Malformations foetales : Marisol Touraine demande une enquête sur le Dépakine
La ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé ce mardi avoir saisi l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) afin d’ouvrir une enquête sur le Dépakine, un médicament antiépileptique à base de valproate de sodium trop souvent administré aux femmes enceintes alors qu’il comprend pourtant des risques pour le fœtus. En parallèle, elle a demandé à l’Agence du médicament (ANSM) et à l’Assurance maladie de recenser les enfants qui furent exposés in vitro et souffrent aujourd’hui de malformations et de troubles neuro-comportementaux.
L’IGAS, qui remettra son rapport au mois de septembre, a pour mission de "reconstituer la succession des événements" et "d'analyser les mécanismes de prise de décision en tenant compte de l'évolution des connaissances scientifiques, des éléments issus de la pharmacovigilance, des décisions intervenues dans d'autres pays, notamment européens, et des conditions d'utilisation de ce médicament", rapporte Le Figaro, qui a dévoilé l’information.
Commercialisé en France par le laboratoire Sanofi depuis 1967, le Dépakine est accusé depuis 1982 d’avoir des effets indésirables sur le fœtus, comme des malformations ou encore des troubles neuro-comportementaux. Mais ce n’est qu’en 2015 que les autorités ont alerté le grand public.
En mai dernier, l’ANSM a en effet rappelé le "risque élevé de malformations congénitales" lié au valproate et annoncé de nouvelles données disponibles confirmant que les enfants exposés dans le ventre de leur mère présentaient un risque accru de troubles neuro-développementaux. En effet, 30 à 40% de ces enfants présentent des retards de développement, au niveau de la parole ou de la marche, au cours de leurs premières années. Ils ont également trois fois plus acde risques de souffrir de troubles de type autisme.
L'ANSM a décidé alors de renforcer les conditions de prescrition conernant les médicaments contenant du valproate. Ces dernier "ne doivent pas être prescrits chez les filles, les adolescentes, les femmes en âge de procréer et les femmes enceintes, sauf en cas d'inefficacité ou d'intolérance aux alternatives médicamenteuses", est-il ainsi écrit sur son site.
Mais c'était déjà bien trop tard, pour le député socialiste spécialiste des questions de santé Gérard Bapt qui, en juin, a accusé le Dépakine d’avoir été responsable entre 2006 et 2004 d’au moins 370 malformations à la naissance en France. Selon l'ancien président de la mission parlementaire sur le scandale du Mediator, "une meilleure surveillance des résultats de pharmacovigilance et de veille scientifique aurait, depuis des années, permis d'éviter des centaines de drames familiaux".
Car, à l’heure actuelle, dans l’Hexagone 135.000 femmes en âge de procréer sont toujours sous Dépakine.
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