Chronique Covid N°12 – « Bas les masques : trop d’incertitudes sur leurs inconvénients, leur tolérance et leurs effets indésirables »

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François Pesty pour FranceSoir
Publié le 22 juillet 2020 - 14:19
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« Les inconvénients des masques faciaux et les stratégies d'atténuation possibles » – une revue systématique et une méta-analyse prépubliée le 19 juin 2020, pas encore revue par les pairs, et à laquelle ont également participé Chris Del Mar et Paul Glasziou, deux co-auteurs de la revue systématique sur l’efficacité des masques de la collaboration Cochrane dont nous avons parlés dans la chronique précédente, permet de situer l’ampleur de la problématique.

 

Ce travail avait pour objectif d’identifier, d’estimer, et de synthétiser toutes les études qui ont analysé les inconvénients du port de masques dans toutes les situations où ils sont utilisés. Mais aussi, de proposer des stratégies pour les atténuer.

Les principaux enjeux étaient l’observance du port du masque, ses désagréments (inconforts), ses nuisances, ses effets indésirables. 5.471 publications ont été passées au crible, dont 37 (correspondant à 40 références bibliographiques) analysées et 11 qui ont fait l’objet d’une méta-analyse. 

Résultats : S’agissant de l’observance (aptitude à porter le masque), il y avait 47 % de personnes en plus qui portaient un masque dans le groupe étudié par rapport au groupe de contrôle. L’observance était meilleure (26 %) pour les masques chirurgicaux ou médicaux que pour les masques filtrants (N95/P2). Une majorité d’études (20/37) ont rapporté une gêne (inconfort) et un problème d’irritation.

Moins nombreuses sont celles qui ont rapporté un mésusage des masques.

Quant à la contamination des masques par des agents infectieux, aucune étude n’abordait ce problème important. Idem pour les pratiques de relâchement sur les autres « gestes barrières » lorsque l’on porte un masque.

Les auteurs concluaient que les données actuelles sont insuffisantes pour quantifier tous les effets indésirables qui réduisent l’acceptabilité, l’observance et l’efficacité des masques faciaux. Les nouvelles recherches sur les masques faciaux devraient évaluer et rendre compte des méfaits et des inconvénients.

Il est également urgent de mener des recherches sur les méthodes et les modèles conceptuels permettant d'atténuer les inconvénients du port du masque facial, en particulier l'évaluation des alternatives telles que les visières de protection.

 

Selon une réponse rapide faite au British Medical Journal (BMJ) par une équipe de chercheurs de l’Institut d’épidémiologie et de la santé, University College London (UCL), suite à la publication dans cette revue prestigieuse d’un article à propos du port par le grand public de masques faciaux pendant la pandémie de covid-19, il faut distinguer :

- Les inconvénients généralement admis par la communauté scientifique :

1_ Le port d'un masque facial peut donner un faux sentiment de sécurité et amener les gens à relâcher leur adhérence à d'autres mesures de lutte contre les infections, comme la distanciation sociale et le lavage des mains.

2_ L’utilisation inappropriée du masque : les personnes ne doivent pas toucher leur masque, doivent changer fréquemment leur masque à usage unique ou le laver régulièrement, l'éliminer correctement et adopter d'autres mesures, faute de quoi leurs risques et ceux des autres peuvent augmenter.

- Mais d’autres risques sont aussi à considérer :

3_ Lorsque deux personnes portant des masques se parlent, la parole (volume sonore), l’écoute (les capacités auditives) et la compréhension mutuelle sont considérablement altérées et ces personnes peuvent alors inconsciemment se rapprocher. Cet effet secondaire est plus difficile à combattre que le (1_).

4_ Le port d'un masque facial fait passer l'air expiré dans les yeux. Cela génère une sensation d'inconfort et incite à se toucher les yeux. Si vos mains sont contaminées, vous vous infectez vous-même.

