La pharmacie et la maïeutique en manque d'étudiants

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France-Soir
Publié le 06 septembre 2023 - 18:45
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DÉPÊCHE — Depuis la réforme des études de santé en 2020, si les étudiants ont été nombreux à s'inscrire en médecine, les filières pharmaceutique et maïeutique peinent à trouver des candidats. Les associations s'alarment d'un taux de remplissage nettement inférieur aux places disponibles, craignant une importante crise pour les années à venir.

Qu'a changé la réforme ?

La réforme a supprimé la fameuse "première année commune aux études de santé (PACES)", qui était un passage obligatoire quel que soit l'objectif visé. Désormais, les étudiants postulent en PASS ou en L.AS : dans le premier cas, il s'agit d'une formation "accès santé" avec une matière différente en mineure ; dans le second, il s'agit d'une licence avec une majeure qui n'est pas du domaine de la santé, et une mineure "accès santé". L'idée étant d'attirer des profils plus variés qu'avant.

Aussi, l'entrée en filière MMOP (Médecine, Maïeutique, Odontologie et Pharmacie) en deuxième année ne se fait plus sur concours, mais selon les résultats globaux de la formation PASS ou L.AS — donc pas uniquement dans les matières scientifiques/santé.

Enfin, le numerus clausus a été remplacé par le numerus apertus, davantage contrôlé par les universités en fonction de leurs places.

À la rentrée 2021, L'Étudiant rapportait quelque 45.000 étudiants inscrits en PASS ou L.AS. Un bon point pour la réforme, donc, qui a motivé de nombreux candidats.

Mais une fois qu'il faut choisir entre médecine, maïeutique (sage-femme), odontologie (dentiste) et pharmacie, deux des quatre l'emportent largement. En effet, la maïeutique et la pharmacie s'inquiètent du faible taux de candidats. "À la rentrée 2022, on avait déjà près de 20 % de places vacantes en maïeutique, et ça pouvait monter jusqu’à 37 % en Île-de-France !", déplore Loona Mourenas, porte-parole de l’Association Nationale des Étudiants Sages-Femmes (ANESF). Idem pour la pharmacie, qui accusait un déficit d’étudiants de 30 % (l'équivalent d'un millier de places à l’échelle nationale).

Comme le rapporte Le Parisien, certains accusent la réforme, qui offre systématiquement une porte de sortie aux étudiants qui échouent à l'entrée en MMOP. "Avant la réforme, un étudiant qui échouait en première année redoublait, et était éventuellement redirigé vers les filières où il restait de la place. Un choix par défaut, certes, mais qui formait des professionnels", explique Loïc Josseran, doyen de l’UFR Simone Veil à l’Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

Pour d'autres, c'est simplement un manque de reconnaissance des filières, ou de communication sur les débouchés possibles. "Il y a une espèce de sacralisation de la médecine, il y a beaucoup de fantasmes, qui sont notamment nourris par les séries où on voit seulement des médecins ou des chirurgiens sauver les patients. En réalité, les professions médicales sont très diverses ! On peut très bien fabriquer des prothèses et sauver la vie de quelqu’un, il n’y a pas que la filière médecine qui a ce monopole", abonde M. Josseran.

Un étudiant en cinquième année de pharmacie à Nancy témoigne des cours "passionnants" qu'il a pu y trouver, soulignant que cela pourra le mener en laboratoire, dans l’industrie pharmaceutique, ou encore à l’hôpital, et non seulement en officine. Même défense pour la maïeutique : "Les organismes de prépas privés nous font du tort, parce qu’ils laissent penser que médecine est la meilleure filière. Beaucoup des compétences des sages-femmes ne sont pas connues du grand public : le suivi gynécologique, la vaccination…", défend Loona Mourenas.

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