Un numéro d'appel mis en place pour les femmes victimes de viols conjugaux

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 07 novembre 2016 - 13:33
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15% des appels concernent des viols à l'intérieur du couple.
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Pour apporter une écoute aux femmes victimes de viols, un numéro gratuit et anonyme a été mis en place. Avec une attention particulière portée aux agressions au sein du couple, soit 15% des appels.

"Je ne comprends pas pourquoi il m'a violée." Très agitée, cette sexagénaire a appelé pour la première fois fin octobre "Viols femmes informations", numéro gratuit et anonyme qui offre aux victimes écoute et soutien.

Retraitée de la région parisienne, Catherine a été violée au mois d'août par son mari. Quand elle appelle le 0800 05 95 95, son récit part dans tous les sens, entrecoupé de pleurs.

Elle évoque pèle-mêle leur rencontre alors qu'elle était mère célibataire, les coups que lui portait son mari, ses infidélités, son départ, ses tentatives de lui prendre son appartement, la plainte pour viol dont elle n'a pas de nouvelles, les violences conjugales dont elle a été témoin dans l'enfance. "J'ai pas de chance."

Nathalie, l'une des "écoutantes", tente avec patience et douceur de la réconforter -"vous avez été très courageuse, seules 10% des victimes de viol portent plainte"- tout en se montrant ferme pour obtenir un récit cohérent. "On ne va pas parler de tout aujourd'hui."

Catherine finit par expliquer que son mari, qui avait quitté depuis plusieurs semaines le domicile conjugal, est revenu un soir et s'est couché sans dire un mot. "Il m'a serré les poignets et m'a pénétrée. Ça faisait des années qu'il ne m'avait pas touchée."

"Ce qu'il a commis est un viol conjugal, c'est un crime aggravé. Vous n'y êtes pour rien", répond Nathalie.

Cette dernière est membre du Collectif féministe contre le viol (CFCV), qui gère depuis 30 ans cette permanence téléphonique nationale. Depuis les modestes locaux de l'association, situés dans le sud de Paris, plus de 50.000 victimes de viols ou agressions sexuelles ont été soutenues, conseillées, orientées. La plateforme traite aujourd'hui quelque 7.000 appels par an.

Les viols conjugaux représentent environ 15% des appels pour viols.

En 30 ans, la parole des victimes s'est libérée. "Les femmes appellent plus vite", souligne la présidente du collectif, Emmanuelle Piet, médecin de Protection maternelle et infantile (PMI) à Bondy (Seine-Saint-Denis). "Quand on a commencé, on recevait beaucoup d'appels après 10, 15, 20, 30 ans de silence."

Dans plus de la moitié des situations, les agressions relatées par les victimes ont eu lieu quand elles étaient mineures. Des hommes appellent aussi, mais les femmes et jeunes filles représentent la grande majorité des victimes.

Les écoutantes, dont certaines sont psychologues spécialisées en victimologie ou criminologie, informent les victimes de leurs droits et les orientent.

"C'est important de couper tout contact avec votre agresseur", recommande Nathalie à Catherine (NDLR: les prénoms ont été changés), avant de lui donner les coordonnées d'une association partenaire dans son département, où elle aura accès gratuitement à des psychologues, groupes de parole, juristes.

A partir du récit qui leur est fait, les écoutantes analysent la "stratégie de l'agresseur": séduction, isolement, menaces, peur, tentative d'"inverser la culpabilité" afin que la victime se taise ...

"On veut les aider à aller mieux. Comprendre ce qui s'est passé et réaliser qu'elles n'y sont pour rien du tout, c'est important", souligne le Dr Piet.

A l'approche du 25 novembre, journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le collectif lance mardi sur internet et le 15 novembre sur plusieurs chaînes de télévision une campagne pour inciter les victimes à se tourner vers cette ligne spécialisée.

"En appelant +Viols femmes informations+, elles pourront trouver une écoute professionnelle, de l'aide pour se reconstruire", souligne le Dr Gilles Lazimi, médecin généraliste à Romainville (Seine-Saint-Denis) et coordinateur de la campagne.

Quelque 84.000 femmes adultes sont victimes de viol ou tentative de viol chaque année, selon les estimations officielles (Insee-ONDRP).

 

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