Ses parents hébergeaient le pédophile qui l'a violée : elle attaque l'Etat
Le procès de son bourreau s'ouvre ce mardi 3, mais pour Karine la victime, c'est un autre combat qui lui tient à cœur: celui contre l'Etat qui aurait fait la sourde oreille à ses appels de détresse. La cour d'assises d'Ille-et-Vilaine devra décider du sort de Roland B., un violeur récidiviste qui a imposé des actes pédophiles à la victime entre 2002 et 2005 lorsque celle-ci avait entre six et neuf ans. L'accusé, au casier déjà chargé, était hébergé par les parents. La jeune fille, aujourd'hui âgée de 20 ans, a expliqué depuis que le pervers la violait le mercredi et le samedi, en demandant à sa mère de quitter la maison, généralement contre de l'argent, le temps pour lui d'imposer des actes sexuels à l'enfant.
Malgré une quinzaine de signalements aux services sociaux, la garde de la fillette n'a pas été retirée aux parents avant 2009. Trop tard pour l'enfant qui ne verra son calvaire ne finir qu'en 2005, lorsque le pervers sera incarcéré dans une autre affaire.
Pourtant, plusieurs signaux étaient au rouge, bien avant les viols, pour indiquer que l'enfant était en danger. Fille d'un employé municipal et d'une mère au foyer, la jeune Karine vient au monde en 1997 dans une famille déjà suivie de près par les services sociaux. Dès la naissance, le personnel médical alerte sur le désintéressement apparent de la mère pour sa fille. Mère qui sera condamnée en 1998 à huit ans de prison pour avoir assassinée sa première fille née d'un viol avant la naissance de Karine. La garde de la fillette sera malgré tout conservée par les parents.
Lire aussi - Inceste, pédophilie et proxénétisme: un couple devant le tribunal de Coutances
L'enfant grandit et montre des signes apparents de troubles sexuels. Elle se masturbe à l'école, elle explique à un médecin lors d'une consultation que "papa l'allonge souvent dans la baignoire" pour la "toucher". Tout cela avant que les parents ne décident d'héberger chez eux un pédophile condamné pour attentat à la pudeur sur ses propres filles. Et le drame, largement prévisible, se produit.
En 2005, lors d'une audition auprès des services sociaux, la mère aurait menacé sa petite fille de la tuer si elle parlait. "Ma mère a dit qu'elle avait égorgé ma demi-sœur, et qu'elle me ferait pareil si je disais quelque chose" expliquera Karine dans un numéro de Spécial Investigation sur Canal+ revenant sur son calvaire. Autant de faits qui valent au père et à la mère de se retrouver dans le box des accusés ce mardi pour "subornation de témoin".
A l'issue de ce procès, ce sera donc une nouvelle bataille judiciaire qui va s'ouvrir pour celle qui est devenue une jeune femme: sa plainte pour "faute grave" contre l'Etat qui n'a, selon elle, pas su la protéger malgré tous les signaux d'alarme.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.