Chronique Covid N°14 – « Une excellente nouvelle, passée complètement inaperçue, l’acquisition d’une immunité de « troupeau » par nos troupes de marins du Charles-de-Gaulle »

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Francois Pesty pour FranceSoir
Publié le 24 juillet 2020 - 18:31
Mis à jour le 27 juillet 2020 - 20:16
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CHRONIQUE : Non, ce n’était pas la HONTE ni de l’armée française, ni de son Ministère et ni de sa Ministre, Florence Parly, ou de la nation toute entière…

Bien au contraire, c’était une excellente nouvelle, et même la meilleure que l’on ait pu espérer pendant cette crise du covid-19….

Mais, à contrepied de la communication dramatisée gouvernementale qui vise à entretenir l’idée dans la tête des françaises et des français, que ce nouveau virus était si dangereux qu’il fallait absolument prendre ces mesures drastiques, liberticides, non fondées sur les preuves, aux conséquences sanitaires inconnues et sociales et économiques hélas avérées…

S’il y a un rapport  à télécharger sur la gestion de la pandémie de Covid-19, c’est bien celui-ci « Investigation de l’épidémie de COVID-19 au sein du Groupe Aéronaval - 21 janvier – 13 avril 2020 Centre d’épidémiologie », téléchargeable sur le site du Ministère de la Défense. Ce rapport médical détaillé a été élaboré par le Service de Santé des Armées.

Mais, pour bien comprendre ce qui s’est passé, il est nécessaire de recouper les informations de ce rapport avec celles de premier ordre, données par Mme Florence PARLY, Ministre des Armées, et sa ministre déléguée Geneviève Darrieussecq, lors de leurs 2 auditions (en tout prêt de 4 heures) devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale :

- 1ère audition, le 17 avril 2020 (Vidéo téléchargeable : ici)

La Ministre confie qu’à partir du 21 janvier 2020, 1760 marins étaient engagés sur le porte-avions Charles-de-Gaulle pour différentes missions qui devaient durer jusqu’au 24 avril, d’abord dans l’opération « CHAMAL » en méditerranée orientale, contre DAESH, puis ont participé à plusieurs exercices multinationaux et à la protection des approches maritimes européennes en atlantique nord et en mer du Nord.

 

Mais ce n’est que dans la journée du mardi 7 avril (au moment du pic de mortalité dans les hôpitaux métropolitains) que la Ministre est informée par le Chef d’état-major de la marine de la présence de 36 cas symptomatiques sur le porte-avions. Elle mettra immédiatement fin à la mission du Charles-de-Gaulle et ordonnera le retour du groupe « Aéronaval ». Pourquoi aéronaval ? Car le Charles de Gaulle ne circule pas seul, mais accompagné de frégates, d’avions, d’hélicoptères…

 

Elle donne l’ordre le jour même à une équipe du centre épidémiologique de santé publique des armées (CESPA) de se rendre à bord du porte-avions pour réaliser une enquête et une première série de tests. Ainsi, une soixantaine de tests auront été réalisés à bord dès le lendemain, dont 50 se sont avérés positifs. Les marins furent évacués sur Toulon le 9 avril pour un débarquement sanitaire entre le 11 et le 13 avril, et confinés pour une quatorzaine sur 3 bases militaires (Toulon, Hyères et Landivisiau).

A la date de l’audition, 1.081 marins avaient été testés positifs au Covid-19, 545 marins symptomatiques étaient placés sous étroite surveillance du service de santé des armées, et 24 marins étaient encore hospitalisés à l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Saint-Anne de Toulon, dont un en réanimation.

Cette situation révélait une particularité de ce virus, à savoir que beaucoup de malades du covid-19 sont sans symptômes et que cela n’est pas simple à détecter. La ministre indique qu’au fur et à mesure des résultats de tests, les marins négatifs au test étaient confinés en chambre individuelle et ceux qui étaient positifs et dont les symptômes ne justifiaient pas une hospitalisation, étaient répartis deux par deux par chambre afin de pouvoir se surveiller mutuellement en cas d’aggravation de leur état.

Tiens, voilà un confinement intelligent, en tout cas, bien plus intelligent que celui généralisé qui a été ordonné à partir du 17 mars à toute la population française

 

La Ministre « Bien sûr, nous entendons les doutes, nous entendons les questions, elles sont nombreuses, sur l’origine de la contamination. Une enquête épidémiologique est actuellement en cours, pour retracer le cheminement du virus jusqu’au porte-avions. En parallèle, une enquête de commandement est destinée à établir précisément les décisions qui ont été prises par les différents acteurs concernés et à tirer les enseignements de la gestion de l’épidémie au sein du groupe aéronaval ».

