Terrorisme : les jeunes, une cible idéale pour les recruteurs de Daech

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 10 août 2016 - 10:37
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Un membre du groupe Etat islamique à Raqqa, le 29 juin 2014.
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Au 9 août, 34 mineurs, dont 11 filles, étaient mis en examen ou en attente de jugement dans des dossiers d'association de malfaiteurs en relation avec un entreprise terroriste
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Les personnes radicalisées sont de plus en plus jeunes et sont, de ce fait, des proies de choix pour les recruteurs du groupe Etat islamique. Si la tendance n'est pas nouvelle, elle tend à s'accroître: une réalité qui inquiète depuis quelques semaines les services de renseignement, tout particulièrement depuis l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray.

Elle n'avait que 16 ans et se disait prête à commettre un attentat en France. Eux avaient 19 ans et ont égorgé un prêtre. Certains radicalisés sont de plus en plus jeunes, une cible idéale pour le groupe Etat islamique. La tendance "n'est pas nouvelle" mais "tend à s'accroître", selon des sources policières et du renseignement, qui les considèrent comme des "proies faciles pour les djihadistes". Il y a un "nombre de mineurs, de plus en plus jeunes" qui "inquiète les services de renseignement depuis quelques semaines", tout particulièrement depuis l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray le 26 juillet.

"T'inquiète pas. Tout va bien, fais dodo. Je t'aime", le dernier texto envoyé à sa mère par Abdel Malik Petitjean, un des deux auteurs de l'attentat dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray transpire encore l'enfance, tout comme le visage du garçon abattu par la police. La famille d'Adel Kermiche, son complice, avait signalisé sa radicalisation, inquiète de la pente suivie par le jeune tout juste majeur. Lundi, c'est une jeune fille de 16 ans sans antécédent judiciaire qui a été mise en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle" alors qu'elle avait exprimé son intention de passer à l'acte.

Au 9 août, 34 mineurs, dont 11 filles, étaient mis en examen ou en attente de jugement dans des dossiers d'association de malfaiteurs en relation avec un entreprise terroriste, soit environ 10% des mis en examen dans des dossiers djihadistes, selon une source judiciaire. L'adolescence ou le début de l'âge adulte, une période propice au développement d'idées extrémistes? "En grandissant, on a tous une remise en cause de ce qui nous environne, notamment l'autorité parentale", concède Me Martin Pradel, un avocat qui a défendu des jeunes de 14, 15 ou 16 ans dans certains procès de filières djihadistes. Selon lui, il s'agit de personnes "en rupture avec les créneaux habituels de la connaissance, particulièrement sensibles aux thèses complotistes ou révisionnistes". Façonnées par "des arguments grossiers de propagande", elles "leur donnent la sensation qu'ils vont pouvoir se construire".

"Pas fondamentalement attirés par le morbide", mais adeptes des réseaux sociaux, ils retrouvent dans les vidéos de propagande sur internet "le discours alternatif" qu'ils préfèrent à celui servi aux masses selon eux désinformées. Entre connaissance plus qu'approximative du Coran et arguments géopolitiques, "ce sont encore des enfants, beaucoup plus sensibles à des discours" dispensés par des mentors "quand les autorités traditionnelles de leur entourage sont défaillantes", poursuit Me Pradel.

En mars, deux lycéennes de Haute-Savoie avaient fugué, soupçonnées de vouloir rejoindre les rangs de l'EI en Syrie. Israé A. et Louisa B., 15 et 16 ans, étaient finalement rentrées dans leurs familles après 48h d'angoisse. Fragiles psychologiquement, hyperconnectés, ces adolescents sont la cible idéale des rabatteurs, expliquait alors Dounia Bouzar, du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI). Aux filles, ils font miroiter "un mariage avec un héros qui se sacrifie pour sauver les enfants gazés par Bachar al-Assad": le mythe de "Daechland", "ça marche très fort pour des filles hypersensibles", "trahies par des copines" et en quête de "vraies amitiés", analysait-t-elle.

"Que l'adolescence soit une période de crise, de remaniement, de fragilité, où on est influençable, cela ne suffit pas à expliquer" que certains jeunes basculent, relativise la psychologue-clinicienne Amélie Boukhobza. Elle met plutôt en avant "les discours de haine contre l'Occident, la France en particulier, contre la laïcité qui se propagent à vitesse grand V et ont pénétré les quartiers, les banlieues". "Une fois que vous avez des individus en permanence dans des discours antisémites, victimistes, complotistes, ça n'est pas très compliqué de basculer plus loin. Ces individus en position identitaire de rupture deviennent mûrs pour être cueillis dans la radicalisation politique".

Plutôt qu'un "test de radicalisation" dans les établissements scolaires comme proposé par Geoffroy Didier (Les Républicains), Amélie Boukhobza préconise une très grande vigilance à l'égard de ces profils, nombreux dans les collèges et les lycées. Et conseille même de s'intéresser aux tout-petits : "certains enfants d'école maternelle ou primaire tiennent des propos qui font froid dans le dos, qu'ils n'ont pas inventés, qui circulent dans les familles. Et là, il faut contrecarrer l'éducation transmise".

 

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