Qu'est-ce qu'une "fiche S", qui concernait un des terroristes ?
Il était identifié comme un islamiste radical. Un des kamikazes qui a participé à l'attaque du Bataclan, dans la soirée de vendredi 13 marquée par une vague d'attentats à Paris, aurait été identifié grâce à son ADN et faisait l'objet d'une fiche "S", selon des sources proches de l'enquête. Mais, au fait, que signifie ce fichage?
> Le plus vieux fichier de police
La fiche "S", pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", est l'une des 21 sous-catégories du Fichier des personnes recherchées (FPR), le plus ancien mis en place par la police nationale, en 1969. Le FPR comprend des fiches "M" (pour "mineurs fugueurs"), "V" ("évadés") ou encore "T" ("débiteurs envers le Trésor"), par exemple, et recense 400.000 personnes, selon Libération.
Ces fiches contiennent la photo du concerné, son signalement, état civil, motif(s) de recherche ou encore la conduite à tenir par la police. Amedy Coulibaly, le tueur de l'Hyper Cacher, en janvier dernier, avait ainsi été contrôlé quelques jours avant de passer à l'acte. Bien que fiché "S", il n'avait pas été inquiété car la consigne était de ne pas l'interpeller, mais de le questionner discrètement.
> Plusieurs niveaux de dangerosité
La fiche "S" prévoit 16 échelons de dangerosité. De nombreuses personnes y figurent ainsi, 10.000 selon le député PS spécialiste des questions de défense Jean-Jacques Urvoas, allant des soupçonnés de terrorisme aux activistes politiques, notamment d'ultragauche ou d'extrême-droite, mais aussi certains hooligans. L'échelon S1 est considéré comme le plus dangereux. Mohammed Merah était par exemple fiché au niveau S5, qui impliquait de signaler ses passages à la frontière, mais pas de fouiller ses bagages, ni de le surveiller sur le territoire français.
> Couvert par le secret-défense
Depuis la mise en place de Schengen, ce fichage est européen. N'impliquant pas automatiquement une surveillance physique ou une mise sur écoute, la fiche "S" est une fiche de signalement, alertant les forces de l'ordre que tout renseignement sur l'individu est précieux. Couvert par le secret-défense, ce fichage est temporaire et n'est pas communiqué aux personnes visée. N'étant pas lié à une décision de justice, il n'a pas de valeur pour justifier une expulsion, par exemple, mais vise surtout à ce que les renseignements gardent un œil discret sur certains individus, afin de remonter des filières ou d'identifier des complices notamment.
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