Superbactéries : l'ONU se mobilise pour une meilleure consommation d'antibiotiques
La question des superbactéries inquiète au point que l'ONU s'est penchée sur le sujet mercredi 21 au cours d'une réunion spéciale. La première jamais convoquée sur le sujet et seulement la quatrième consacrée à une question de santé dans l'histoire de l'organisation.
Car derrière ce terme qui fait penser à un film catastrophe se cache un enjeu sanitaire mondial, celui de bactéries de plus en plus résistantes aux antibiotiques, et donc potentielles sources d'épidémies incontrôlables.
"La résistance antimicrobienne pose une menace fondamentale sur le long terme à la santé humaine, la production durable de nourriture et au développement. (...) Nous sommes en train de perdre notre capacité à protéger tant les humains que les animaux d'infections mortelles"", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.
Les termes sont alarmistes, et pour cause. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à ce rythme, les superbactéries pourrait causer la mort de 10 millions de personnes par an à l'horizon 2050. Et déjà, elles seraient selon les estimations de l'ONU à l'origine de 700.000 décès chaque année dans le monde (dont 23.000 rien qu’aux Etats-Unis).
"Si on continue comme ça, une banale maladie comme la gonorrhée deviendra incurable. Vous irez chez le médecin et le docteur sera obligé de vous dire, +désolé, je ne peux rien faire pour vous+", a mis en garde durant la réunion Margaret Chan, directrice de l'OMS. Déjà des formes de typhoïde, de tuberculose ont montré une résistance particulière.
La raison pour laquelle de telles bactéries se sont développées est pourtant connue depuis des décennies: une utilisation massive des antibiotiques sans justification, d’une part à cause d’abus dans des traitements où inutiles, d’autre part du fait de l’utilisation de ces derniers dans l’agriculture pour soigner les bêtes voire les faire grossir plus vite, ce qui entraîne une présence de traces de molécules anti-bactériennes dans la viande, le poisson d'élevage, voire dans de l’eau. Les bactéries s'y adaptent donc.
La réunion n'a pour l'instant accouché que de déclarations d'intentions. A savoir que les Etats mettent en place des plans d'actions afin de mieux recenser le développement de ces bactéries, mais aussi de surveiller la quantité d’antimicrobiens utilisée chez les êtres humains, les animaux et sur les cultures. Médecins, consommateurs et laboratoires pharmaceutiques sont également appelé à travailler à une consommation plus résonnée des antibiotiques.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.