Le challenge infectieux, un dilemme éthique et scientifique

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FranceSoir
Publié le 31 juillet 2020 - 11:41
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Plusieurs affaires de vaccins infantiles défectueux ont déclenché la colère de l'opinion depuis l'an passé
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Infecter volontairement des patients : c'est le principe du challenge infectieux
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Pour faire avancer la recherche sur le vaccin contre le coronavirus, certains groupes pharmaceutiques proposent d’inoculer le Sars-Cov-2 à des personnes non infectées.
 
Ces personnes seraient des volontaires, qui prennent le risque de développer une forme grave de la Covid-19 en échange de quelques milliers d’euros. La méthode, déjà pratiquée avec d’autres virus, porte un nom, le challenge infectieux, mais elle n’a plus cours depuis les années 1970.
 
Gagner du temps sur le vaccin
 
Pour les géants de l’industrie pharmaceutique qui prônent cette solution, l’objectif est clair. Il s’agit d’accélérer la mise au point du vaccin, en particulier la dernière phase des essais cliniques, qui est aussi la plus longue. 
 
Afin de vérifier l’efficacité du vaccin, le virus est donc inoculé à des patients sains, à un dosage jugé optimal. Les patients sont ensuite divisés en deux groupe, le premier reçoit le vaccin et le second un placebo. Les chercheurs étudient ensuite leurs réponses immunitaires et l’efficacité dudit vaccin.
 
Dans une lettre adressée au directeur des Instituts américains de la santé (NIH), 153 scientifiques, dont quelques prix Nobel, défendent cette approche, arguant que :
 
« Les essais sur l’homme peuvent fournir des informations beaucoup plus rapidement que les essais d’efficacité conventionnels, qui prennent des mois de plus »
 
Et les chercheurs, médecins et autres professeurs de souligner qu’au lieu « d’attendre d’attraper un virus, les volontaires sont délibérément exposés au pathogène dans des conditions contrôlées ». Ils précisent cependant une liste de précautions (volontaires jeunes et en bonne santé, soins médicaux de la plus haute qualité…) qui, à leurs yeux, rendrait ce challenge infectieux « éthique ».
 
Des voix s’élèvent
 
Ethique, le mot est lâché. Même si le site internet qui défend l’initiative affiche ce vendredi 31 juillet 32665 volontaires de 140 pays au compteur, la question est bien au cœur du projet américain. Infecter une personne – et donc la rendre malade – va à l’encontre de l’objectif premier de la médecine, soigner.
 
Les scientifiques qui s’opposent au challenge infectieux rappellent ce principe, mais aussi le fait que les connaissances sur le Sars-Cov-2 sont encore limitées et que les risques sont grands, non seulement de développer une forme grave de la Covid-19, mais encore d’avoir des séquelles et ce sans aucun traitement possible.
 
« L’infection peut endommager de façon permanente le cœur, les poumons, le cerveau et les reins, chez les jeunes comme chez les personnes âgées »
Ancien professeur de médecine à Harvard, William Haseltine fait partie des plus farouches opposants au challenge. De plus, alors que l’OMS juge, sans émettre d’interdiction absolue, qu’il serait nécessaire d’imposer des critères très stricts, ces mêmes critères, dont la jeunesse des participants, rendrait de facto chaque essai non représentatif.
 
En France, le débat semble mort-né – mais sait-on jamais. Pour des raisons « à la fois éthiques et scientifiques », le conseil scientifique a déjà émis un avis défavorable au recours au challenge infectieux. 
 

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