Six adolescents tués dans un accident d'autocar, les chauffeurs en garde à vue
Six adolescents ont été tués ce jeudi 11 matin à Rochefort (Charente-Maritime) lorsque leur autocar a été soudainement éventré par un élément métallique dépassant d'un camion qui le croisait, au lendemain d'un drame similaire qui avait coûté la vie à deux jeunes dans le Doubs.
L'accident est survenu à 7h dans une rue longeant les quais du port de commerce, dans le centre de cette commune de 25.000 habitants. Sur les 15 collégiens et lycéens à bord du bus, six sont décédés, deux autres ont été blessés et hospitalisés "en urgence relative". L'un des deux blessés souffre de fractures multiples.
"C'est un camion-benne dont la ridelle latérale (paroi maintenant en place le chargement, NDLR) s'est ouverte -pour une raison que nous ignorons pour l'instant puisque des expertises techniques sont en cours- et a cisaillé le côté latéral du bus qui venait dans l'autre sens", a résumé le procureur de la République de La Rochelle, Isabelle Pagenelle.
L'autocar du réseau départemental Les Mouettes (groupe Keolis, filiale de la SNCF) était déchiqueté sur toute sa longueur du côté gauche, juste sous le niveau des vitres, ont constaté des journalistes de l'AFP. L'impact le plus important se trouvait à l'arrière gauche du véhicule. "Comme les deux véhicules étaient en mouvement, le cisaillement est devenu de plus en plus important et les enfants qui étaient de ce côté-là sont décédés", a expliqué Isabelle Pagenelle lors d'un point-presse au Centre de secours de Rochefort, tout proche des lieux du drame.
"Ca s'est fait en une fraction de seconde, j'ai pas eu le temps de me rendre compte! Les secours sont arrivés très, très vite. Moi je suis redescendu du bus aussitôt", a raconté à l'AFP Maxime, 24 ans, qui venait de monter à Rochefort dans cet autocar, parti de l'île d'Oléron à destination de Surgères. Par chance, il était assis du côté droit.
"C'est un drame épouvantable, tout s'est passé très rapidement et le chauffeur n'a rien pu faire", a confirmé la ministre de l'Ecologie et des Transports, Ségolène Royal, ancienne présidente de la Région Poitou-Charentes, venue sur place à la rencontre des proches des victimes en compagnie de la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
"Nous avons une liste des victimes à partir des cartes scolaires qu'ils avaient dans les poches. Les familles ont été avisées mais nous devons confirmer cette liste par des expertises ADN, qui sont en cours à l'Institut médico-légal de Poitiers", où les corps ont été transportés, a précisé la magistrate.
Selon le maire de Surgères, Catherine Desprez, les adolescents à bord du car "étaient scolarisés dans les quatre établissements de la commune, un collège public, un collège privé et deux lycées professionnels". "La plus grande partie des enfants dans l'autocar étaient scolarisés au lycée professionnel du Pays d'Aunis", a-t-elle indiqué.
Najat Vallaud-Belkacem, solidaire "des familles et de la communauté éducative", a indiqué qu'elle comptait se rendre dans ce lycée. "Dans chaque établissement scolaire, une cellule de soutien psychologique est en place et durera tant que de besoin", a-t-elle souligné.
Des cris déchirants ont retenti en fin de matinée au Centre de secours de Rochefort, où les familles des élèves présents dans l'autocar se sont rassemblées. "J'ai mon fils dedans... Il est décédé", lâche à l'AFP un homme d'une quarantaine d'années, avant d'éclater en sanglots.
Les larmes aux yeux, comme de nombreux élus et responsables locaux, le maire de Rochefort, Hervé Blanché, tenait dans ses bras une grand-mère en pleurs, hurlant: "Elle n'avait que lui, elle n'avait que lui!".
Quant aux deux chauffeurs impliqués, ils ont été placés en garde à vue, "sous le choc", a dit Isabelle Pagenelle. "Les tests d'alcoolémie et toxicologiques pratiqués sur les deux chauffeurs sont négatifs", a précisé à l'AFP Jérôme Servolle, du syndicat UNSA police.
Dans ses premières déclarations aux enquêteurs, le chauffeur du camion de 13 tonnes, appartenant à la société Eiffage, a expliqué "qu'il n'avait rien remarqué d'anormal en faisant le plein" peu avant l'accident, a précisé le syndicaliste. "A ce stade de l'enquête, aucune hypothèse n'est écartée, que ce soit le problème technique du crochet métallique de la ridelle qui a pu céder au passage du car ou une quelconque responsabilité" humaine, a-t-il ajouté.
"Toute la lumière devra être faite sur les circonstances de ce drame", a insisté François Hollande, faisant part de "sa vive émotion" dans un communiqué.
Mercredi 10 au matin, deux adolescents de 12 et 15 ans avaient été tués et sept personnes blessées près de Montbenoît (Doubs) dans un autre accident de car scolaire, probablement dû à de mauvaises conditions météorologiques.
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