 

« Parmi toutes les hypothèses, l’escale du porte-avions à Brest entre le 13 et le 16 mars 2020, c’est-à-dire juste avant le confinement. Cette escale est intervenue un mois après celle de Chypre du 21 au 26 février… Nous ne savons pas encore si le virus était déjà à bord avant cette escale du 13 mars.

 

Florence Parly passe alors la parole à sa Ministre déléguée, Geneviève Darrieussecq, pour répondre à une question d’un député. « Effectivement, nous avons dans cette propagation épidémique virale sur ce porte-avions, un vrai cas d’école à étudier et toutes les données épidémiologiques vont être particulièrement intéressantes à pouvoir retracer et vont avoir une utilité pour nos armées bien entendu. C’est-à-dire pour la marine, mais également pour nos armées de terres et l’armée de l’air, mais vont avoir également, toutes ces conclusions, un intérêt important, je crois, bien tout simplement pour la société civile aussi… »

Oui, mais comme nous allons le voir, tout ce travail admirable réalisé par le service de santé des armées ne sera pas, semble-t-il, porté à la connaissance des missions d’information et des commissions d’enquête parlementaires, qui n’ont pas jusqu’ici auditionné Florence Parly et Geneviève Darrieussecq, et finalement, passera inaperçu aux yeux des médias. Quel dommage… Ou alors, cela gênait-il ?

 

- 2ème audition, le lundi 11 mai 2020 (Vidéo à télécharger ici)

La Ministre des Armées lors de son propos liminaire, « Je suis donc venue aujourd’hui vous présenter les principales conclusions de ces enquêtes (épidémiologiques et de commandement). Mais tout d’abord, je voudrais commencer par vous donner des nouvelles des marins du groupe aéronaval. Tous sont désormais guéris, et ont rejoint leurs familles, à l’exception d’un marin toujours hospitalisé après être sorti de réanimation. C’est une excellente nouvelle et un immense soulagement pour tous »

 

« Le groupe aéronaval a donc appareillé de Toulon le 21 janvier, alors qu’il n’y avait pas de contexte lié au covid en France… Après l’opération « CHAMAL » entre le 29 janvier et le 20 février, une escale de 6 jours est effectuée au port de Limassol, à Chypre, du 21 au 26 février. Il reprend la mer en direction de l’Atlantique. Des mouvements aériens, conduits à plusieurs reprises, qui ont amené jusqu’à lui en mer, du personnel en renfort, en relève, ou bien qui revenait prendre sa place à bord. Ces mouvements ont eu lieu depuis Chypre, la Sicile, les Baléares, l’Espagne continentale et le Portugal.

Il est intéressant ici de consulter le synoptique proposé page 18 du rapport, il permet de visualiser le cheminement du porte-avions :

- Escale à Limasol, Chypre du 21 au 26 février 2020. Mais aucun cas de covid-19 n’avait été encore identifié à Chypre sur cette période.

Une entrée du virus sur le PA Charles-de-Gaulle a pu se produire lors des escales suivantes :

- Comiso (Sicile), 2 mars,

- Ibiza, Baléares (Espagne), 5 mars,

- Cadix (Espagne), 7 mars,

- Al Cochete, Lisbone (Portugal), 9 mars,

- Monte Real, Porto (Portugal), 10 mars,

 

 

 

PA CDG : porte-avions Charles de Gaulle ; FDA CHP : frégate de défense aérienne Chevalier Paul ; FASM LMP : frégate anti sous-marine La Motte Picquet

 

La Ministre Florence Parly poursuit « Et c’est à l’occasion de l’un de ces mouvements, en mer, après l’escale à Chypre et avant l’escale à Brest, que l’enquête épidémiologique situe les premières introductions du virus à bord »

 

 

Après avoir rappelé que le porte-avions se comporte comme un « aéroport flottant », la Ministre ajoute que « L’escale de Brest, qui se déroule du 13 au 16 mars, n’est donc pas la cause de la première introduction du virus à bord. Mais l’enquête révèle qu’elle a été l’occasion de la réintroduction de celui-ci, et qu’elle a été un facteur d’accélération de sa propagation »

Cette escale, constituait le retour à Brest du porte-avions qui n’y était pas retourné depuis dix ans. Elle a été jugée nécessaire tant sur le plan logistique que pour le moral et la régénération des équipages, dont une partie des familles habite en région Bretagne… La fermeture en France des bars et restaurants annoncée le 14 mars dans la journée, n’a été effective qu’à partir de minuit et le confinement, a été annoncé le 16 mars au soir après le départ du porte-avions.

