Stains : agressions en série au lycée Maurice Utrillo
Le personnel enseignant du lycée Maurice Utrillo ne veut plus accueillir les élèves ce mercredi 4, à Stains en Seine-Saint-Denis. L'établissement et ses alentours sont le théâtre d'agressions récurrentes.
Cela fait maintenant plusieurs semaines que le personnel de l'établissement alerte le rectorat et même les médias sur la situation très préoccupante au sein du lycée. Malgré de nombreuses grèves, rien n'a changé selon eux.
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Un internaute se présentant comme un membre du personnel a expliqué sur Twitter que de nouvelles agressions avaient eu lieu mardi 3. "Un élève menacé à l'arme à feu par des hommes cagoulés qui passaient en voiture devant le lycée", "un assistant d'éducation intimidé par des jeunes masqués armés de couteaux, qui annoncent clairement que les violences ne s'arrêteront pas là", "un élève agressé devant le lycée par des jeunes armés d'un hachoir et d'un bâton (je suis en train d'écrire cette phrase mais elle me paraît toujours aussi surréaliste)", a-t-il publié.
On a, quant à nous, tout tenté : les grèves, des professeurs et de la Vie Scolaire, les blocages, les médias (même BFM), on a multiplié les audiences au rectorat qui n’ont débouché sur rien.
— Winckler (@winckIer) 4 avril 2018
Avant d'ajouter: "Des élèves de sixième ont été menacés au couteau en course d’orientation hier: les cours d’EPS ne peuvent plus avoir lieu, il est impossible pour les professeurs et les élèves de sortir du lycée".
Il a indiqué que les assistants d'éducation étaient "traumatisés" et que les professeurs "s'(effondraient) en larmes ou (faisaient) cours dans le désespoir". "Vous savez bien comment ça va finir, il va y avoir un mort et personne n'en aura rien à foutre".
Face à cette "angoisse" permanente et au sentiment de ne pas être écoutés par le rectorat, professeurs, assistants d'éducation et même CPE ont décidé "d'exercer leur droit de retrait" ce mercredi.
"Nous nous sentons menacés, nous ne pouvons plus dormir, nous ne sommes pas capables de travailler dans ces conditions. Nous libérons les élèves et entrons en AG exceptionnelle", a-t-il indiqué ce matin.
Le personnel a finalement décidé de renvoyer les élèves "en sécurité" chez eux. "Obligés de demander aux élèves de ne plus venir à l’école, on a rarement été aussi déprimé ici". Au total une cinquantaine de membres du personnel demandent la "fermeture urgente" du lycée et occupent le bureau du proviseur, comme le rectorat refuse pour l'instant d'accéder à leur requête.
Moment surréaliste où le proviseur et le rectorat refusent de fermer l’établissement malgré les armes qui circulent
— Winckler (@winckIer) 4 avril 2018
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Le rectorat est censé assurer la sécurité autour de l'établissement et a mis à disposition des agents. Seulement ceux-ci ne sont pas quotidiennement présents.
L'occupation n'aboutit pas. On nous promet, comme hier, des équipes mobiles de sécurité et la police (ce matin, elles ne sont jamais venues). Le lycée ne fermera pas même s'il n'arrête plus les coups de machette.
— Winckler (@winckIer) 4 avril 2018
"C’est le même problème sur tout le territoire, le lycée Suger, le collège Barbara, le lycée Paul-Éluard (tous à Saint-Denis et à Stains) connaissent des faits de violence similaires. Le territoire va imploser sous peu", a alerté l'internaute qui craint pour la sécurité des élèves et des personnels des établissements.
Le 12 mars dernier un élève du lycée était très violement agressé au marteau à proximité de l'établissement.
Mise à jour, jeudi 5 avril:
Le rectorat de Créteil, dont dépend le lycée Utrillo, a contacté France-Soir pour réagir suite à la parution de cet article. Le cabinet du recteur nous affirme que le sujet est pris très au sérieux mais que le problème est complexe notamment car les violences sont "extérieures à l'établissement".
Tout en soulignant la priorité qu'est la sécurité de tous les personnels de l'Education nationale, le rectorat indique ainsi que la sécurisation des abords du lycée Utrillo relève de la mission des forces de l'ordre et non des EMS (équipes mobiles de sécurité). Celles-ci n'ont pas compétence juridique pour intervenir en dehors de l'enceinte de l'établissement.
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