Une étude française démontre la toxicité des gaz lacrymogènes

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FranceSoir
Publié le 29 juin 2020 - 20:23
Mis à jour le 30 juin 2020 - 11:55
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Heurts entre manifestants et forces de l'ordre, et jets de gaz lacrymogènes en marge du défilé du 1er mai à Paris
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© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
Utilisé dans le maintien de l'ordre en France, le gaz lacrymogène peut se révéler très dangereux pour la santé
© Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
Largement utilisé dans le maintien de l’ordre des manifestations, le gaz lacrymogène (CS) se révèle dangereux pour la santé lorsqu’il est inhalé à doses répétitives, comme ce fut le cas durant les dix-huit mois du mouvement de Gilets jaunes ou la contestation contre la réforme des retraites. 
 
C’est la conclusion d’un rapport de 127 pages cosigné par le docteur en biologie Alexander Samuel et le président de l’Association Toxicologie-chimie de Paris, André Picot, par ailleurs directeur de recherches honoraire du CNRS. La préface, « Partir du réel », se présente sous la forme d’un témoignage du député de la Haute-Garonne et doctorant en sciences sociales Sébastien Nadot. 
 
Du cyanure dans l’organisme
 
L’étude menée par Alexander Samuel et son équipe de bénévoles a nécessité plus d’une année de travail, sur le terrain comme dans les méandres des publications scientifiques du monde entier. Largement documentée, elle démontre que les effets des lacrymogènes dépassent largement leur seule vocation irritante, parvient à la conclusion que « le gaz CS (ndlr : lacrymogène) provoque un effet irritant pouvant entraîner des dommages susceptibles de devenir irréversibles au niveau des yeux, de la peau, des poumons et du tractus gastro-intestinales ». 
 
Elle explique la libération de molécules d’anion cyanure lors de la métabolisation du gaz lacrymogène dans l’organisme. Une exposition à long terme et de façon répétitive, poursuit le rapport, impacte des « constituants essentiels de l’organisme » et constitue un « facteur de risque important », y compris pour le cerveau, la thyroïde et le système cardio-vasculaire. 
 
« L’augmentation du recours à ces armes chimiques dites « moins létales » dans des proportions de plus en plus importantes et sans règles bien encadrées juridiquement entraîne une exposition à risque pour les personnels équipés de ces armes, les manifestants et bien entendu la population habitant les quartiers exposés »
 
Dénoncé comme un « gaz toxique »
 
Corrigé et validé par une sommité, André Picot, le « dossier d’information » d’Alexander Samuel est le premier du genre en France. Ce n’est cependant pas la première fois que des scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur la dangerosité des gaz lacrymogènes. 
 
L’ONG américaine Physicians for Human Rights (PHR) avait déjà dénoncé plusieurs dizaines de décès liés à l’inhalation de gaz lacrymogènes à Bahreïn lors du soulèvement populaire de 2011. Les gaz, dont certains de fabrication française, étaient utilisés non seulement dans la rue, mais plus encore dans des habitations. PHR n’hésite pas, dès lors, à parler de « gaz toxique ».
 
« Yaseen, 14 ans, aurait succombé à l’inhalation de gaz lacrymogènes après que les forces de sécurité ont lancé trois grenades dans sa maison »
 
Dix-huit ans plus tard, l’utilisation dans des espaces confinés a été de nouveau constatée - et dénoncée - par PHR, cette fois lors de la vague de manifestations de 2019 à Hong-Kong. 
 
L'intégralité du dossier d'information français a été publié sur le site de l'Association Chimie-Toxicologie. Il est à lire ici : http://www.atctoxicologie.fr/actualites/160-le-gaz-lacrymogene-cs-effets-toxiques-a-plus-ou-moins-long-terme.html

 

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