Pénuries de médicaments : l’étude alarmante (et cinglante) de l’UFC-Que Choisir

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FranceSoir
Publié le 09 novembre 2020 - 13:27
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Face aux nombreuses pénuries de médicaments et aux réponses jugées déficientes des laboratoires, l'association UFC-Que Choisir réclame des mesures à l'Etat en publiant une étude sur le sujet7.
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
2400 médicaments en rupture de stock en 2020, prévoit l'ANSM
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2400 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur devraient connaître ou avoir connu une rupture de stock en 2020, selon l’ANSM. L’UFC-Que Choisir publie ce lundi une enquête édifiante sur le sujet.
 
Et elle n’a rien de réjouissant, d’autant que ces pénuries concernent d’abord des médicaments pour lesquels « une interruption de traitement peut être susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients », pour reprendre la définition officielle. 
 
Quels médicaments en rupture de stock ?
 
Antibiotiques, antidouleurs, traitements contre le cancer, la maladie de Parkinson ou l’endométriose… La liste des médicaments qui ont été ou sont en rupture de stock a été passée au crible par l’UFC-Que Choisir.
 
Faut-il s’étonner du résultat ?
 
« Les pénuries se concentrent sur les médicaments les moins rentables, quand ceux vendus à prix d’or sont épargnés »
 
Ainsi au 15 juillet 2020, sur 140 médicaments en rupture de stock ou en difficulté d’approvisionnement, 75% datent d’au moins 20 ans et la même proportion coûte moins de 25€. Dans le même temps, plus de la moitié sont jugés indispensables. 
 
Pourquoi de telles pénuries de médicaments ?
 
L’association de consommateurs s’est penchée sur les raisons de ces pénuries. Elles sont multiples, mais dans 37% des cas, elles s’expliquent par des difficultés d’approvisionnement en principes actifs. 
 
L’UFC-Que Choisir, qui rappelle que 80% du volume de ces principes actifs sont désormais produits hors Europe (contre 20% il y a 30 ans), estime que 
 
« La récurrence de ces difficultés est la conséquence des choix économiques des industriels à la recherche du moindre coût dans leur chaîne de production »
 
Autre chiffre inquiétant, 23% des pénuries sont dus à des incidents de production, ce qui soulève au passage la question de la qualité. 16% résultant d’un arrêt de commercialisation, « cause parfaitement prévisible par les industriels et liée à leur manque d’intérêt économique pour certains médicaments ».
 
Les laboratoires proposent-ils des solutions ?
 
En situation de pénurie, les industriels sont censés apporter des solutions, ce qu’ils font dans 37% des cas, selon l’UFC-Que Choisir, « en mettant sur le circuit français des produits initialement destinés à alimenter d’autres pays ».
 
Pour le reste, et donc la grande majorité, les solutions ne sont pas jugées acceptables par l’association : par exemple une alternative thérapeutique (30%), « qui peut être moins adaptée ou présentée des effets secondaires importants ». 
 
Surtout, pour 18% des pénuries, les industriels du médicament ne proposent tout bonnement aucune solution. 
 
Et l’Etat français dans tout ça ? 
 
« Devant les comportements délétères des laboratoires, les pouvoirs publics doivent sortir de leur complaisance »
 
L’enquête de l’UFC-Que Choisir n’épargne pas les pouvoirs publics, dénonçant des « insuffisances dans les plans de gestion des pénuries (PGP) », l’absence de stocks suffisant de médicaments et une certaine clémence vis-à-vis des laboratoires. 
 
L’association relève ainsi qu’en 2019, année où 1200 médicaments ont été en rupture de stock, seulement deux sanctions ont été prononcées par l’ANSM. Et quelles sanctions ! Des amendes de 830€ pour Sandoz et 5807€ pour Pfizer…
 
Face à cette situation l’UFC-Que Choisir défend plusieurs demandes et propositions : 
  • Une obligation pour les laboratoires de constituer des stocks suffisants
  • Le renforcement des sanctions envers les laboratoires négligents
  • Le développement d’une production publique de médicaments 
Et à l’heure où l’on parle effectivement de relocalisations de productions encouragées par la puissance publique (via des subventions), l’association souligne la nécessité de prioriser les MITM :
 
« Tout financement public doit favoriser les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, anciens et régulièrement touchés par les pénuries, et en aucun cas servir de subvention aux médicaments récents, très chers et déjà largement produits en Europe »
 
Pour lire l’intégralité de l’enquête : https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-penuries-de-medicaments-devant-la-responsabilite-criante-des-laboratoires-les-pouvoirs-publics-doivent-sortir-de-leur-complaisance-n84943/
 

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