Coronavirus : combien de décès à domicile ?
Hier soir, le nombre de décès dus à l’épidémie de Covid-19 a franchi la barre des 10000 victimes. Le point sur la situation qui est fait chaque jour par le Directeur général de la santé prend désormais en compte les personnes décédées dans les hôpitaux, mais aussi dans les Ehpad et autres établissements médico-sociaux.
Et les autres décès?
Toutefois qu’en est-il des autres décès, ceux qui peuvent survenir à domicile? Difficile de savoir avec précision. D’autant que beaucoup de personnes décédées ne sont pas testées au Covid-19. Pour obtenir des estimations, les autorités françaises ont décidé de s’appuyer sur les réseaux de surveillance syndromique (Oscours pour les passages aux urgences, SOS Médecins) et surtout sur l’Insee, chargé de comparer les taux de mortalité 2020 avec ceux des années précédentes.
Taux de mortalité en hausse
L’Institut national de la statistique et des études économiques publie donc désormais le nombre de décès par jour et par département, tel qu’il est obligatoirement transmis par les mairies, et le compare aux années 2018 et 2019. Les chiffres évoluent cependant au fil des déclarations dématérialisées et papier.
Surmortalité en 2018 par rapport à 2019
Au 27 mars, l’Insee avait relevé 44840 décès en France hors Bouches-du-Rhône, contre 39784 sur la même période de 2019 et 44325 en 2018, année où l’épisode de grippe saisonnière avait été particulièrement long, ce qui explique la surmortalité de 2018 par rapport à 2019.
Prudent, l’Insee précise qu’il «n’est pas possible d’imputer systématiquement cet excès de mortalité à l’épidémie de Covid-19, notamment dans les départements où le nombre de décès est relativement faible». Il n’en demeure pas moins que le Haut-Rhin a enregistré entre le 1er et le 23 mars une hausse de 84 % de la mortalité par rapport à 2019, la Corse du Sud de 40 % et les Vosges de 33 %, par exemple.
Il est également relevé que le nombre de décès augmente d’une semaine à l’autre dans les régions les plus touchées par l’épidémie, notamment entre le 21 et le 27 mars par rapport à la période du 14 au 20 mars: pour le Grand Est, +31 % dans le Bas-Rhin, +45 % en Moselle, +54 % en Haute-Marne ; pour l’Ile-de-France, +63% en Seine-Saint-Denis, +47 % dans le Val d’Oise, +36 % dans les Hauts-de-Seine.
Ces taux de mortalité pourront être transformés en chiffres dès lors que l’Insee disposera de l’ensemble des données transmises par les mairies. Ceux actuellement disponible doivent encore être révisés.
Les bulletins de SOS Médecin
D’autres informations sont fournies par le réseau de surveillance syndromique de Santé Publique France, Sursaud, et en particulier par les bulletins d’information de SOS Médecin.
Ainsi celui publié le 3 avril et couvrant la semaine du 23 au 28 mars relève, sur le plan national, une hausse de 33 % (+3034) des actes réalisés pour suspicion de Covid-19, et surtout une augmentation de 23 % des cas de décès chez les personnes âgées de 75 ans et plus, toutes causes confondues.
Seul le croisement de l’ensemble des données permettra d’avoir une estimation du nombre de personnes décédées à leur domicile. Mais encore une fois, en l’absence de tests, même post-mortem (ce qui est possible en Italie), rien ne prouvera que certaines ont bien succombé au Covid-19.
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