Relations sexuelles avec une fillette de 11 ans : le viol a-t-il été écarté par les juges à cause du comportement de l'enfant ?
Consentante pour l'avocat de l'homme mis en examen, violée pour la famille de la victime. Un homme de 28 ans a eu des rapports sexuels avec une enfant de 11 ans le 27 avril dernier dans le Val-d'Oise. Le parquet avait qualifié l'affaire d'atteinte sexuelle sur mineur, retenant ainsi l'idée qu'elle était consentante.
Une appréciation des juges, révélée par Médiapart, qui a provoqué la colère de la famille mais aussi l'indignation d'une partie de l'opinion publique pour qui il est incompréhensible que les magistrats aient retenu le consentement d'une enfant de 11 ans.
Il n'existe en effet pas d'âge limite et la jurisprudence considère que la contrainte qui caractérise le viol n'est présumée que pour les enfants en très bas âge. Dans le cas contraire elle doit être démontrée et le parquet analyse cela au cas par cas en se basant notamment sur les éléments recueillis par les enquêteurs.
En l'espèce, l'enfant aurait été en avance sur son âge. "Pubère" selon les déclarations de l'avocat de la défense, elle aurait notamment déjà envoyé des SMS à connotation sexuelle ou des photos de sa poitrine à des garçons. Le dossier mentionne que "son allure laisse penser qu'elle est plus âgée".
Des éléments qui pourraient avoir convaincu les juges que l'enfant était suffisamment mature sur les questions de sexualité pour donner son consentement. Ce qui ne signifie cependant pas qu'elle l'a fait. L'avocate de la famille assure en effet qu'outre le jeune âge de la victime qui impliquerait une "contrainte morale" l'homme a bien fait état de "violence", "menace" et "surprise", les éléments constitutifs du viol quel que soit l'âge de la victime.
De son côté, la défense soutient que le fait que la jeune fille ait accepté de suivre l'homme pour "apprendre à embrasser" caractérise le consentement. Le mis en examen affirme d'ailleurs qu'il ignorait son âge. La partie civile conteste arguant qu'elle lui avait montré son carnet scolaire.
Certains juristes soulèvent cependant une autre raison possible à la décision du parquet. Jacky Coulon, secrétaire national de l'Union syndicale des magistrats interrogé par L'Express considère ainsi que la qualification d'atteinte sexuelle est parfois préférée au viol car elle relève du tribunal correctionnel et non des assises. Cela car "la procédure et l'audience y sont plus courtes, entre une et deux heures, plus simples, et surtout moins difficiles pour les victimes".
Le procès prévu mardi 26 a été reporté au 13 février.
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