5_a_ Les masques faciaux rendent la respiration plus difficile. Pour les personnes atteintes d’insuffisance respiratoire de type « broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO), les masques faciaux deviennent insupportables, car ils aggravent leur essoufflement. De plus, une fraction du gaz carbonique préalablement expirée est inhalée à chaque cycle respiratoire. Ces deux phénomènes augmentent la fréquence et la profondeur de la respiration, et donc la quantité d'air inhalé et exhalé. Cela peut aggraver la charge de SARS-COV-2 si les personnes infectées qui portent des masques répandent davantage d'air contaminé. Cela peut également aggraver l'état clinique des personnes infectées si l'augmentation de la respiration fait descendre la charge virale dans leurs poumons (et donc précipiter le développement d’une forme sévère avec détresse respiratoire susceptible d’être prise en charge en réanimation avec mise en coma artificiel, intubation et ventilation assistée...)

5_b_ Les effets décrits au point (5a) sont amplifiés si les masques faciaux sont fortement contaminés (voir point (2))

6_ S'il est essentiel d'empêcher la transmission de personne à personne pour limiter l'épidémie, peu d'importance a été accordée jusqu'à présent aux événements qui se produisent après une transmission, lorsque l'immunité innée joue un rôle crucial. Le principal objectif de la réponse immunitaire innée est d'empêcher immédiatement la propagation et la circulation d'agents pathogènes étrangers dans l'organisme. L'efficacité de l'immunité innée dépend fortement de la charge virale. Si les masques faciaux déterminent un habitat humide où le SARS-COV-2 peut rester vivant grâce à la vapeur d'eau fournie en permanence par la respiration et capturée par le tissu du masque, ils déterminent une augmentation de la charge virale et peuvent donc provoquer une défaite de l'immunité innée et une augmentation des infections. Ce phénomène peut également interagir avec les points précédents et les renforcer.

Selon les auteurs de cette réponse rapide, il est nécessaire de quantifier les interactions complexes qui pourraient bien fonctionner entre les effets positifs et négatifs du port de masques chirurgicaux au niveau de la population. Ce n’est vraiment pas le moment d’agir sans preuves.

D’après un article écrit par d’autres universitaires de l’UCL, et publié le 22 juin 2020, il n'est pas prouvé que les masques chirurgicaux protègent le grand public contre les infections à virus respiratoire ou leur transmission, très probablement en raison d'une mauvaise utilisation. Pour les masques en tissu portés par le public, le tableau est encore plus sombre. Les masques chirurgicaux sont constitués de plusieurs couches de plastique non tissé et peuvent filtrer efficacement de très petites particules, telles que les gouttelettes de SARS-CoV-2 (le virus qui cause le COVID-19). Les masques contiennent généralement une couche externe imperméable et une couche interne absorbante.

Bien que les masques fabriqués à partir d'écharpes, de T-shirts ou d'autres tissus ne puissent pas offrir le même niveau de protection et de durabilité que les masques chirurgicaux, ils peuvent bloquer certaines des grosses gouttelettes expirées par le porteur, protégeant ainsi les autres de l'exposition virale. Mais leur capacité à filtrer les gouttelettes dépend de leur construction.

 

Les masques en tissu multicouches filtrent mieux, mais sont plus difficiles à respirer. Et ils deviennent plus rapidement humides que les masques à une seule couche.

Les masques peuvent constituer une autre voie de transmission pour le virus ou susciter d'autres comportements qui favorisent sa transmission, comme le fait de se toucher régulièrement le visage (15 à 23 fois par heure en moyenne). Un masque qui démange ou qui est mal ajusté peut signifier que les gens se touchent les yeux, le nez et la bouche encore plus régulièrement. Après avoir touché votre masque, vos mains risquent d'être contaminées, avec le risque de transmettre le virus à d'autres surfaces, comme les poignées de porte, les rampes ou les tables.

Une étude assez remarquable, la toute première publiée ayant évalué comparativement les masques en tissu dans un essai randomisé.

Les masques en tissu pour le « grand public » sont ceux qui ont le moins fait l’objet d’essai clinique.

Le British Medical Journal (BMJ) a publié en avril 2015 les résultats édifiants d’une étude clinique randomisée sur un cluster comprenant 14 hôpitaux à Hanoï, Vietnam, qui a comparé chez 1.607 professionnels de santé appartenant à 74 équipes de soins (urgences, maladies infectieuses, maladies respiratoires, soins intensifs et pédiatries), le port pendant toute la durée de leur quart de travail de masques en tissu (569), de masques médicaux (580) et un groupe de contrôle qui suivait la pratique habituelle du service (avec, dans une large proportion de participants, ou sans masque). Le taux d’infection (syndromes grippaux, rhinovirus dans 85 % des 68 infections confirmées par tests au laboratoire) était 13 fois plus important avec les masques en tissus qu’avec les masques médicaux, et 3,5 fois plus important que la pratique habituelle. Une infection cliniquement documentée de type syndromes grippaux, était 6,64 fois plus fréquente et la présence du virus confirmée par test de laboratoire, 1,72 fois plus fréquente avec les masques en tissu, que les masques médicaux. La pénétration de particules à l’intérieur des maques en tissus avoisinait 97 % contre 44 % pour les masques médicaux.

