Un an après "Charlie", un homme armé d'un hachoir abattu devant un commissariat à Paris
Un homme criant "Allah Akbar" a été tué par les policiers en tentant d'entrer avec un hachoir de boucher dans un commissariat parisien, un an jour pour jour après l'attentat contre Charlie Hebdo, rappelant à la France les menaces proférées par les groupes djihadistes.
Cet homme, porteur d'un papier sur lequel figure le drapeau du groupe Etat islamique, selon le parquet, a été abattu devant le commissariat de la rue de la Goutte-d'Or, quartier populaire et multiethnique du nord de Paris, connu pour ses trafics en tout genre.
A 11h30, un homme porteur "d'une arme blanche de type feuille de boucher" et d'un dispositif explosif factice "s'est présenté devant le commissariat du XVIIIe arrondissement, a exhibé son arme et crié +Allah Akbar+ (Dieu est le plus grand, en arabe, NDLR) avant d'être abattu par les policiers en faction", a annoncé le procureur de la République de Paris, François Molins, dans un communiqué.
"Ont été découverts sur lui un téléphone portable et un papier sur lequel figurent le drapeau de Daech (acronyme arabe du groupe djihadiste Etat islamique, NDLR) et une revendication manuscrite non équivoque en langue arabe", a-t-il précisé. La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie de l'enquête, pour tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique.
Le corps de l'assaillant, vêtu d'un manteau sombre et d'un jean bleu, gisait sur le trottoir devant le commissariat. Sous son manteau, une petite pochette scotchée d'où sortait un fil. Un robot de déminage a permis de s'assurer que ce dispositif ne contenait pas d'explosifs, selon une source judiciaire.
L'agresseur est "en cours d'identification", "il sera par conséquent possible dans les heures qui viennent d'en savoir davantage sur son parcours et ses motivations", a assuré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui s'est rendu sur place, avec notamment la maire de Paris Anne Hidalgo.
L'assaillant était connu des services de police pour une affaire de vol en réunion en 2013 dans le sud de la France, a appris jeudi l'AFP de sources proches de l'enquête. A l'époque des faits, l'homme avait déclaré aux gendarmes chargés de l'enquête s'appeler Sallah Ali.
Il se présentait comme un sans domicile fixe, né en 1995 à Casablanca au Maroc. Ses empreintes digitales avaient alors été entrées dans le Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED) et correspondent à celles de l'homme tué jeudi après avoir attaqué le commissariat, ont indiqué ces sources.
Du 5e étage d'un immeuble situé face au commissariat, Reka Polonyi, une professeure d'université de 30 ans, a vu deux policiers "crier sur un homme qui avançait très vite vers eux. Comme il continuait à avancer, les policiers ont tiré sur lui alors qu'il n'était peut-être plus qu'à 2 ou 3 mètres. Puis l'homme est tombé".
Les policiers ont, dans un premier temps, ordonné aux passants de se réfugier dans les magasins, dont les rideaux de fer ont été baissés. La rue a été bouclée. Les élèves d'une école maternelle et d'une école primaire de la rue ont été "confinés", a indiqué l'académie de Paris.
Cette agression est intervenue alors que François Hollande présentait ses vœux aux forces de sécurité à la préfecture de police de Paris, lieu symbolique où il s'était incliné l'an dernier sur les cercueils des trois policiers figurant parmi les victimes des frères Kouachi et d'Amédy Coulibaly, auteurs des attentats du 7 au 9 janvier 2015.
Ces attentats, qui ont fait basculer la France dans une nouvelle ère de menace djihadiste, ont été suivis tout au long de l'année 2015 d'autres attaques ou projets d'attentats, souvent avortés, et ont culminé le 13 novembre dans des attaques multiples qui ont fait 130 morts.
Dans son discours, le président a rendu hommage aux forces de l'ordre, rappelant que toute agression d'un policier, d'un gendarme ou d'un sapeur-pompier constituait une "atteinte à la République".
Il a confirmé un prochain projet de loi pour renforcer la procédure pénale en matière de terrorisme et de crime organisé. Parmi les mesures envisagées, l'assignation à résidence hors état d'urgence, la fouille dans certains cas des véhicules et bagages "à proximité des sites les plus sensibles" ou encore l'évolution des "conditions d'emploi" de leurs armes par les policiers.
Face à des "actes de guerre", c'est "la doctrine même des forces de sécurité qui doit être adaptée", a martelé le chef de l'Etat, qui a fixé "trois principes": "fermeté", "réactivité" et "unité".
Les attaques contre des policiers ou militaires ne sont pas une première.
Le 20 décembre 2014, un jeune converti de 20 ans, Bertrand Nzohabonayo, était abattu dans un commissariat de Joué-les-Tours (Indre-et-Loire), après avoir blessé à l'arme blanche trois policiers en criant "Allah Akbar".
Le 1er janvier dernier, des militaires en faction devant la mosquée de Valence ont ouvert le feu sur un automobiliste qui leur fonçait dessus, le blessant grièvement. La qualification terroriste n'a pas été retenue à ce stade, l'auteur, un Français de 29 ans d'origine tunisienne, ayant des motivations confuses.
Depuis plusieurs années, Al-Qaïda et le groupe Etat islamique exhortent leurs recrues et leurs volontaires à passer à l'action en Occident, fournissant les listes de cibles, au premier rang desquelles figurent systématiquement militaires et policiers.
Contre elles, tout est bon, avait rappelé le porte-parole du groupe Etat islamique, Abou Mohammed al-Adnani: leur tirer dessus, les poignarder, poser des bombes artisanales, répandre du poison, utiliser voiture ou camion comme arme.
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