Chronique Covid N°6 – « Le grand âge : 1er facteur de risque de mortalité par virus respiratoires »
CHRONIQUE : Ces dernières années, ni le grand froid, ni la faim, n’auront été en France à l’origine de mortalité massive durant nos hivers. Nous pouvons donc raisonnablement penser que les pics de mortalité toutes causes confondues observés pendant cette saison se produisent au moment des épidémies à virus respiratoires.
D’où l’intérêt d’exploiter les fichiers nominatifs de décès mis en « Open data » sur le site de l’INSEE, institut national de la statistique et des études économiques. Il paraissait judicieux de regrouper ces données sur une base hebdomadaire selon le même calendrier, dit « iso » (chaque semaine démarre un lundi et se termine un dimanche), utilisé par le réseau Sentinelles, afin de pouvoir « caler » les pics de mortalité toutes causes sur l’incidence épidémique (évolution des nombres de cas pour 100.000 habitants) estimée par les médecins généralistes et pédiatres bénévoles.
Le graphique suivant présente les nombres de décès hebdomadaires toutes causes, pendant les 5 dernières épidémies à virus respiratoires, syndromes grippaux et covid-19, depuis la semaine 44 de 2016, jusqu’à la semaine 21 de 2020 (du 31 octobre 2016 au 23 mai 2020). Il permet d’embrasser toute la période et d’observer les pics en période hivernale et les creux en période estivale.
Les pics de mortalité toutes causes diffèrent par leur hauteur, leur largeur et leur forme. L’épidémie de syndrome grippaux en 2018 par exemple, se caractérise par deux pics distincts ? Le pic de la covid-19 en 2020 est légèrement plus élevé que ceux des syndromes grippaux 2017 et 2018, mais plus fin que tous les autres.
Le graphique suivant met en perspective les pics de mortalité chez l’homme et la femme, lors de ces mêmes 5 dernières épidémies à virus respiratoires en France.
Nous observons un léger excès de décès chez les femmes pendant les pics hivernaux (débordement du rose) et des hommes l’été (débordement du bleu). Pour les femmes, il est probable que ce soit en raison de leur âge plus avancé et aussi par ce qu’elles sont plus nombreuses.
Le graphique ci-après permet de distinguer les pics de mortalité toutes causes, selon 6 tranches d’âges, toujours lors des 5 dernières épidémies. Les informations (dates, hauteurs) des pics d’incidence observés par le réseau Sentinelles ont été ajoutés sur les courbes.
La mortalité toutes causes des plus jeunes (moins de 20 ans, 20 à 40 ans et 40 à 65 ans) est si faible, qu’il n’est pas possible de la distinguer sur le graphique.
Le tableau suivant donne la répartition par classes d’âges des décès toutes causes au cours des 5 dernières épidémies de syndromes grippaux et de covid-19 aux pics de décès hebdomadaires
Les plus de 85 ans et les plus de 65 ans représentent environ 50% et 85 % des décès toutes causes, survenus aux pics de mortalité lors des 5 dernières épidémies en France de virus respiratoires, 4 syndromes grippaux et le nouveau coronavirus. Les variations sont minimes d’une année et d’un virus à l’autre, entre 48% et 50,7% pour les plus de 85 ans, entre 84,2% et 87,7% pour les plus de 65 ans. Comme si les virus respiratoires se chargeaient de réguler finement la pyramides des âges.
La pyramide des âges au 1er janvier 2020 selon l’INSEE :
Mais, quelque chose m’a échappé lors de la gestion de cette crise de la pandémie Covid-19.
Pourquoi l’INSEE a-t-elle produit à partir de ses fichiers nominatifs de décès des analyses et graphiques biaisés ?
Voici un graphique publié par l’INSEE le 26 juin sur son site (ici)
Le pic de mortalité 2020 (en jaune), parait énorme à côté des tracés 2019 et 2018.
Pourquoi ?
L’institut à choisi de prendre un « t0 » (début de la série de données) au 1er mars. A cette date en 2020, la pandémie de covid-19 ne faisait que commencer en France. En revanche, la grippe 2020 se terminait (suivie par le réseau Sentinelles jusqu’à la semaine 11, du 9 au 15 mars), et les grippes précédentes étaient terminées depuis longtemps.
Ci-dessous, nous avons encadré en jaune les périodes utilisées par l’INSEE pour faire ses comparaisons (semaines 10 à 16, en 2017, 2018, 2019 et 2020). Ce choix de faire débuter le graphique au 1er mars aboutit à comparer un pic de mortalité de la covid-19 non pas par rapport aux pics de mortalité des épidémies précédentes de syndromes grippaux, mais à leurs creux ? Cela n’a aucun intérêt
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