Les auteurs concluent que leurs résultats mettent en garde contre l'utilisation de masques en tissu. Il s'agit d'une conclusion importante pour la santé et la sécurité au travail. La rétention d'humidité, la réutilisation des masques en tissu et une mauvaise filtration peuvent augmenter le risque d'infection.

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour informer sur l'utilisation généralisée des masques en tissu dans le monde entier, mais par mesure de précaution, les masques en tissu ne devraient pas être recommandés pour les professionnels de santé, en particulier dans les situations à haut risque

L’OMS a publié le 5 juin des « Conseils sur le port du masque dans le cadre de la COVID-19 – Orientations provisoires » (version en français). Elle propose une liste limitée de risques et d’inconvénients potentiels, dont certains que nous avons déjà abordés :

- Autocontamination due à la manipulation du masque par des mains contaminées,

- Autocontamination potentielle si un masque humide, sale ou endommagé n’est pas changé,

- Lésions cutanées faciales possibles, dermite irritante ou aggravation de l’acné résultant du port du masque pendant plusieurs heures d’affilée,

- Masques inconfortables,

- Fausse impression de sécurité pouvant conduire à un respect moins scrupuleux des mesures préventives qui ont fait leurs preuves comme la distanciation physique et l’hygiène des mains,

- Risque de transmission de gouttelettes et d’éclaboussures si le masque n’est pas associé à une protection des yeux,

- Inconvénients ou difficultés liés au port du masque par certains groupes vulnérables, par exemple les personnes atteintes de troubles mentaux, de déficiences développementales, de surdité et de troubles de l’audition et les enfants,

- Difficultés liées au port du masque en milieu chaud et humide.

 

Elle a le mérite de citer parmi les effets indésirables dont nous n’avions pas encore parlés, des pathologies dermatologiques liées au port du masque.

Rappelons et c’est un point d’importance, la sous-déclaration des effets indésirables dans la publication des résultats des essais cliniques ayant porté sur les masques et soulignée dans les revues méthodiques et méta-analyses de la collaboration Cochrane.

En prenant un peu de recul, une question mérite d’être posée. Est-il utile pour la collectivité que les biens portants mettent un masque ?

Dans l’hypothèse où les masques permettraient à celles et ceux qui les portent d’éviter tout contact avec le virus (sars-cov-2) ou plus généralement avec tout pathogène infectieux viral ou bactérien, ou encore fongique (champignons), notamment lorsque le port persiste pendant plusieurs semaines ou mois, n’y aurait-il pas des conséquences délétères sur les défenses immunitaires des porteurs de masques ?

Le fait pour un sujet sain de « se cacher » du virus ne retarde-t-il pas l’acquisition d’une immunité individuelle et/ou collective ?

Jamais je n’avais vu autant que cette matinée 9 mai 2020, deux jours avant le déconfinement, de masques portés par les clients et le personnel du supermarché où je fais mes courses !

Jamais je n’avais vu aussi peu de virus, selon la page 2 du dernier bulletin Sentinelles publié à l’époque.

Pendant le confinement, c’est nous qui nous cachions, maintenant ce serait le virus.

Dès lors, pourquoi porter des masques ?

Que devrais-je dire aujourd’hui !!!

Les masques revêtent aussi une toxicité financière

Il faut bien dire aussi que tout cela coûte horriblement cher.

Sommes-nous efficients sur cette gestion de la crise Covid-19 ?

Le 4 juin, nous apprenions au Journal Officiel que Santé Publique France se voyait dotée d’un budget 2020 de 150 millions d’€ auxquels s’ajoutait une énigmatique « DOTATION €XC€PTIONN€LL€ » au titre de « prévention épidémique et constitution de stocks stratégiques » à hauteur de 4,5 milliards d’€

 

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