Aspergillose : les dangers des champignons super-résistants
Les champignons sont partout, y compris dans nos poumons. Il n'est en effet pas rare de respirer notamment des aspergillus, qui, s'ils sont inoffensifs dans la plupart des cas, peuvent chez certaines personnes fragiles (astmathiques ou ayant déjà eu une maladie pulmonaire) se développer à l'intérieur du poumon. On parle d'aspergillose, pathologie avec des conséquences parfois mortelles.
Le Congrès international de la Société européenne des maladies respiratoires qui s'est tenu à Paris lundi 17 a été l'occasion de rappeler qu'officiellement trois millions de personnes touchées dans le monde et 240.000 en Europe, un chiffre qui serait grandement en dessous de la réalité selon plusieurs experts.
Ceux-ci alertent donc sur le traitement de la maladie, d'autant plus que celle-ci serait de plus en plus difficile à combattre.
Car si les maladies à champignons sont moins connues et redoutées que celles provoquées par des bactéries, elles suivraient la même évolution inquiétante. Le meilleur traitement est en effet le recours aux antifongiques. Mais de la même manière que l'abus d'antibiotiques a commencé à créer des super-bactéries résistantes, l'usage d'antifongiques a favorisé la mutation des champignons comme les aspergillus.
Voir: Maladies nosocomiales: une bactérie résistante se développe dans les hôpitaux
Une résistance qui trouverait son origine dans un autre problème: l'utilisation des produits phytosanitaires. De la même manière qu'ils deviennent plus résistants aux antifongiques utilisés par les médecins, les champignons développent également une résistance aux antifongiques utilisés dans l'agriculture et l'horticulture. C'est d'ailleurs chez un agriculteur et un employé de la filière bois que les deux premiers cas d'aspergillose résistante ont été observés en France.
Les champignons qui s'attaquent aux cultures ne sont pas les mêmes que ceux qui provoquent l'aspergillose, "mais les fongicides que les agriculteurs emploient ne font pas la différence, ils rendent résistants les pathogènes humains", explique au Monde Laurence Millon, chef du service de parasitologie-mycologie du centre hospitalier de Besançon. Situation qui dégénère en cercle vicieux puisque face à un parasite plus résistant, nombre d'agriculteurs optent pour un produit phytosanitaire plus puissant. A cela s'ajoute le fait que certains de ces produits sont accusés de passer dans la chaîne alimentaire et de provoquer des malformations ou des cancers.
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