Hôpitaux "sous tension" et décès aux urgences : le système de santé à l'agonie ?
Le modèle des hôpitaux français est-il en train de lâcher? La question se pose après une série de cas de patients pris en charge aux urgences après de longues heures d'attentes et qui n'ont pas survécu ces dernières semaines. Des cas dont la proximité pourrait apparaître comme le fruit du hasard si autant d'hôpitaux ne se déclaraient "sous tension".
Après des décès à Rennes, Reims ou Lyon, le ministère de la Santé a reconnu le 16 mars dernier que 97 établissements sur 650 - publics ou privés - sont actuellement en "dispositif «hôpital sous tension»", c'est-à-dire font face à "une situation critique de prise en charge des urgences hospitalières sans pour autant être amenés à déclencher le plan blanc" réservé aux situations d'afflux exceptionnel de patients.
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Mais d'exceptionnel en ce mois de mars, il ne semble y avoir sur le plan purement pathologique que l'épidémie de grippe, qui dure cette année mais apparaît cependant moins virulente et est en fin de parcours. Une épidémie qui ne semble pas à elle seule justifier de tels débordements.
Pour de nombreux professionnels de santé, la situation serait donc symptomatique d'un modèle de santé et de l'hôpital arrivé au bout de ses capacités. Report sur les urgences faute de médecins de ville, vieillissement de la population (les personnes âgées sont de loin les premières victimes de l'épidémie de grippe), déficit accru et donc moyens limités. Un état de fait auquel l'hôpital français ne se serait pas encore adapté.
"Ça va mal de partout", résume Christophe Prudhomme, porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France (Amuf), qui réclame "plus de personnels et plus de lits" car le nombre de passages aux urgences ne cesse d'augmenter: plus de 20 millions en 2016, contre 18 millions en 2011 et 14 millions en 2002.
Le gouvernement affiche une position pragmatique, promettant une refondation en profondeur du système de santé. "Le temps des rafistolages est révolu", avait déclaré Edouard Philippe en février dernier, promettant une "transformation du système de santé" et une rallonge de100 millions d'euros annuel.
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