A Viry-Châtillon, les policiers rendent un hommage silencieux à leurs collègues agressés
Un hommage et des revendications: plusieurs centaines de policiers se sont rassemblés en silence ce mardi 11 devant les commissariats de France, en solidarité avec leurs collègues attaqués samedi dans l'Essonne, mais ont aussi réclamé plus de moyens et davantage de fermeté. Outre ces hommages à l'appel de syndicats de gardiens de la paix et d'officiers (SCSI, Alternative-Police, Unsa-Police, Unité SGP-Police FO), deux autres organisations (Alliance et Synergie) ont décrété une "grève du zèle" ou un "service minimum", consistant à ne traiter que les affaires urgentes.
Selon une étude officielle publiée mardi, 12.388 policiers ont été blessés en 2015, soit une baisse de 0,6% par rapport à 2014, mais la tendance est en forte hausse sur les six premiers mois de 2016.
En réponse à ce mouvement de protestation, Manuel Valls a annoncé mardi que les voitures de police en zone sensible seraient équipées de dispositifs "anti-caillassage", "voire de blindages". Les tenues seront "intégralement ignifugées", a ajouté le Premier ministre, tandis que l'usage de caméras mobiles pour "visualiser à distance" une intervention "en temps réel" fera l'objet d'une "réflexion".
Dans l'Essonne, à Évry, à moins de 20 kilomètres de Viry-Châtillon où quatre policiers ont été attaqués samedi au cocktail Molotov, une centaine de fonctionnaires se sont réunis en soutien à leurs collègues "victimes d'un acte inqualifiable, odieux, intolérable", a déclaré le secrétaire général adjoint d'Unité SGP-Police FO, Daniel Chomette.
"Les faits sont là: on a tenté d'assassiner nos collègues", a-t-il estimé. "Il faut que la justice suive. Nous exigeons une tolérance zéro pour les actes de délinquance sur des policiers", a-t-il dit, en fustigeant également la réduction du nombre de policiers sous la droite "qui a dévasté les commissariats", "en sous-effectif et mal équipés".
Peines plus sévères face à l'"impunité" des agresseurs de policiers, plus d'effectifs et de moyens: les policiers ont communiqué les mêmes revendications à travers la France, même si les rassemblements se sont déroulés en silence, sans banderoles ni affichage syndical.
"Il faut que la justice réponde, donne du crédit à notre travail", a souhaité un policier, manifestant avec une soixantaine de personnes devant la préfecture de police de Paris. "On est en colère, on en a ras-le-bol. Il y a un malaise, quelque chose de cassé."
À Toulouse, où 150 policiers se sont rassemblés, certains ont réclamé l'élargissement de la légitime défense. "Face à une voiture qui force un barrage, les gendarmes ont le droit de sortir leur arme avant et nous seulement après", a expliqué Cédric Delaye, de l'Unsa-Toulouse, en exigeant "les mêmes règles pour tous".
Ailleurs en France, une centaine de policiers se sont notamment réunis à Rennes, Rouen, Caen, Tours et Orléans, une trentaine à Marseille et une soixantaine à Lyon, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Certains observaient également un "service minimum". Selon Claude Carillo, d'Alliance dans l'Essonne, il n'y a eu "que deux interpellations" dans la nuit de lundi à mardi "dans le département, contre une trentaine" normalement lors d'"une nuit calme". Le secrétaire général du syndicat, Jean-Claude Delage, a réclamé "la mise en œuvre sans délai de +Grenelles de la sécurité intérieure+ dans chaque département, sous l'autorité de l’État", où les policiers "pourront proposer des solutions de proximité concrètes".
Un adjoint de sécurité de 28 ans, très grièvement brûlé lors de l'attaque de samedi, était toujours sous coma artificiel avec un "état stabilisé" lundi soir, a dit à l'AFP une source judiciaire. Selon une source policière, il a subi lundi après-midi "une opération des mains qui laisse de meilleurs espoirs" quant à la possibilité d'en retrouver l'usage. Également brûlée, une gardienne de la paix de 39 ans est hors de danger. Deux autres policiers ont été moins grièvement touchés.
Cette équipe était en mission de surveillance près du "carrefour du Fournil", connu pour ses vols avec violences sur des automobilistes, en lisière de la cité sensible de la Grande-Borne, quand une dizaine de personnes "cagoulées", selon les autorités, ont brisé les vitres de deux véhicules et les ont incendiés en tentant de bloquer les policiers à l'intérieur.
Aucune arrestation n'a eu lieu en lien avec cette affaire.
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