 

Des mesures de distanciation sont prises et poursuit la Ministre « Au terme de la quatorzaine qui avait donc été imposée à bord, et en l’absence de cas identifiés, le 30 mars, le commandement a pris la décision d’assouplir les mesures de distanciation très strictes qui avaient été instaurées. Des « briefings » qui avaient été supprimés ont par exemple été rétablis, ainsi que des occasions communes d’échanges entre les cadres et leurs subordonnés, le sport est à nouveau autorisé, avec les mesures de distanciation, et un concert est organisé le 30 mars avec l’orchestre amateur du bord ».

 

« Ce n’est que le 5 avril, lorsque le commandement reçoit l’information selon laquelle un officier débarqué au Danemark le 30 mars est testé positif, que le doute s’installe »

 

L’information mettra 48h à remonter à l’état-Major des Armées et au niveau de la Ministre, qui décide alors de l’interruption immédiate de la mission du groupe aéronaval, et demande le retour à Toulon du porte-avions.

 

A noter que les dortoirs du Charles-de-Gaulle, de conception relativement ancienne, selon les propos de la Ministre, renferment 10 à 40 lits (lieux de couchage collectifs). Ces conditions d’hébergement des près de 1.800 marins à bord, étaient donc plutôt propices à une rapide propagation des virus respiratoires… « L’espace est un luxe et la promiscuité la règle » a déclaré la Ministre.

 

Le rapport disponible sur le site du Ministère est instructif :

L’enquête épidémiologique montre que « plus de la moitié des répondants a déclaré n’avoir jamais ou peu respecté les mesures de distanciation sociale (52,9 %) », sans qu’elles ne soient précisément définies, ni dans le rapport, ni dans les propos de la Ministre pendant ses auditions.

Le port du masque semble avoir été bien respecté par les marins à leur poste de travail (82 % « toujours » ou « tous les jours »), mais beaucoup moins à leur poste d’équipage (45,2 % « jamais » ou « parfois »)

 

Le point d’orgue de la contamination semble bel et bien avoir été le concert au Danemark « Le concert du 30 mars, a pu être un moment clef dans cette bascule. Les rassemblements de type concert sont typiquement décrits dans la littérature comme des événements « super » disséminateurs ».

Petite phrase intéressante, tirée du rapport, mais il faut la lire jusqu’au bout « L’épidémie a rapidement décru dès l’utilisation de masques anti-projections (masques chirurgicaux) le 8 avril 2020. Il est difficile de faire la part entre une efficacité de la généralisation du port du masque et la proportion élevée de sujets infectés qui, de facto, entraine la fin d’une épidémie ».

 

En effet, le CESPA ferait bien de lire ma chronique N°11, car l’efficacité trop incertaine des masques, va bien dans le sens de la seconde hypothèse explicative à laquelle ils ont pensé. Bravo ! D’autant que le 8 avril était un peu tardif pour débuter le port de masques…

 

« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément » Nicolas Boileau-Despréaux (1674)

Après avoir rappelé la chronologie des événements, et précisé les caractéristiques de cette épidémie « dans l’épidémie », tout s’éclaircit, et ça tient en une seule phrase, un tweet :

« Le porte-avions Charles de Gaule est un formidable exemple d’acquisition de l’immunité collective, 1.064 marins contaminés sur 1.767, soient 60,2%, l’essentiel en 5 semaines (du 16 mars au 20 avril), tous guéris, 1 convalescent (lors de l’audition de Florence Parly du 11 mai) »

Comment expliquer que les péripéties du paquebot de croisière « Diamond Princess » aient été mieux relayées par les grandes revues médicales que la magnifique expérience de nos marins qui aurait pu éclairer le monde entier ?

La courbe épidémique des cas confirmés est éloquente

 

Le Charles-de-Gaulle, un vrai laboratoire vivant grandeur nature, qui démontre l’inutilité du confinement généralisé

Le message des marins du Charles de Gaulle aurait pu être celui-ci « Si vous êtes jeunes, en bonne santé, faites comme nous, circulez librement, et faites confiance à vos défenses immunitaires »

Quel média a osé aborder « l’affaire du porte-avions Charles-de-Gaule » sous cet angle ?

Le chef des armées, autorité suprême pour les questions militaires, Emmanuel Macron, notre Président de la République, devrait lire cette chronique et faire son introspection :

 

Pourquoi avoir le 17 mars enfermé 51 millions de françaises et de français en bonne santé pendant huit longues semaines, alors qu’ils auraient probablement pu contrôler l’épidémie en cinq semaines comme l’ont fait nos marins ?

Pourquoi les avoir tous cachés ce lundi 20 juillet derrière un masque ?

Ce sont les malades, les vulnérables, au premier chef desquels les personnes les plus âgées, qu’il fallait isoler, confiner, protéger…

 

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