Drépanocytose : la thérapie génique, alternative encourageante à la greffe

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 16 décembre 2015 - 13:49
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Une nouvelle étude.
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©Suzanne Plunkett/Reuters
Rien que dans la région Ile-de-France, 12.000 à 15.000 malades souffrent de drépanocytose, une forme d'anémie chronique.
©Suzanne Plunkett/Reuters
Les résultats d'un nouvel essai clinique mené par l'AH-HP et dévoilé mardi sont très encourageants pour les malades atteints de drépanocytose. Il pourrait ouvrir la voie à des traitements moins lourds que les greffes ou transfusions mensuelles actuels.

Un essai thérapeutique mené sur un adolescent, aujourd'hui "en voie de guérison", relance l'espoir d'une alternative à la greffe de moelle pour les patients atteints de drépanocytose, une maladie du sang héréditaire qui touche 50 millions de personnes dans le monde.

"Un patient, atteint de drépanocytose (...), est en voie de guérison grâce à une thérapie génique réalisée à l'Hôpital Necker-Enfants malades, Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), et à l'Institut Imagine", ont annoncé mardi 15 les médecins et chercheurs. La drépanocytose est une maladie génétique extrêmement répandue, et même la plus fréquente en France, qui affecte l'hémoglobine des globules rouges. Elle se manifeste entre autres par une anémie, des crises douloureuses et un risque accru d'infections. Elle réduit aussi l'espérance de vie.

L'essai, réalisé par le professeur Marina Cavazzana, a consisté "à prélever des cellules souches hématopoïétiques (sanguines) dans lesquelles on a introduit une copie normale du gène de l'hémoglobine", a expliqué l'AP-HP. "Les résultats sont plus qu'encourageants et bien meilleurs que prévu", a déclaré à l'AFP le professeur Marina Cavazzana, qui dirige à Necker le département de biothérapie depuis 2003 et le centre Inserm/AP-HP d'Investigation clinique en Biothérapie. Quelques autres essais de ce type ont été menés par d'autres équipes (aux Etats-Unis notamment), mais c'est la première fois qu'il démontre son efficacité avec un certain recul, soit "près d'un an".

"Neuf mois après avoir reçu cette greffe de cellules corrigées (...), le patient se porte bien et produit environ 51,5% d’hémoglobine normale", a-t-elle ajouté. Concrètement, l'adolescent, âgé de 13 ans, n'a plus besoin aujourd'hui de transfusion mensuelle. "Nous sommes tous très enthousiastes de cette avancée. Nous espérons pouvoir traiter dans les mois et les années à venir des centaines de patients en attente de greffe qui ne trouvent pas de donneurs compatibles", a réagi Marina Cavazzana.

La thérapie génique est d'autant plus porteuse d'espoir que la drépanocytose est la maladie génétique héréditaire la plus fréquente au monde. "Apparue indépendamment en Afrique et en Inde, elle touche tout particulièrement les populations de ces régions. Mais les mouvements de populations l’ont rendue en outre très présente en Amérique, surtout aux Antilles et au Brésil, et en Europe de l'ouest", précise l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur son site internet.

Rien que dans la région Ile-de-France, ce sont 12.000 à 15.000 malades qui souffrent de cette anémie chronique. Et, chaque année, plus de 300 enfants naissent en Ile-de-France atteints de drépanocytose, a précisé Marina Cavazzana.

En France, un enfant est atteint pour 1.900 naissances. "Ce chiffre en fait la maladie génétique la plus fréquente", ajoute l'Inserm, relevant une prévalence beaucoup plus importante dans les départements d'Outre-mer (1/419) et en région parisienne (1/874) où se concentrent les populations à risque.

"C'est une maladie dévastatrice qui provoque des douleurs à toutes les minutes de la vie et qui finit par endommager les reins, le cœur, les poumons, le système neurologique, etc.", décrit en outre la chercheuse, malgré une transfusion sanguine mensuelle ou une forme de chimiothérapie. Marina Cavazzana a précisé qu'au total, cinq patients bénéficiaient de cet essai clinique. Et deux autres doivent entrer dans le protocole en 2016.

Ces résultats prometteurs ont été présentés à l'American Society of hematology le 5 décembre et ils devraient également faire l'objet d'une publication dans une revue scientifique courant 2016.

Le professeur Cavazzana avait déjà participé avec succès en 2010 au traitement par thérapie génique d'une autre maladie génétique héréditaire, la thalassémie. Ces recherches aux résultats probants ont d'ailleurs servi de support à l'essai présenté mardi.

L'institut Imagine, associé à cet essai, est le premier pôle européen de recherche, de soins et d'enseignement sur les maladies génétiques. Le laboratoire américain Bluebird Bio (anciennement Genetix Pharmaceuticals) est quant à lui promoteur de cet essai clinique, a précisé l'AP-HP.

 

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