Chronique Covid 3 – La Covid-19 est-elle plus mortelle qu’une grippe saisonnière ? Mon œil !

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François Pesty pour FranceSoir
Publié le 03 juillet 2020 - 12:37
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CHRONIQUE : Alors qu’une cinquantaine de décès seulement n’était alors à déplorer en France, c’est sur un ton solennel, le 12 mars 2020, avant d’annoncer la fermeture des écoles qu’Emmanuel MACRON débutait son discours :

« Pour les familles et les proches de nos victimes, cette épidémie qui affecte tous les continents, et frappe tous les pays européens, est la plus grave crise sanitaire qu’ait connu la France depuis un siècle ».

 

Oubliée, la grippe espagnole avait fait 40 à 100 millions de morts entre 1918 et 1919, soit plus que les 20 millions de morts de la 1ère guerre mondiale. C’était donc à deux ans près, il y a un siècle.

Mais beaucoup plus près de nous, comment le chef de l’Etat a-t-il pu passer sous silence les 40.000 morts dus au sida en France entre 1982 et 2002 ?

 

Plus tard, le 23 avril 2020, Jérôme SALOMON, Directeur général de la santé, devant les députés de la mission parlementaire d’information, n’a pas hésité à comparer l’épidémie du nouveau coronavirus à la peste noire de 1347 et à la pandémie de grippe espagnole.

Mais qu’en est-il en réalité ? Il est très difficile d’apprécier la fiabilité des dénombrements de décès attribués au virus SARS-COV-2. Les critères de définition des « décès covid-19 confirmés par Santé Publique France », ceux énumérés par le DGS tous les soirs pendant des semaines, sont introuvables sur le site de cette agence. Parle-t-on des morts avec le covid ou des morts causés par le covid ? Ce n’est pas la même chose. On peut mourir d’un infarctus en étant porteur du virus. Quelle est alors la cause du décès ? Jérôme SALOMON a confirmé lors de son audition par la commission d’enquête que tous les patients hospitalisés étaient testés. Si l’on prend la totalité des décès PCR+, nous serions devant un surdiagnostic massif. Inversement, la sensibilité du test RT-PCR, très dépendante de la qualité du prélèvement réalisé par écouvillonnage naso-pharyngé, pourrait n’être que de 70%. Ce qui signifie qu’il pourrait y avoir jusqu’à 30% de faux négatifs.

Dans ce contexte, il est intéressant de se tourner vers une donnée beaucoup plus fiable, les décès toutes causes, dont la déclaration à l’INSEE est obligatoirement pour les municipalités. Nous avons donc pu comparer par deux méthodes différentes aboutissant à un résultat quasiment identique, les nombres de décès toutes causes pendant les périodes d’épidémie de syndromes grippaux et de covid.

Pour cela, il aura fallu télécharger et importer dans une base de données relationnelle les « fichiers nominatifs de décès » de l’INSEE 2016, 2017, 2018, 2019, et janvier, février, mars, avril, mai 2020 1. Organiser ces données sur une base hebdomadaire dite « ISO », chaque semaine commençant un lundi et se terminant un dimanche, pour coller aux données d’incidence épidémique (nombres de cas) collectées par le réseau « Sentinelles » 2.

 

Méthode 1. Nous nous sommes basés sur périodes épidémiques au-dessus d’un seuil de 100 cas pour 100.000 habitants, de la semaine 3 à la semaine 10 (soient 8 semaines du 13 janvier au 8 mars) pour « la grippe » 2020, et de la semaine 11 à la semaine 16 (soient 6 semaines du 9 mars au 19 avril) pour le covid-19. Le tableau ci-dessous présente les cumuls de décès toutes causes par période d’activité épidémique grippale et de covid en 2020 pour les nouvelles régions (France et Outre-mer).

Les taux de mortalité rapportés à 100.000 habitants ont été calculés en utilisant les estimations de population au 1er janvier 2020 réalisées par l’INSEE 3.

Si l’on compare la mortalité hebdomadaire toutes causes en France pendant les deux périodes épidémiques au-dessus du seuil de 100 cas pour 100.000 habitants, nous avons respectivement 12.590 et 15.965 décès par semaine pour les syndromes grippaux et le Covid-19.

Au total, la mortalité hebdomadaire pendant les périodes épidémiques 2020 aura été de 26,8% plus élevée pendant la Covid-19 que la grippe.

 

Méthode 2. Nous avons aussi souhaité comparer la mortalité toutes causes pendant la pandémie Covid-19 en France avec celle des 4 dernières épidémies de syndromes grippaux, en se basant cette fois-ci sur les seuils d’entrée et de sortie d’épidémie définis par le réseau Sentinelles dans ses « bilans annuels » publiés pour les années 2014 à 2018 4. A savoir 169 cas pour 100.000 habitants comme seuil moyen d’entrée dans l’épidémie et 124 cas pour 100.000 habitants comme seuil de sortie. Nous avons également tenu compte des décalages entre les pics d’incidence et les pics de mortalité, en décalant d’autant les semaines prises en compte pour la sommation des décès.

Le tableau ci-après présente nos résultats :

La moyenne journalière des décès toutes causes pendant les périodes épidémiques des 4 dernières épidémies de syndromes grippaux est de 1.953 décès par jour. Avec 2.456 décès par jour, le surcroit de mortalité par rapport à la grippe n’est que de seulement 25,8%.  Ce résultat est très proche de celui obtenu par la méthode 1.

Ce nouveau coronavirus n’est pas le monstre aussi dévastateur que l’on voudrait bien nous faire croire.

D’ailleurs, l’OMS elle-même situe à 650.000 morts par an la fourchette haute de ses estimations à l’échelle mondiale pour la grippe saisonnière, en ne tenant compte que des seules affections respiratoires causales du décès 5. Nous venons à peine de dépasser les 500.000 morts du covid au niveau planétaire.

La mortalité de ce virus est donc du même ordre de grandeur que celle de la grippe.

Nous ne pouvons pas écarter l’hypothèse selon laquelle ces 25 à 27% de décès supplémentaires avec le Covid-19 puissent être attribuables aux effets délétères du confinement généralisé…

Nous en reparlerons.

 

François PESTY, est Docteur en Pharmacie, ancien interne des hôpitaux de Paris. Il est également diplômé d’une grande école de commerce à Paris et San Francisco. Après ses 4 années d’internat, il passe plus de 15 ans dans l’industrie pharmaceutique, dans 3 laboratoires, au management du marketing et des ventes. En 2005, il devient consultant indépendant, Expert-Conseil pour une prise en charge médicamenteuse mieux sécurisée (à l’hôpital), plus pertinente et plus efficiente. Il participe depuis 2012 à l’organisation annuelle du colloque « Sur- et Sous- médicalisation, surdiagnostics et surtraitements ».

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