Réunion contre les violences faîtes aux femmes : Tariq Ramadan débarque, et se fait virer
La présence de l'islamologue suisse Tariq Ramadan, mis en examen pour viols, dans le public d'une conférence contre les violences faites aux femmes a suscité l'indignation lundi 18 à Saint-Denis. La municipalité condamne une "provocation inacceptable".
"Surréaliste", "provocation inacceptable", "coup médiatique", à la mairie de Saint-Denis on n'a pas de mots assez forts pour dénoncer la venue comme spectateur de l'islamologue Tariq Ramadan lundi soir à une réunion publique organisée par la municipalité "contre les violences faîtes aux femmes". Cela alors que l'universitaire a été mis en examen le 2 février 2018 pour deux viols, dont un commis sur personne vulnérable.
Contactée par France-Soir, la mairie de Saint-Denis confirme la présence de l'individu et souligne qu'il s'est présenté "de sa propre initiative à la réunion et qu'il n'a évidemment pas été invité". "C'était d'ailleurs assez surréaliste de la voir sur place", précise-ton du côté de la municipalité.
Sonia Pignot, adjointe au maire qui organisait le débat auquel participait notamment la député insoumise Danielle Obono et la politologue Françoise Vergès, a rapidement fait savoir à Tariq Ramadan que sa présence n'était pas désirée. Un message repris par le public et les participants au débat, en majorité des femmes, qui ont manifesté leur indignation face à la présence de l'islamologue.
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Quelques personnes ont alors décidé de quitter la salle pour marquer leur indignation tandis qu'une majorité de participant(e)s ont souligné leur volonté de voir les débats se tenir malgré la présence de Tariq Ramadan "pour ne pas lui donner cette satisfaction". "Il a rapidement senti que son petit coup médiatique avait échoué et est parti sans demander son reste", précise à France-Soir la municipalité. "Une fois qu'il avait quitté la salle, le débat a pu se tenir avec sérénité, c'est l'essentiel", poursuit-elle. Et d'ajouter: "Tariq Ramadan n'était là que pour parler de lui et faire parler de lui".
La mairie de Saint-Denis a produit un communiqué pour dénoncer la présence de l'islamologue contesté à cette réunion publique: "Ni la municipalité ni les participant.e.s n’avaient invité monsieur Ramadan à venir ni même souhaité sa présence. Rien ne peut justifier qu’un combat aussi important que celui de la lutte contre les violences faites aux femmes soit ainsi parasité et confisqué par de telles provocations". Et de conclure: "La municipalité adresse son soutien et sa solidarité aux femmes qui ont été choquées par sa présence. La ville de Saint-Denis demande à monsieur Ramadan de respecter un minimum de décence en laissant en paix celles et ceux qui se battent contre les violences faites aux femmes".
L'intellectuel musulman de 56 ans est mis en examen depuis le 2 février 2018 pour deux viols, dont un sur personne vulnérable, des accusations qu'il conteste fermement. Dans leurs plaintes déposées courant octobre 2017, les deux femmes ont décrit chacune un premier rendez-vous qui a basculé dans un rapport sexuel brutal et contraint. Toutes deux ont aussi invoqué l'emprise exercée par l'islamologue -par des mensonges, des manipulations et des menaces- que corroborent des témoignages d'anciennes maîtresses qui figurent dans le dossier d'instruction.
Tariq Ramadan a été remis en liberté mi-novembre, sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire.
Voir:
La justice maintient les inculpations de Tariq Ramadan pour viols
Tariq Ramadan: la version des plaignantes fragilisée par l'enquête avant une nouvelle audience
Tariq Ramadan est sorti de prison, et reste poursuivi pour viols
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