’ensemble doit être envoyé en lettre A/R au tribunal de grande instance dont dépend le lieu où les faits ont été commis.
Dans un délai d’un mois, le juge pourra décider de mesures de protection comme l’interdiction d’approcher pour l’agresseur, l’octroi d’un "Téléphone Grave Danger" ou même la détention provisoire. Il peut également, sur demande, interdire la sortie du territoire pour les enfants.
Faire constater ses blessures
En cas d’agression physique ou/et sexuelle, un certificat médical de constatation constitue une preuve. Il est délivré par un médecin généraliste ou à l’hôpital. La consultation est donc une étape nécessaire même si elle peut, rappelons le, se dérouler après le dépôt de plainte.
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